Fumigènes et chants contre le gouvernement avec la tour Eiffel en arrière-plan : plusieurs centaines de personnes ont manifesté lundi 22 avril au cœur de Paris à l’appel des syndicats d’enseignants de Seine-Saint-Denis qui réclament un plan d’urgence pour le département le plus pauvre de France métropolitaine.
Face à des touristes étrangers interloqués ou amusés d’assister à une manifestation “so french”, les grévistes ont une nouvelle fois scandé leurs slogans, réclamant notamment “du pèze pour le 93”.
Depuis le 26 février, un mouvement de contestation s’est constitué pour réclamer plus de moyens pour l’école en Seine-Saint-Denis, au travers d’opérations “école déserte”, de grèves, de rassemblements ou encore d’une manifestation sous les fenêtres de Matignon.
L’intersyndicale FSU, CGT, SUD et CNT a lancé un nouvel appel à la grève ce lundi, jour de rentrée en région parisienne après les vacances de printemps, déçue par la rencontre le 15 avril avec la ministre de l’Education nationale Nicole Belloubet. “On a beaucoup d’effets d’annonce, mais aucune annonce concrète,” déplore Zoé Butzbach, co-secrétaire de CGT Educ’Action 93 en tête de cortège.
“Notre plan d’urgence coûte deux piscines olympiques (…) ça ne nous paraît pas délirant”, ajoute la professeure d’histoire-géographie, en référence au centre aquatique olympique construit en Seine-Saint-Denis pour les Jeux de Paris 2024 cet été.
Les syndicats réclament le déblocage de 358 millions d’euros pour permettre la création de 5.000 postes d’enseignants et un peu plus de 3 000 emplois de vie scolaire. Parmi les revendications figurent aussi des seuils à 20 élèves par classe et la réfection des établissements vieillissants.
Le rectorat de Créteil, dont dépend la Seine-Saint-Denis, a indiqué à l’AFP que 13% des enseignants des écoles primaires et 9% des collèges et lycées ont fait grève lundi.
“Ça craque de partout”, alerte un conseiller principal d’éducation en collège souhaitant garder l’anonymat. “La grave pénurie du pôle médico-social, comme des assistantes sociales, détruit la scolarité de beaucoup de nos élèves qui sont en grande précarité,” ajoute ce manifestant.
Au cœur du cortège, Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis, estime qu’il “est urgent d’agir.”
“A la fois parce que c’est nécessaire et peut-être pour que les choses se passent tranquillement, ça serait bien à un moment donné qu’on les entende et qu’on réponde à leurs revendications”.
Une nouvelle rencontre est prévue mi-mai entre les représentants de l’intersyndicale et la ministre de l’Education.
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