Alors que la situation s’est débloquée ce samedi sur de nombreux axes routiers, les agriculteurs de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA) du grand bassin parisien ont choisi de remettre la pression maximale sur le gouvernement en promettant un “siège de la capitale” à partir de lundi.
“Dès lundi 29 janvier à 14h les agriculteurs des départements: l’Aisne, l’Aube, l’Eure, l’Eure & Loir, l’lle-de-France, la Marne, le Nord, l’Oise, le Pas-de-Calais, la Seine & Marne, la Seine-Maritime et la Somme, membres du réseau FNSEA et Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin Parisien entament un siège de la capitale pour une durée indéterminée”, écrivent dans un communiqué les deux syndicats, qui représentent la majorité de la profession au niveau national.
“Tous les axes lourds menant à la capitale seront occupés par les agriculteurs”, ajoutent-ils dans le bref texte. Ce n’est toutefois pas un appel des deux organisations au niveau national, qui n’ont pas encore décidé de leur stratégie pour l’avenir. “On va prendre le week-end pour reposer les esprits et les corps” et “pour recalibrer la mobilisation de la semaine prochaine”, avait déclaré plus tôt à l’AFP Pierrick Horel, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs (JA). La Coordination rurale du Lot-et-Garonne avait pour sa part annoncé “monter à Paris” pour “bloquer (le marché de) Rungis”.
Pas encore de sortie de crise
La mobilisation des agriculteurs a été endeuillée mardi par la mort accidentelle d’une agricultrice et de sa fille sur un barrage à Pamiers (Ariège). Samedi, plusieurs milliers de personnes participaient dans cette ville à une marche blanche organisée en leur mémoire. “Il y a une foule considérable (…) la solidarité et l’émotion ont dépassé l’Ariège et le monde de l’agriculture”, a déclaré Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture de l’Ariège. Pour tenter d’éteindre la révolte montée de campagnes où beaucoup ne parviennent plus à vivre de leur métier, le Premier ministre a dévoilé vendredi des mesures d’urgence en Occitanie, berceau de la contestation. “On ne vous lâchera pas”, a-t-il lancé.
Il a ainsi accédé à quelques-unes des demandes les plus pressantes des manifestants entre l’abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), des indemnités gonflées pour les éleveurs touchés par la maladie des bovins MHE, des sanctions lourdes contre trois industriels de l’agro-alimentaire ne respectant pas les lois Egalim sur les prix. Les mesures “sont appelées à se décliner sur d’autres sujets”, a promis samedi le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. “Ce qui a été dit ce soir ne calme pas la colère, il faut aller plus loin”, a affirmé vendredi le président de la FNSEA Arnaud Rousseau.
“Les gens sont excédés par le fait que ce n’est pas les annonces qu’on attendait”, a déclaré samedi Lucie Delbarre, secrétaire générale de la FDSEA du Pas-de-Calais. “On a un Etat qui se moque de ses agriculteurs. On le voit bien, c’est une cocotte-minute prête à exploser”. À Narbonne, c’est un bâtiment de la Mutualité sociale agricole (MSA) qui avait été incendié vendredi après-midi en marge d’une manifestation d’agriculteurs, tandis qu’à Nîmes, un bureau des Douanes et huit véhicules ont été brûlés. Partout à travers la France, première puissance agricole de l’Union européenne, s’est exprimé un mélange de passion et de désespoir, les cortèges exhibant ici un pendu de paille, là affichant le slogan “Enfant on en rêve, adulte on en crève”.
À Matignon, l’accueil des mesures est scruté avec attention à l’approche des élections européennes de juin et l’entourage de Gabriel Attal promet “de continuer à apporter un certain nombre de mesures d’ici le Salon de l’agriculture” fin février. “Il faut donner un cap à l’agriculture française. Il faut lui dire ce qu’elle doit faire: son objectif est d’être concurrentielle avec les fermes-usines du Brésil ou d’Ukraine, ou son but est de nourrir comme il faut les Français?”, a demandé le député LFI de la Somme François Ruffin.
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