Manifestation | Seine-Saint-Denis | 26/02
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Des enseignants de Seine-Saint-Denis ont manifesté à Paris

Des enseignants de Seine-Saint-Denis ont manifesté à Paris © CH (27 février 24)

Environ 200 enseignants de Seine-Saint-Denis ont manifesté lundi à Paris pour dénoncer le manque de moyens de l’école publique. L’intersyndicale CGT, CNT, FSU et Sud a reconduit ce mardi la grève. En tête des revendications : l’allégement des effectifs d’élèves par classe, la rénovation du bâti ou encore l’abandon des groupes de niveaux.

Malgré la pluie, de nombreux enseignants ont fait le déplacement lundi après-midi pour réclamer la mise en place d’un plan d’urgence pour l’éducation en Seine-Saint-Denis. “Seine-Saint-Denis en colère, on ne va pas se laisser faire“, “Le plan d’urgence c’est trop la classe, Stanislas c’est dégueulasse“, ont-ils entonné à quelque pas du lycée Stanislas (6e arrdt) qui avait été au cœur d’une polémique suite à la nomination d’Amélie Oudéa-Castera comme ministre de l’Education nationale (et remplacée par Nicole Belloubet dans le gouvernement de Gabriel Attal).

Cette mobilisation, encadrée par un étroit cordon policier, intervient alors que le gouvernement a annoncé l’annulation de près de 700 millions d’euros de crédits sur le budget de l’Éducation nationale pour 2024. “Nous ne sommes pas du tout entendus. L’intersyndicale a demandé à être reçue en audience au ministère et nous avons reçu une fin de non-recevoir“, réagit Marie-Hélène Plard, co-secrétaire générale de la FSU-SNUipp-93 pour 93citoyens. “C’est assez inédit de lancer un mouvement de grève un jour de rentrée, parce que nous voulons nous faire entendre. Nous voulons aussi organiser des réunions publiques pour expliquer aux parents cette mobilisation. Et la question se pose d’une grève reconductible au mois de mars“, indique-t-elle, précisant que 40% des enseignants étaient en grève ce lundi. Le rectorat de Créteil n’a, pour sa part, pas communiqué de chiffres.

En attendant, la grève a été reconduite mardi par l’intersyndicale (CGT, CNT, FSU et Sud). 

© CH

20 élèves par classe

Fin décembre, les personnels de l’Éducation nationale dans le 93 avaient formalisé leurs “doléances”, réclamant des classes de 20 élèves au maximum et, pour ce faire, le recrutement quelque 5 000 enseignants. Ces revendications contrastent avec les chiffres du taux d’encadrement du ministère de l’Éducation nationale : 23,9 dans le 2d degré contre 25 au niveau national. “Le ministère affiche les chiffres qui l’intéressent. Sur le papier, le taux d’encadrement est respecté. Dans la pratique, le taux de non-remplacement est bien supérieur à la moyenne nationale. De même que le nombre d’enseignants contractuels. Il n’y a pas beaucoup de départements en France qui connaissent cette réalité-là“, affirme Marie-Hélène Plard.

Nous sommes là pour les DHG [ndlr, dotations horaires globales]. Dans notre collège, on a des effectifs de 30 élèves par classe. On n’imagine même pas ce que serait avec la mise en place des groupes de niveau de manière systémique qui a été annoncée. On ne veut pas de cette mesure stigmatisante pour les élèves et absurde en termes pédagogique“, pointe Hugo, professeur d’histoire depuis trois ans au Blanc Mesnil et militant de la CGT.

L’abandon de cette mesure est également réclamé par les syndicats. Gabriel Attal, ministre de l’Education à l’époque, avait annoncé la création de ces groupes de niveau à compter de la rentrée 2024: en 6e et en 5e pour le français et les mathématiques, et à partir de septembre 2025 en 4e et 3e. 

Obtenir des conditions de travail correctes

Pas d’assistante scolaire“, peut-on lire sur la pancarte de Pierre (son prénom a été modifié) professeur de lycée. “Depuis la rentrée, il n’y a en pas dans notre établissement. C’est clairement une discrimination de l’accès à l’éducation. Les besoins sont immenses. Et je ne parle même pas des classes surchargées. C’est toujours le même constat: on demande à pousser les murs des classes, à ce que les remplacements soient assurés… mais rien ne change“, soupire-t-il.

On ne fait pas grève pour des augmentations de salaire, mais pour obtenir des conditions de travail correctes. Dans mon établissement, il y a des salles avec des fuites d’eau. On réclame un ascenseur pour les personnes en situation de handicap. Il faut sans cesse se battre pour améliorer ne serait-ce que le quotidien“, témoigne de son côté Axelle, enseignante depuis deux ans dans un collège d’Aulnay-sous-Bois. 

Cette question du bâti revient d’ailleurs souvent. “Tout le monde est bien conscient que la rénovation des établissements n’est pas du ressort du ministère. Mais, il faut aussi que l’État prenne la mesure de la situation. On parle de l’Éducation nationale. Il ne devrait pas y avoir de tels écarts. Dans les faits, il y a une inégalité des conditions d’apprentissage et d’enseignement Seine-Saint-Denis“, souligne Sylvain, venu d’Aubervilliers. “On a conscience que sur le bâti, par exemple, la réponse pourrait prendre la forme d’un plan pluriannuel [d’investissement]. On veut des engagements. On sait qu’en 2015, les enseignants du 1er degré ont obtenu la création de 1 000 postes. On sait donc qu’on peut y arriver“, estime Marie-Hélène Plard.

Lire aussi : Grève des enseignants : les syndicats réclament un “plan d’urgence” en Seine-Saint-Denis

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