Une information judiciaire a été ouverte après le décès d’un homme tué mercredi à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) par un policier municipal, qui a été laissé libre à l’issue de sa garde à vue, a indiqué vendredi le parquet de Bobigny.
Le ministère public ouvre cette information au titre de “violences ayant entrainé la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique”, a précisé le procureur dans un communiqué.
Le policier municipal auteur du tir a été laissé libre à l’issue de sa garde à vue, qui a été levée dans la soirée de jeudi, selon la même source. Âgé de 47 ans, Yahya, qui vivait dans la rue, a été mortellement touché au thorax par le policier municipal.
Plusieurs dizaines de personnes, majoritairement issue de la communauté ivoirienne dont était membre le défunt, se sont rassemblées vendredi après-midi sur les lieux des faits. “Il était gentil, le gars, il dormait dans sa voiture, il n’emmerdait personne”, s’énerve Diabate Demba en s’adressant à la petite assemblée. Comme beaucoup de riverains présents, l’homme qui habite depuis 40 ans dans le quartier dénonce le port d’arme par des agents de police municipale. Le député sortant de la circonscription, Bastien Lachaud (LFI), a lui plaidé pour davantage de formation des policiers “pour qu’ils puissent, face à un tournevis, trouver une autre manière de maîtriser la personne plutôt que de tirs létaux”.
D’après le récit énoncé mercredi par le procureur Éric Mathais, les forces de l’ordre ont été appelées à 08H20 pour un homme qui avait porté cinq coups de tournevis à un agent de propreté de Plaine Commune Habitat. En intervention sur les lieux, l’un des policiers nationaux a été pris à partie par l’homme, qui “tentait de lui porter des coups à travers la fenêtre” du véhicule et “parvenait à le blesser au niveau du bras”.
Également présent sur place, “un policier municipal de la commune d’Aubervilliers patrouillait quant à lui avec deux collègues. Dans des circonstances qui restent à déterminer, le policier municipal tirait en direction de l’auteur, le touchant au niveau du thorax”, a écrit le procureur dans un précédent communiqué diffusé mercredi. L’agent de propreté et le policier national sont sortis de l’hôpital, a précisé Éric Mathais.
Vendredi après-midi, les échanges des proches de Yahya oscillaient entre colère et tristesse, souvent ponctués d’appels au vote pour les législatives. “Voyez ce qu’est une police municipale sous la droite,” vitupère l’élu municipal d’opposition Sofienne Karroumi au milieu des gens rassemblés. “Imaginez ce que ça sera sous l’extrême droite,” ajoute-t-il. Sans mot dire, une femme attache, elle, sobrement une petite fleur jaune au panneau de circulation planté devant le passage piéton où l’homme est décédé mercredi matin.
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