Le recueillement a fini par céder le pas à la colère : plusieurs centaines de personnes ont participé jeudi à la marche blanche en hommage à Wanys, 18 ans, tué la semaine dernière dans une collision avec une voiture de police à Aubervilliers.
Organisé par la famille, le cortège est parti peu après 16H30 de la mairie de La Courneuve, ville dont était originaire le lycéen de terminale. Il a abouti, deux heures et deux kilomètres et demi plus tard, sur les lieux de la collision sur une artère d’Aubervilliers avant de se disperser dans le calme.
Parti dans le silence du deuil, le cortège a fini par laisser exploser sa colère contre les forces de l’ordre en criant dans les rues, poings levés, “police, assassins” ou “justice pour Wanys”. La marche s’est achevée par un moment de recueillement à l’endroit où le jeune homme a perdu la vie, marqué par quelques fleurs au pied d’un lampadaire.
“Il faut arrêter les bavures policières, il y en a beaucoup en ce moment”, lâche un habitant de La Couneuve, la vingtaine; fustigeant les “discriminations” de la police en Seine-Saint-Denis et appelant à changer les “procédures” de courses-poursuites. “Ça peut arriver à tout le monde, à tout petit jeune de quartier. Mais quand ça arrive à un pote, ça fait encore plus mal”, confie cet ami d’un frère de Wanys.
“Mon petit frère a été tué par la police“
Face à une nuée de caméras, le frère aîné du défunt a pris la parole juste avant le début de la marche. “Mon petit frère a été tué par la police, c’est cette police qui a décidé de lui ôter la vie injustement”, accuse jeune homme, visage masqué sous des lunettes de soleil, casquette et masque chirurgical noirs.
“Nous ne cherchons que la justice. Pas de violence, pas de débordement, ni de buzz.”
Comptant des adolescents en nombre, la foule a marché derrière une banderole réclamant “Justice pour Wanys et Ibrahim”, prénom du passager qui se trouvait sur le scooter conduit par le jeune décédé.
T-shirt blanc sur les épaules, Taïf, 17 ans, était scolarisée dans le même établissement que Wanys. “Les policiers ont banalisé (le fait) de tuer les gens comme ça, les jeunes”, estime la lycéenne. “On n’a jamais de justice pour les morts”, abonde une de ses amies.
Dimanche soir, quatre jours après la mort de Wanys, plusieurs dizaines d’individus ont tiré des mortiers d’artifice et jeté des projectiles sur le commissariat de La Courneuve. Sur les neuf interpellés au cours de cette attaque, qui n’a pas fait de dégâts ni de blessures majeurs, six personnes dont deux mineures seront jugés en procès, a indiqué jeudi le parquet de Bobigny.
Le 13 mars en début de soirée, un scooter monté par les deux jeunes de La Courneuve était poursuivi par la police après un refus de contrôle. Dans une avenue d’Aubervilliers, le deux-roues a été heurté par un véhicule d’une brigade anti-criminalité (BAC) appelé en renfort, qui arrivait en sens inverse. Une vidéo largement relayée sur internet montre la voiture de police faire un brusque écart lorsqu’un véhicule est sorti d’un bas-côté devant lui et s’est retrouvé sur sa trajectoire. Elle s’est déportée alors sur la voie de circulation inverse où elle a percuté le scooter arrivant à cet instant en face. Dans le choc, le conducteur Wanys R. a été tué et son passager blessé. Selon la version des policiers et les premiers éléments de l’enquête communiqués par le parquet, la collision relève de l’accident, mais la famille de la victime accuse les forces de l’ordre d’avoir “volontairement” percuté le scooter.
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