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Digital Realty va construire un nouveau datacenter géant d’ici 2030 à Dugny

Digital Realty va construire un nouveau datacenter géant d’ici 2030 à Dugny

Après le site PAR8 à La Courneuve dont la dernière tranche sera livrée en 2025, l’entreprise américaine Digital Realty compte ouvrir un nouveau datacenter tout aussi grand à Dugny. L’enquête publique sur ce projet, situé sur une friche militaire en lisière de l’aéroport du Bourget, vient tout juste de commencer et s’achèvera le 15 novembre.

Avec son projet de Digital Hub de Dugny, l’américain Digital Realty va renforcer un peu plus sa présence en Seine-Saint-Denis. Avec ses 200 Mwtts (mégawatts) de consommation électrique attendue, ce data center sera même plus puissant que celui de La Courneuve (130 MW). Objectif pour Digital Realty : répondre aux besoins croissant de stockage, de traitement et de protection des données de ses clients.

Pour ce faire, le Digital Hub de Dugny ne comptera pas un, mais trois centres de données répartis sur une surface de 41 000 mètres carrés. Il comptera en tout 30 salles informatiques qui fonctionneront 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an. Leur mise en service se fera par phases, entre 2025 et 2030. 110 personnes par jour en moyenne veilleront à la sécurité du stockage de données. Au total, selon Digital Realty, 450 emplois indirects seront créés hors site.

© Digital Realty

L’équivalent de 20 % de la puissance d’un réacteur EPR

Pour fonctionner, le Digital Hub de Dugny nécessitera la création de deux liaisons souterraines électriques de 225 000 volts au réseau RTE. Leur installation fait d’ailleurs l’objet d’une déclaration d’utilité publique en parallèle de la demande d’autorisation environnementale. Alors que la garantie d’une alimentation sans interruption reste cruciale, le hub sera équipé de 108 groupes électrogènes d’une puissance cumulée de 324 MWe (mégawatts électriques). “Soit l’équivalent de 20 % de la puissance d’un réacteur EPR“, souligne l’Autorité environnementale qui a rendu son avis sur le projet 11 avril dernier.

Ces groupes électrogènes doivent permettre une alimentation de secours de façon autonome pendant 72 heures. Chacun d’eux est alimenté via une cuve de stockage temporaire de HVO (huile végétale hydrotraitée) de 2,5 mètres cube (pour une autonomie de 3 h) et une cuve de réserve de 60 mètres cube (soit volume total de stockage de 6 750 mètres cube). En cas de rupture d’approvisionnement en HVO, c’est au fioul que tourneront les groupes électrogènes. Pour ce faire, trois cuves de 400 litres sont prévues.

Dans son avis, l’Autorité environnementale a estimé à 100 MWth (mégawatts thermiques) par seconde, soit environ 900 gigawatt-heure par an la production de chaleur fatale récupérable, c’est-à-dire de la chaleur produite par le fonctionnement des installations. Or, elle relève que “le volume de chaleur fatale valorisée sera extrêmement faible (de l’ordre de 1 % dans les dix premières années d’exploitation)” et ce malgré l’existence d’un projet de réseau de chaleur, porté la société Coriance, pour alimenter 9 000 équivalents-logements et qui va jusqu’au site du futur Digital hub. “Pour l’Autorité environnementale, la perte d’une quantité d’énergie considérable est un enjeu important de politique publique“, note-t-elle dans son avis.

Dans sa réponse, Digital Realty souligne l’évolution du projet de Coriance avec l’interconnexion des réseaux de chaleur de Dugny et de Blanc Mesnil. Elle explique aussi avoir instauré un dialogue avec les sociétés Airbus et ADP à proximité du futur site pour explorer d’éventuels besoins en chaleur (…) Plusieurs pistes ont été évoquées, comme le maintien à température constante des cabines de peinture chez Airbus, ou encore le chauffage et le refroidissement des pistes de l’aéroport du Bourget chez ADP.

Voir l’avis de l’Autorité environnementale

Attention au rejet de polluants

Autre inquiétude de l’Autorité environnementale : “les rejets de polluants atmosphériques liés à l’utilisation des groupes électrogènes, que ce soit en période de test ou en tant qu’alimentation de secours, compte tenu des enjeux considérables dans un secteur très urbanisé et déjà affecté par la pollution atmosphérique.” Selon Digital Realty, “la contribution du centre de données à la dégradation de la qualité de l’air est mineure (0,0191 % des émissions annuelles de l’établissement public territorial Paris Terre d’Envol, pour les émissions d’oxydes d’azote (NOx), 0,003 %, pour le dioxyde de soufre (SO2) et 0,004 % pour les particules fines). Mais, pointe l’Autorité environnementale, “les calculs présentés dans l’étude d’impact ne portent que sur sept groupes électrogènes et non sur les 108 présents sur le site“. En prenant en compte l’ensemble du dispositif d’électrogènes, les émissions représenteraient “près de 3 % des émissions annuelles de l’EPT en fonctionnement normal, c’est-à-dire une quantité analogue à la totalité des émissions annuelles actuelles de la commune de Dugny.” Aussi recommande-t-elle un encadrement plus strict de ces rejets.

Voir l’ensemble du dossier d’enquête publique

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