Les vendeurs de cigarettes, qui alpaguent habituellement les passants aux cris de “Marlboro, cigarettes, cinq euros !”, se sont faits discrets ce lundi après-midi, à la sortie du métro Aubervilliers-Pantin-Quatre Chemins. À leur place, un collectif de buralistes d’Ile-de-France est venu sensibiliser les passants à ce trafic de clopes délétère pour le business. Toute la journée, ils ont sillonné l’est parisien.
“Ils ont juste reculé de quelques mètres, attendez qu’on parte et ils reviendront dans la minute”, commente un agent de police venu encadrer l’opération à Aubervilliers. La police interpelle plusieurs vendeurs par jour à ce carrefour, symbole d’un trafic qualifié de “désastre économique” par les buralistes.
80 points de deal de cigarette identifiés en Ile-de-France
Ces dernières années, le trafic de tabac a pris des proportions gigantesques dans l’Hexagone avec pas moins de 649 tonnes de cigarettes saisies en 2022, soit un bond de 61% par rapport à 2021 et de 125% en deux ans. “On a sélectionné huit des 80 points de deals identifiés sur la région pour essayer de sensibiliser le public à ne pas acheter de tabac de contrebande ou de contrefaçon”, explique Philippe Alauze, président de la chambre syndicale d’Ile-de-France. Il accompagnait les 50 buralistes qui se sont déplacés en car lundi pour réaliser une boucle reliant la station de métro Kremlin-Bicêtre au métro Créteil-Préfecture.
Lire aussi notre reportage : Bobigny : le ras-le-bol des habitants et élus face au trafic de cigarettes
À chaque hausse des prix, les ventes sous le manteau progressent
“Plus le prix du tabac augmente, plus le trafic se développe”, poursuit celui qui est aussi buraliste à Maison-Alfort, en Val-de-Marne, faisant référence aux nouvelles hausses de 40 à 50 centimes du prix du paquet de cigarettes en moyenne qui ont eu lieu début 2024. De quoi pousser le prix de certains paquets, comme les Marlboro Red, à 12,5 euros. Soit plus du double des paquets de fausses Marlboro vendues à la sauvette à ce carrefour séparant deux des communes parmi les plus pauvres de France.
Une hausse du prix du paquet qui fait baisser les ventes de cigarettes d’année en année – 8% en moins en 2023 par rapport à 2022 selon les Douanes – mais qui ne fait pas moins fumer les Français pour autant. Selon les dernières données de Santé Publique France, en 2022, plus de trois Français sur dix âgés de 18 à 75 ans fumaient (31,8%). Ils étaient même un quart à le faire quotidiennement (24,9%), soit près de 12 millions de personnes. Des chiffres stables depuis 2019.
Olivier Gomis, patron d’un bar-tabac à Mantes-la-Jolie, est convaincu que si les Français fument toujours autant mais achètent moins de cigarettes, c’est qu’ils se fournissent ailleurs. “Je vois des faux paquets sur mon comptoir tous les jours !” peste celui qui affirme voir les vendeurs à la sauvette proposer des cigarettes illégales à ses clients avant qu’ils entrent dans son bureau de tabac.
Des ventes à la sauvette qui “ont les mêmes nuisances qu’un trafic de drogue pour les habitants du quartier”, selon Geoffrey Carvalhinho, conseiller régional LR d’Ile-de-France. “C’est devant cette station de métro qu’un policier a dû faire usage de son arme suite à une altercation entre vendeurs en novembre dernier”, raconte l’élu. “Tous les habitants veulent quitter le quartier pour cette raison”, poursuit celui qui appelle à lutter sur le terrain contre les conséquences de la hausse du prix du paquet de cigarettes.
Lire aussi :
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.