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Festival | Ile-de-France | 10/01
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De la Louisiane au Japon, du folk au rap : les jazz de Sons d’hiver débarquent en Val-de-Marne

De la Louisiane au Japon, du folk au rap : les jazz de Sons d’hiver débarquent en Val-de-Marne © Laura Partain

Les explorateurs de la planète jazz rappliquent en Val-de-Marne. Du 19 janvier au 10 février, le festival Sons d’hiver va donner de la voix et de tous les instruments dans 17 scènes du département, et de Paris. Ambiance avec Fabien Simon, directeur du festival.

La chanteuse et violoncelliste Leyla McCalla, qui réinvente le jazz de la Nouvelle-Orléans, teinté de l’Haïti de son enfance, le facétieux Otomo Yoshihide, guitariste électrique japonais, Béla Fleck, roi de la blue grass, la voix puissante de Rhiannon Giddens, Marc Ribot, qui vient fêter ses 70 ans, et encore l’explosive rapeuse franco-péruvienne Billie Brelok… La nouvelle édition s’annonce joyeusement éclectique, avec un gros cap vers le sud des États-Unis.

Explorer tous les champs jazzistiques, des musiques traditionnelles au hip-hop en passant par le blues, le folk, le rap, tel est le sillon creusé par le festival Sons d’hiver. Parce que “le jazz est une musique mondiale qui permet la rencontre entre les esthétiques et les cultures”, défend Fabien Simon, directeur du festival. Un spectre large mais cohérent. “Le jazz japonais est très différent du jazz afro-américain, mais cela reste du jazz.”

Pendant trois semaines, ce foisonnement culturel s’exprimera ici, dans le Val-de-Marne, capitale des jazz pour une tournée de 17 concerts. “On ne peut pas être exhaustif, mais on essaie de proposer un panel de couleurs”, poursuit Fabien Simon.

© M Rodrigues
Fabien Simon, directeur du festival Sons d’hiver

Cap sur le sud des États-Unis

S’il faut distinguer un fil rouge, ce sera le sud des Etats-Unis, qui concentre cette édition une partie de la programmation. “Nous avons un lien très fort avec les États-Unis et, cette année, nous avons invité deux grandes pointures du sud des États-Unis qui viennent rarement en France.” Au programme : Béla Fleck et son banjo, roi du Bluegrass, 15 Grammy awards au compteur (30 janvier à Maisons-Alfort), et Rhiannon Giddens, chanteuse de folk et de blues à voix ultra-puissante, qui a également reçu 2 Grammy awards (10 février à Créteil). Côté Nouvelle-Orléans, Sons d’hiver a décidé de sortir des clichés de cette ville mythique du jazz, pour témoigner de la créativité d’aujourd’hui, inspirée notamment par l’immigration haïtienne. Une tendance que le festival a choisi d’illustrer en passant commande à Leyla Mccalla, chanteuse-violoncelliste née à New-York, mais Haïtienne d’origine, et qui vit désormais à la Nouvelle-Orléans (10 février à Créteil). “Elle a créé tout un répertoire sur cette thématique”, explique Fabien Simon, rappelant que Sons d’hiver est aussi un “festival de créations”.

À Villecresnes, le centre culturel La Rue, qui fait son entrée au festival, accueillera une scène française inspirée de Louisianne, la compagnie Imperial (Imperial quartet et Imperial Orpheon) pour son programme All Indians, qui questionne également la créolisation des identités du grand-sud des États-Unis.

En première partie de Béla Fleck, Jontavious Willis, lui, incarne une nouvelle génération de blues venue de Memphis. Sons d’hiver 2024 sera aussi l’occasion de la première en Europe de “New Orleans Creole Songs”, composée par la contrebassiste et chanteuse Sélène Saint-Aimé, d’origine martiniquaise, dans le cadre d’une résidence à la Villa Albertine de la Nouvelle-Orléans, lors de laquelle elle a étudié les vieux chants créoles et composé avec les musiciens locaux (6 février à Nogent-sur-Marne).

Les 70 ans de Marc Ribot

D’outre-Atlantique, se déplacera également Marc Ribot, guitariste new-yorkais habitué de Sons d’hiver, qui fête ses 70 ans ce printemps. Celui qui a fait ses armes auprès du musicien américano-haïtien Frantz Casseus a travaillé avec nombre de stars, de Tom Waits à Marianne Faithfull en passant par Alain Bashung, tout en développant un registre solo. Musicien engagé et militant, notamment anti-trump, le guitariste a sorti il y a quelques années un album d’hymnes de résistance, “Songs of Resistance 1942 -2018”. “Nous allons brosser une sorte de portrait musical de lui avec trois propositions, un solo guitare-voix autour de ses chants de résistance, dans une veine plutôt folk (Fontenay le 23 janvier), un quartet d’inspiration plus jazz et un trio presque rock lors d’une soirée au Centre des bords de Marne (Le Perreux le 24 janvier, concert déjà complet, NDLR).”

Escale à Tokyo

Le festival fera aussi escale sur l’autre rive du pacifique, au Japon, lors d’une soirée à Arcueil (26 janvier), dans un esprit “plus jazz expérimental”, indique Fabien Simon. On y découvrira le guitariste électrique Otomo Yoshihide et son décoiffant New jazz quintet et, en première partie, la percussionniste et chanteuse Yuko Oshima, qui vit désormais à Strasbourg.

© Nada_Žgank
Otomo Yoshihide

Du jazz au rap, et réciproquement

Punchy, explosive, Billie Brelok, franco-péruvienne grandie à Nanterre va mettre un peu de rap dans l’édition, en première partie de Billy Woods, au Hangar d’Ivry-sur-Seine (le 8 février). Du rap féminin et féministe. Une manière revendiquée d’hybrider jazz et hip-hop dans la programmation. “Les rappeurs afro-américains disent que le hip-hop est le nouveau jazz, rappelle Fabien Simon. C’est l’histoire de la musique. Le blues a conduit au jazz qui a amené le hip-hop. Aux États-Unis, beaucoup de projets mêlent rap et hip-hop. C’est moins le cas en France.”

© zona invisible
Billie Brelok

Illustration magistrale de ce mélange : le rappeur américain Billy Woods qui viendra répondre à Billie Brelok en seconde partie, avec sa voix et son ordinateur, rempli de samples inspirés du jazz.

32 concerts sur 17 scènes

Au total, plus d’une trentaine de collectifs d’artistes se produiront lors de 32 concerts dans 15 scènes du Val-de-Marne et 2 de Paris, du 19 janvier au 10 février. Au programme encore, les 50 ans du groupe mythique de Chicago Ethnic Heritage Ensemble de Kahil El’Zabar, plusieurs autres compositrices françaises en grande formation, comme la pianiste Eve Risser, la flûtiste Sylvaine Hélary ou encore la contrebassiste Joëlle Léandre. Et aussi Ambrose Akinmusire, Benoît Delbecq, Mark Turner, Marilyn Mazur, David Virelles, William Parker, Hamid Drake, Sylvain Darrifourcq, Mulatu Astatke, Aly Keïta, Newen Tahiel, Majid Bekkas, Trilok Gurtu, Saghar Khadem…  À noter aussi, le grand bal d’hiver orchestré par le groupe Papanosh…

Voir le programme intégral

Voir aussi la billetterie en ligne pour réserver. Attention, deux concerts sont déjà complets.

Pour prolonger en ligne : podcasts, documentaires, captations…

Lancée en 2021, en raison du confinement, la plate-forme numérique de Sons d’hiver continue de se développer en parallèle des éditions live du festival, proposant un florilège de bonus. On y retrouve notamment la série de podcasts Influences, des échanges avec des artistes invités, qui se confient sur la manière dont ils et elles ont construit leur culture musicale, leur inspiration, et évoquent les artistes qui les ont marqués. On y découvre aussi un documentaire en plusieurs parties sur les relations musicales entre Haïti et la Nouvelle-Orléans, en écho à l’une des trames du festival 2024. Y seront également mises en ligne les captations réalisées pendant les concerts, ainsi que l’enregistrement de la table-ronde du 20 janvier (au théâtre Jacques Carat de Cachan à 18h30) sur le thème “A change is gonna come”, avec Kahil El’Zabar, Sélène Saint-Aimé, Joëlle Léandre et David Murray, animée par l’anthropologue Alexandre Pierrepont.
Voir la plateforme

Diversité des scènes et des publics

Au-delà de cette hybridation revendiquée entre les influences culturelles, l’autre particularité du festival, est la pluralité de ses scènes. Cette année, trois nouveaux lieux culturels ont rejoint l’aventure, le théâtre Antoine Watteau de Nogent-sur-Marne, le Centre des Bords de Marne au Perreux, et le centre culturel La Rue à Mandres-les-Roses. Au total, ce sont donc 17 établissements qui accueillent le festival, essentiellement en Val-de-Marne, avec deux incursions à Paris, au musée du Quai Branly et au théâtre de la Cité internationale. Des sites avec chacun leurs contraintes techniques, notamment la jauge des salles, et leur direction artistique. “Nous coproduisons tous les spectacles avec les différentes scènes et c’est passionnant, car nos interlocuteurs et interlocutrices ont tous des goûts et des historiques qui leur sont propres. C’est plus complexe que de tout organiser dans un seul lieu, mais cela permet d’être en contact avec des publics très différents, entre, par exemple, Ivry-sur-Seine ou Vincennes. Parfois, du reste, nous prenons le contrepied…” Pas question de venir au festival pour être enfermé dans sa bulle. “Nous nous positionnons dans une politique de l’offre.”

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