Justice | | 21/05
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Espionnage : le policier de l’aéroport d’Orly qui troquait des fiches S contre des voyages

Espionnage : le policier de l’aéroport d’Orly qui troquait des fiches S contre des voyages © Pixabay

Un ex-policier aux frontières d’Orly et un ancien responsable de sûreté aéroportuaire ont été condamnés vendredi à deux et un an de sursis pour avoir fait fuiter entre 2016 et 2017 des informations confidentielles, dont des fiches S, aux renseignements marocains.

“Le tribunal a tenu compte du contexte particulier post-attentats de 2015 dans lequel les délits ont été commis et du délai écoulé depuis ces faits”, a détaillé le tribunal de Créteil dans son jugement.

Ces deux hommes ont été déclarés coupables de corruption, violation et recel du secret professionnel et détournement de la finalité d’un traitement de données à caractère personnel.

En 2016 et 2017, période de commission des faits retenue par le tribunal, l’ancien policier de 66 ans, aujourd’hui retraité, est alors à la tête de l’unité d’information de l’état-major de la direction de la police aux frontières (PAF). Ce service est chargé de faire remonter les informations sur les allées et venues des personnes apparaissant au fichier des personnes recherchées. Parmi elles, les fichés S, pour Sûreté de l’État, qui regroupent notamment les personnes soupçonnées de radicalisation islamiste.

L’autre protagoniste du dossier, un Franco-Marocain de 61 ans connu dans le microcosme d’Orly, est alors directeur d’une entreprise de sûreté aéroportuaire et a joué l’intermédiaire avec un agent secret marocain intéressé par ces données confidentielles.

Ce membre des services de renseignement, aujourd’hui recherché, a été condamné en son absence vendredi à un an d’emprisonnement. Le tribunal a décerné un deuxième mandat d’arrêt à son encontre.

Au total, le cadre de la PAF a transmis de 100 à 200 fiches confidentielles en contrepartie de voyages tous frais payés au Maroc ou en Angola, parfois jusqu’à “trois à quatre par jour”, a relevé la procureure lors de l’audience.

Tout au long des débats, les deux prévenus ont argué qu’ils avaient agi pour les intérêts français, à une époque où une brouille diplomatique éloigne la France et le Maroc.

L’objectif était de “mettre tout ce qui était dans mon pouvoir pour prévenir tout acte terroriste sur la plateforme aéroportuaire”, a déclaré à la barre le policier retraité.

Me Jean-Yves Le Borgne, avocat du directeur de sécurité aéroportuaire, a jugé la “décision équilibrée”.
“Le tribunal a pallié une carence”,
a pour sa part estimé Me Blandine Russo, avocate de l’ex-fonctionnaire de police, pour qui “certains éléments du dossier n’étaient pas clairs, notamment au sujet (du rôle) de supérieurs hiérarchiques” qui ne faisaient pas partie des prévenus.

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