Depuis janvier 2023, des élèves de cinquième du collège La Guinette de Villecresnes racontent leurs amours collégiennes, accompagnés par une écrivaine, Sophie Laroche. Le succès est au rendez-vous : le troisième tome de “Premier crush” est déjà en préparation. Reportage.
Ambiance créative dans la salle de documentation du collège la Guinette. Un petit groupe d’élèves de cinquième, une professeure documentaliste et une écrivaine planchent autour de trois tables réunies en une seule. Tous les jeudis midi, le groupe dispose uniquement d’une quarante minutes pour avancer dans l’écriture de “Premier Crush”. Le projet, qui en est à sa deuxième année, est bien rodé, initié par un autre groupe d’élèves désormais en quatrième. Un premier tome a déjà et publié, le deuxième en bouclage,et le troisième en préparation.
“Le français, ce n’est pas juste des mots qu’on a du mal à aligner”
“Étant originaire de Villecresnes, je venais souvent au collège pour faire des ateliers littératures, mais j’ai eu envie de passer l’étape supérieure. L’année dernière, ils ont fait le synopsis du dernier tome de ma série, “Les enquêtes d’Anatole au collège”. J’ai fait le squelette et ils ont fait tout le synopsis, le détail des personnages, les lieux où ça se passait…”, raconte Sophie Laroche, écrivaine de roman jeunesse villecresnoise.
De quoi lui donner envie d’aller plus loin, en proposant aux élèves de créer leur propre histoire, de bout en bout. “J’ai proposé à des élèves de cinquième qui le souhaitaient de venir écrire toutes les semaines. Pour le premier tome, on a eu vingt élèves. On a mis à plat tous les projets d’histoire et le sujet qui est revenu est le crush (attirance amoureuse, NDLR). Ils le vivent d’une manière assez spéciale : Parfois, il n’y a même pas de contact verbal.“ Ainsi est né l’idée du titre : “Premier crush”.
Un exercice dont l’écrivaine ne perd pas de vue l’enjeu littéraire. “Je voulais leur montrer que le français, ce n’est pas juste des mots qu’on a du mal à aligner, parfois en faisant des fautes. Je voulais vraiment qu’ils participent à la création littéraire“, insiste l’autrice jeunesse, plusieurs fois primée.
Le mode opératoire ? “Ils écrivent leurs idées pendant les séances et je le reprends pour écrire le roman. C’est vraiment un temps d’échange, un temps où ils se confient”, insiste-t-elle. D’où la nécessité d’être en comité réduit et de quitter la salle de classe, “En étant dans une salle de classe, la parole n’aurait pas été libre. C’est pour cela qu’on a choisi le CDI (Centre de documentation et d’information).”
Les premiers amours des collégiens
Le roman retrace l’histoire d’un groupe de huit amis collégiens. Certains sont en couple, d’autres sont célibataires et d’autres encore sont en “crush”. Ce terme, assez récent dans le langage des jeunes, désigne l’intérêt, partagé ou non, pour une personne. “Chaque volume raconte l’histoire d’un des huit personnages. Comme c’est un groupe d’amis, cela permet de faire une connexion entre les différents livres. Pour le premier livre, c’est le personnage d’Allison qui a été mis en avant”, explique Valérie Balmette, la professeure documentaliste, qui accompagne les élèves depuis presqu’un an dans la réalisation de l’ouvrage.
“Au départ, ça devait être un livre dont on est le héros. Mais on a discuté ensemble et le mot qui est revenu, c’est “crush”. Quand Sophie nous a proposé le thème du roman, personne n’a été déçu”, rapporte Marina, élève de cinquième, qui a travaillé sur les deux premiers tomes. La collégienne, désormais en quatrième, ne fait plus partie du projet, mais est revenue donner quelques conseils à ses successeurs pour le tome 3.
À travers cette histoire, les élèves racontent leur quotidien. “On se sent concerné par le thème du livre”, motive Lenzo, un des artisans du troisième opus, qui confie bien aimer “écrire des histoires”.
“Depuis petite, j’avais envie d’écrire un livre, mais je ne trouvais pas le temps ni la motivation. Quand ça a été proposé, je me suis dit pourquoi pas y aller. Au pire, si ça ne marche pas, ce n’est pas grave. Au final, ça m’a plu et j’ai décidé de continuer”, abonde Camille qui participe à la réalisation du livre depuis le début de l’année.
“Les retours pour le premier livre ont été positifs. On nous a surtout dit que c’est une histoire qui paraît réelle. Et c’est le cas puisqu’elle est tirée de l’expérience des jeunes. En plus de ça, tout le monde est passé par un premier crush”, s’amuse Sophie Laroche.
Le premier volume de Premier crush a été publié chez Auzou, maison d’édition familiale et indépendante spécialisée en jeunesse, et est paru en janvier 2024. Il est illustré par Naomikado. Le deuxième tome paraîtra en septembre 2024. Il est disponible à la librairie Au fil des pages, en face du collège, ou en ligne.
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