Jeux Olympiques | Seine-Saint-Denis | 08/08
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De Montfermeil aux Franc-Moisin, chacun vit, ou pas, les JO à sa façon

De Montfermeil aux Franc-Moisin, chacun vit, ou pas, les JO à sa façon © DR/Plaine Commune

Si proches, mais si loin… Alors que la fête sportive bat son plein pendant les Jeux olympiques de Paris, des habitants de Seine-Saint-Denis, quasiment aux premières loges de l’événement planétaire, n’en profitent pas forcément, par manque d’intérêt ou de moyens.


“Comme tous les autres événements, c’est comme si c’était loin d’ici. Ca nous encombre plus que ça nous rapporte quoi que ce soit”, râle Mohand, habitant du quartier populaire du Franc-Moisin à Saint-Denis, situé à 500 m et une passerelle du Stade de France. Feuilles de ponçage et spatule à enduit en main, ce technicien dans l’événementiel estime que les habitants du quartier n’ont pas suffisamment été informés et regrette que les recrutements pour les missions JO n’aient pas puisé dans le vivier de jeunes local. Pourtant, plusieurs forums emploi se sont tenus sur le territoire les mois précédant les JO.
“Dès que les Jeux vont passer, c’est reparti pour un tour. Ils font du cinéma pour les autres, mais pas pour nous“, lance un autre habitant juché sur un scooter en saluant Mohand.

Près de l’aire de jeux, Ikrame attend son maïs grillé au stand de cuisson improvisé. “C’est vite arrivé et vite parti, on prend notre mal en patience”, témoigne l’habitante, évoquant la circulation routière et le stationnement difficiles. Au quotidien, cette gestionnaire d’appels d’offre n’a “pas forcément l’envie ni l’occasion de regarder les Jeux”, contrairement aux précédentes éditions. “OK, dès qu’on traverse, du côté du Stade, il y a cet esprit des JO mais là dans le quartier pas du tout”, déplore-t-elle.

Pour en faire des Jeux populaires, promesse du comité d’organisation, les collectivités territoriales ont distribué 180 000 billets, dont 30 000 pour la cérémonie d’ouverture, aux quelque 1,7 million d’habitants officiels. Parmi les heureux élus, une trentaine d’adolescentes, joueuses de rugby, ont ainsi pu assister à la phase finale du rugby à VII féminin au Stade de France fin juillet. Mais pour la masse, rebutée par les prix des billets ou prise par son emploi, les Jeux sont suivis à distance. D’après le département, 400 000 entrées ont été recensées sur les différents sites de célébration et de rediffusion dispatchés sur le territoire.

“Hors de prix”

Aux confins est du département, des familles profitent de la fraîcheur de l’arboretum de Montfermeil, loin de la frénésie parisienne. “A mon âge, j’ai envie d’être tranquille. Je suis chez moi, j’ai un jardin, petite sieste, petit livre… On est mieux ici qu’à Paris”, évacue Nicole, taxi retraitée de 77 ans. Elle préfère passer cette chaude après-midi à jouer au frisbee avec sa petite-fille au bord de l’eau, que devant un écran, et se tient informée du palmarès “le soir aux infos”. Assise sur un banc, Intidhar surveille ses deux filles et ses trois neveux en plein jeu. “On regarde tous les jours, toutes les épreuves”, s’enthousiasme cette professeure des écoles. “Du sport à la télé ça fait du bien, c’est comme une bulle de déconnexion de la réalité anxiogène.”

Avec son mari taxi et leurs filles, ils auraient aimé aller voir des épreuves mais “ça reste hors de prix et quand on a une famille, c’est un budget”. “Déjà qu’on n’est pas parti en vacances à cause de la vie chère…”
“Je faisais du jiu-jitsu et maintenant j’aimerais bien faire du judo. J’ai vu que Teddy Riner a remporté la médaille d’or et j’aimerais bien faire comme lui”, raconte sa fille de 9 ans, Roumayssa. Le fait de voir des femmes mises en valeur dans cette épreuve a suscité cette vocation, glisse sa mère.

En pleine session de tractions, Moki dit ne pas avoir de télévision et peu de temps entre son travail de serveur et sa vie de famille. Dimanche, il est allé dans Paris, à Belleville, pour voir les cyclistes traverser Paris et a apprécié “la grosse ambiance”. Début septembre, c’est à côté de chez lui que les paracyclistes s’affronteront dans une boucle débutant et s’achevant à Clichy-sous-Bois. “Tant mieux si ça peut montrer un visage positif de la Seine-Saint-Denis parce que dans la presse, on est trop souvent montré du doigt”, espère-t-il.

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