Education | | 03/01
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De l’Insep au lycée, comment les jeunes sportives de haut niveau concilient entraînement et études

De l’Insep au lycée, comment les jeunes sportives de haut niveau concilient entraînement et études © Fb

Entraînés toute l’année dans leur cocon de l’Insep (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) niché dans le bois de Vincennes de Paris, les jeunes sportifs de haut niveau rejoignent un vrai collège ou lycée une fois par semaine pour maintenir le lien avec la réalité scolaire. Ils sont ainsi plusieurs dizaines à passer leur vendredi à la cité scolaire Berlioz de Vincennes. Rencontre.

Ça fait du bien de changer d’environnement, de voir de nouvelles têtes et de porter autre chose que des survêtements“, lâche Tea Cleante, 17 ans, promise à une carrière de basketteuse professionnelle. Originaire de Dunkerque, elle a intégré le pôle France de l’Insep en septembre 2020 et passe son bac cette année. Comme la meneuse d’1,75 m, ils sont une trentaine de “SHN”, l’acronyme de sportifs de haut niveau à suivre leurs études à l’Insep et un jour par semaine à la cité scolaire Berlioz de Vincennes, de la troisième à la terminale.

Pour les enseignants qui dispensent les cours à la fois à l’Institut et dans le lycée, la transition est positive. “Le vendredi, nous n’avons plus l’impression d’avoir des sportifs face à nous, mais des adolescents. C’est une bouffée d’oxygène pour eux. Une vie mondaine en quelque sorte. Ils arrivent avec des viennoiseries et des cafés“, décrit Houaria Righi, professeur d’anglais. Si les “SHN” sont comptés dans les effectifs de la cité scolaire, ils ne sont pas incorporés dans les classes banales et suivent leurs cours en groupe réduit.

Pédagogie différenciée et emploi du temps serré

Durant ces années de formation à l’Insep, ces jeunes sportifs passent une grande partie de leur journée à répéter des gestes et parfaire leurs performances. “Je m’entraîne environ 35 heures par semaines auxquelles s’ajoutent 25 heures de cours“, calcule Cassy Bouard, une gymnaste de 15 ans qui pratique les quatre agrès (barres asymétriques, poutre, sol et saut de cheval). L’adolescente habite à Sens, dans l’Yonne, et peut rentrer plus souvent chez elle que de nombreux pensionnaires habitant loin de Paris. “Quand nous avons des moments de repos comme le week-end, il peut nous arriver de sortir à Paris, mais nous en profitons surtout pour nous reposer“, témoigne Iris Ducos, 18 ans. Avant des tournois, cette taekwondoïste originaire de Marseille doit perdre plusieurs kg pour se battre dans une catégorie de poids ciblée.

Une débauche d’énergie qui a des répercussions sur la vie quotidienne, obligeant parfois à des siestes pour récupérer. Ainsi, chaque élève a un emploi du temps qui varie en fonction des exigences de sa discipline, des compétitions et des blessures. “Il faut s’adapter en permanence, c’est pour cela que l’on place des enseignants volontaires sur ces postes. Cela demande énormément de flexibilité et d’appliquer la pédagogie différenciée. Certains peuvent s’absenter de longues semaines“, explique Chloé Lejeune, professeur d’éco-gestion pour les élèves du BTS Management Commercial Opérationnel (MCO).

“Deep focus” et orientation

Les entraîneurs surveillent les trajectoires scolaires des jeunes. “Ils se débrouillent bien parce qu’ils ont le “deep focus”, c’est-à-dire, une capacité à se concentrer intensément sur une tâche pour l’assimiler rapidement. Ils sont excellents en matière de bachotage“, poursuit Houarda Righi. Par ailleurs, des élèves de l’École nationale supérieure de Paris-Saclay interviennent comme répétiteurs auprès des collégiens et lycéens de l’Insep.

Cassy Bouard, Tea Cleante et Iris Ducos ne participeront pas aux Jeux olympiques de Paris 2024 car elles sont trop jeunes. Elles se projettent en revanche à Los Angeles en 2028. En attendant, elles préparent leur projet professionnel qui varie en fonction des opportunités offertes par leurs sports respectifs. “Dans quelques mois, je pourrai être sollicitée par des clubs professionnels pour lancer ma carrière. J’aimerais bien étudier le droit en parallèle. On sait que la vie de sportif ne dure pas éternellement“, reconnaît la basketteuse. La taekwondoïste songe à s’inscrire dans un BTS pour travailler dans l’immobilier. Quant à la gymnaste, elle ne préfère pas se projeter pour le moment.

Sept établissements dont la cité scolaire Berlioz récompensés

À l’instar de six autres établissements du Val-de-Marne, la Cité scolaire Berlioz a été labellisée “établissement d’accueil de sportifs de haut niveau“. Les autres sont :

  • Lycée Jean-Moulin à Vincennes (basketball, natation, taekwondo)
  • Lycée Marcelin-Berthelot à Saint-Maur-des-Fossés (les mêmes disciplines qu’à la cité scolaire Berlioz)
  • Lycée Uruguay-France à Avon en Seine-et-Marne (natation, athlétisme et handball)
  • Collège La Vallée à Avon en Seine-et-Marne (handball)
  • Collège Beaumarchais de Meaux en Seine-et-Marne (gymnastique)
  • Lycée Emilie-Brontë à Lognes en Seine-et-Marne (canoë, kayak, rame)

Ce label reconnaît les adaptations proposées aux jeunes pour leur permettre de suivre une scolarité tout en s’entraînant à l’Insep ou à la maison régionale de la performance, pour une liste définie de disciplines (basketball, gymnastique artistique, waterpolo, athlétisme, aviron, boxe, carabine, épée, fleuret, judo, lutte, natation, paraathlétisme, plongeon sabre et taekwondo).

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