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Reportage | | 11/07
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Damien, surveillant à la prison à Fresnes, dans les starting-blocks pour le défilé du 14 juillet

Damien, surveillant à la prison à Fresnes, dans les starting-blocks pour le défilé du 14 juillet © CH

Jeux olympiques obligent, le défilé du 14 juillet se tiendra cette année avenue Foch et non sur les Champs-Élysées. Une première depuis 1919. Damien, surveillant pénitentiaire stagiaire à la prison de Fresnes, y participera pour la deuxième fois. Ce mercredi, c’était la répétition générale. Ambiance.

Le moment est solennel. Comme un seul homme, 2 000 participants au défilé du 14 juillet se mettent au garde à vous sous le soleil de plomb de ce mercredi. Le général de brigade Éric Chasboeuf, général adjoint engagements (GAE) de la zone de défense et de sécurité de Paris et adjoint du gouverneur militaire de Paris, commence à les passer en revue. En tout, ils seront 4 000 femmes et hommes, appartenant aux 39 corps des troupes à pied placées sous son commandement, à défiler dimanche. Depuis une semaine, ils s’entrainent sur l’un des nombreux terrains militaires de Satory (Yvelines), près de Versailles, pour préparer la traditionnelle parade militaire de la fête nationale.

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Le général de brigade Chasboeuf passe les troupes en revue.

L’exigence des autorités militaires est exceptionnelle

Parmi eux, Damien, est l’un des 52 agents de l’administration pénitentiaire qui ont rejoint Satory samedi, après déjà deux semaines de préparation à Agen, où est situé le siège de l’Enap (Ecole nationale de l’administration pénitentiaire). Le jour J, 49 d’entre eux descendront l’avenue Foch, où est délocalisé le défilé en raison des Jeux olympiques de Paris 2024. À 32 ans, Damien occupe le poste de surveillant stagiaire au centre pénitentiaire de Fresnes depuis août 2023. “Il n’y a pas de plus grand honneur que de défiler pour le 14 juillet parce qu’il y a toutes les autorités françaises et parce que c’est tout simplement une fierté personnelle“, glisse-t-il avant de reintégrer le rang. Le stress est palpable. Le chef de corps du peloton, Stéphane Raberin, vient dispenser ses derniers conseils avant une première répétition grandeur nature.

L’exigence des autorités militaires est exceptionnelle. Depuis que l’administration pénitentiaire participe au défilé militaire, en 2016, je n’ai jamais vu un tel niveau d’attente. Avec les JO, ce défilé est aussi la vitrine de la France. Tout doit être parfait“, observe Philippe Claerhout, responsable de la communication de l’Enap. Cet après-midi, les 2 000 défilants répéteront à deux reprises devant le général de brigade Éric Chasboeuf qui contrôlera leur marche synchronisée et, surtout, la manière dont les pelotons “se cassent” en deux à seulement 5 mètres de la tribune présidentielle et entament un virage à 180°degrés à seulement un mètre des tribunes officielles. Tout est filmé par caméra fixe et drones. Le moindre bras cassé est relevé et sanctionné.

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49 agents de l’administration pénitentiaire défileront dimanche 14 juillet

On pourrait le faire deux, trois ou dix fois, il y a toujours ce frisson

C’est beaucoup de travail, les manips ne sont pas les mêmes. Cette année, l’exercice est plus compliqué. Contrairement au défilé traditionnel des Champs-Élysées, on ne passe qu’à quelques mètres de la tribune présidentielle. Donc, la pression est constante“, confie Damien qui sait de quoi il parle. Ce 14 juillet, il participera pour la deuxième fois au défilé. La première remonte à 2016, année de la première participation de l’Enap. À l’époque, il était engagé du service militaire volontaire (SMV). “On pourrait le faire deux, trois ou dix fois, il y a toujours ce frisson“, signale-t-il. Pour lui, la pression reste d’autant plus grande qu’il est le seul stagiaire du peloton. À ses côtés, il y a des officiers, des agents des Eris (équipes régionales d’intervention et de sécurité) qui forment le corps d’élite de la sécurité pénitentiaire. Il y a aussi des ELSP (équipes locales de sécurité pénitentiaire) qui procèdent notamment à des extractions médicales ou judiciaires (pour les courtes distances) ou encore des Prej (pôle de rattachement des extractions judiciaires). Les participants viennent des 11 directions interrégionales. “Il y a des capitaines, des chefs… mais, ici, on est tous des surveillants, on se tutoie pour justement consolider notre cohésion“, remarque Damien.

En tout, 121 dossiers de candidatures ont été reçus par la “mission 14 juillet”. Pour l’administration pénitentiaire, participer permet de mettre en avant la diversité des métiers et des parcours de carrière. D’ailleurs, souligne Philippe Claerhout, “il faut savoir que les 44 000 agents de l’administration pénitentiaire forment la 3ème force de la sécurité intérieure. Pour les quelque 180 000 personnes qu’ils prennent en charge, 70 000 environ sont détenues en milieu fermé. Les autres sont suivies en milieux ouverts, comme, par exemple, les personens assignées à résidence avec bracelet électronique.”

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Sébastien Cauwel rencontre les agents de l’administration pénitentiaire après une première répétition du défilé.

“L’uniforme, tout le monde peut le porter, mais tout le monde n’est pas capable de supporter la pression quotidienne

Si c’est une publicité à la télévision qui l’a amené à s’engager comme surveillant, Damien a déjà une longue carrière dans la sécurité. “Ça fait dix ans que je porte des uniformes. Un an au SMV (Service miliaire volontaire), trois ans au 2ème Rima (régiment d’infanterie de marine) et six ans dans la sécurité privée. J’ai toujours eu ce goût du dépassement de soi. Je me suis donc lancé ce défi pour voir si j’en étais capable, ce qui est le cas. L’uniforme, tout le monde peut le porter, mais tout le monde n’est pas capable de supporter la pression quotidienne“, relate-t-il.

Lire : À la prison de Fresnes, le bâtonnier et le député témoins de la vétusté et de la surpopulation

De fait, les surveillants pénitentiaires travaillent dans des conditions parfois difficiles. À Fresnes, la plus ancienne prison de France, le contexte de surpopulation carcérale est accentué par la vétusté des lieux. Des difficultés que Damien relativise tout en balayant certains clichés de la profession. “On ne fait pas qu’ouvrir et fermer des portes. Le panel de nos missions est extrêmement large. On accompagne les détenus voir leur avocat, on encadre leurs activités sportives, les sorties en promenade“, explique-t-il.

J’ai la chance de travailler avec les mêmes détenus et les mêmes collègues parce que je suis en brigade. Mais, on aura beau avoir en charge les mêmes détenus pendant plusieurs années, on est à l’abri de rien. Il faut s’efforcer de se remettre en question, de ne jamais rien prendre pour acquis et de faire toujours preuve de discipline et de rigueur“, souligne-t-il. Pour lui, la dimension humaine de ses missions est primordiale. “On doit faire attention aux attitudes. Une personne qui est d’habitude plutôt nerveuse et qui devient tout d’un coup très calme, ça nous interpelle toujours“, indique-t-il. “Ce n’est pas un métier à la portée de tout le monde. Il faut être solide psychologiquement et vraiment donner de sa personne“.

De retour de la première répétition, Sébastien Cauwel, le directeur de l’administration pénitentiaire, est venu les rassurer. “Tout va bien se passer“, leur lance-t-il. Ce jeudi, les troupes à pied continueront leur entrainement à Satory. Damien peut souffler. “Il y a encore des réglages à faire, mais ça c’est bien passé“, sourit-il, avant de partir se préparer pour la seconde répétition de la journée.

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