À 28 ans, Shannon Seban se lance dans la campagne des élections européennes. Officiellement investie, elle se dit “fière de représenter la Seine-Saint-Denis“, où elle est présidente du parti présidentiel, Renaissance, et conseillère municipale d’opposition à Rosny-sous-Bois.
Après les municipales en 2020 à Rosny-sous-Bois, les législatives dans la Loire en 2022, Shannon Seban a bien entamé la campagne des élections européennes. “Nous avons déjà accueilli pour des réunions publiques en Seine-Saint-Denis, la quasi totalité des députés de notre délégation L’Europe Ensemble au Parlement européen [ndlr, laquelle rassemble 22 eurodéputés Français et un Italien au sein du groupe Renew Europe] et une dizaine de ministres“, assure la présidente du parti présidentiel dans le 93 depuis janvier 2023.
Dans les sondages, la liste de Valérie Hayer peine cependant à décoller, à plus de dix points derrière la liste du RN. Mais pas de quoi démoraliser Shannon Seban. “La campagne commence à prendre petit à petit. L’élection européenne se joue en très peu de temps, un mois tout au plus. Aujourd’hui, les sondages ne sont pas du tout représentatifs. On vient tout juste de dévoiler notre programme et nos colistiers“, souligne la jeune femme.
Shannon Seban veut y croire. “Il y a une méconnaissance du scrutin. Il faut faire tout un travail de pédagogie, prendre le temps d’expliquer ce qu’est le Parlement européen“, explique-t-elle.
La jeune femme se présente comme une “pro-européenne convaincue“. Passée par les cabinets d’Olivier Véran, de Christelle Dubos, de Brigitte Klinkert, puis de Bruno Le Maire pendant deux ans, elle a, auparavant, été collaboratrice de Stéphane Sejourné, alors député européen (aujourd’hui ministre des Affaires étrangères). “J’ai le sens du service chevillé au corps, j’ai l’Europe au cœur. J’ai fait toute mon expérience professionnelle et mon parcours de formation sur les enjeux européens“, résume-t-elle.
Pour montrer à quoi sert l’Europe, Renaissance 93 diffuse depuis quelques mois sur les réseaux sociaux une mini-série intitulée “L’Europe près de chez vous“. “L’Europe, c’est du concret et change notre quotidien. La rénovation énergétique au collège Oum Kalthoum à Montreuil, qui vient d’être achevée, a été réalisée grâce à des fonds européens“, prend-elle comme exemple. Idem pour l’aménagement de nouvelles pistes cyclables à Pantin ou pour l’octroi de nouvelles accréditations du programme Erasmus + pour les étudiants du département. “Notre liste Besoin d’Europe peut par ailleurs s’appuyer sur un bilan : cela fait sept ans que le président Emmanuel Macron a été élu. Elle s’appuie sur des compétences et des expertises très diverses avec une forte représentativité du territoire. On a aussi de nouveaux visages dont je suis fière de faire partie“, défend aussi la candidate qui figure au 25ème rang sur la liste de Valérie Hayer.
“Je suis fière de représenter la Seine-Saint-Denis“, insiste Shannon Seban qui est née à Bagnolet. “Ce territoire me tient à cœur parce qu’il est représentatif de notre pays : c’est la diversité des cultures et des religions, c’est la laïcité et la jeunesse. 40% de la population y a moins de 25 ans. La Seine-Saint-Denis est aussi une terre d’accueil des Jeux olympiques. C’est ce que j’essaye aussi de faire comprendre : c’est un territoire d’espoir qui prouve que le vivre-ensemble est possible. Bien sûr, il y a des problèmes de pauvreté, de chômage et de délinquance. Mais ce que je veux mettre en avant, c’est cette jeunesse ambitieuse, et je veux prouver que l’ascenseur social et la méritocratie existent dans notre pays. Il n’y a pas de déterminisme social. Je me suis faite toute seule“, souligne-t-elle.
Shannon Seban n’était justement pas prédestinée à la politique. “Je suis une femme de terrain, d’engagement et de combat. Mes parents n’ont pas eu la chance de poursuivre des études et d’obtenir leur baccalauréat. En revanche, dans la famille, on a la culture du lever tôt et du travailler dur. Je suis née dans une famille multiculturelle. Mon père est né en Algérie, ma mère est née au Maroc.“, relate-t-elle. “Personne n’y croyait quand je me suis engagée en politique. Sauf mon papa que j’ai perdu, dans mes bras, en 2019. Un moment de rupture : je pensais ne jamais pouvoir me relever. Quelques jours après, en pensant à papa, j’étais sur le terrain pour les municipales. J’ai toujours voulu me sentir utile au service de mes concitoyens“, confie-t-elle encore. C’est à Rosny-sous-Bois, ville où elle a grandi et vit toujours, qu’elle décroche ses premiers galons en politique. Elle est, en effet, élue en 2020, sur la liste de l’ancien maire (LR), Claude Capillon. Au conseil municipal, elle siège aujourd’hui dans l’opposition, mais comme élue indépendante.
Dans ce scrutin européen, Shannon Seban réserve ses attaques les plus acérées aux listes RN de Jordan Bardella et LFI de Manon Aubry. “Notre liste fait la différence parce que c’est la seule pro-européenne. Est-ce que l’on veut préserver cet espace de paix et de solidarité ou est-ce que l’on veut basculer dans l’obscurantisme qui est aujourd’hui très clairement incarné par le RN et dont les accointances avec le régime de Poutine n’est plus à démontrer ?“, interroge-t-elle.
Pour elle, “certaines listes ont fait de ces élections européennes un marche pied pour les élections [presidentielles] de 2027. Je trouve cela non seulement malhonnête, mais extrêmement dangereux et égoïste“, fustige-t-elle, ciblant “Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan qui ont décidé de placer le conflit israélo-palestinien au cœur de leur campagne. À un mois du scrutin, j’attends toujours les propositions de LFI sur l’Europe“, tacle-t-elle. Elle déplore au passage une “indignation à géométrie variable” de la part de LFI. “Où étaient leurs élus quand, en 2013, Bachar El Assad utilisait l’arme chimique contre sa propre population ?”
Un positionnement qui affecte d’autant plus Shannon Seban, qu’il attise les clivages dans la société française dans un contexte de montée de l’antisémitisme, dont elle a, elle-même, été victime sur les réseaux sociaux (attaques pour lesquelles elle a porté plainte). “Je suis juive. Mais pour moi la religion fait partie de la sphère privée. J’ai fait de la lutte contre l’antisémitisme l’un de mes combats bien avant le 7 octobre [ndlr, date de l’attaque du Hamas en Israël]. Je combats avec la même détermination le racisme, l’islamophobie, l’homophobie et, tout ce qui entretient la haine de l’autre“, tient-elle à préciser. “Ces combats, je veux les porter au Parlement européen, c’est un sujet qui dépasse nos frontières nationales. L’enjeu du scrutin du 9 juin est très clair : alors que la guerre est aux portes de l’Europe, il s’agit de préserver cette Europe de paix et de solidarité qui a été pensée par les pères fondateurs sur les ruines des deux guerres mondiales. Notre liste porte la crédibilité d’un bilan et la force d’un projet pour une France forte dans une Europe souveraine et puissante que ce soit en termes de défense, d’économie, d’écologie ou de social“, enjoint-elle.
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