Un bois sombre, un crime à l’arme blanche dans un parking, une femme qui court en ville la nuit, un dispositif de pendaison… Le MacVal propose une vaste immersion dans l’univers du fait divers, abordé dans toutes ses dimensions esthétiques, judiciaires, cliniques, cocasses, terrifiantes…
« Faits divers – Une hypothèse en 26 lettres, 5 équations et aucune réponse » Tel est le nom de la nouvelle exposition installée au Musée d’art contemporain du Val-de-Marne (MacVal). Une généreuse proposition orchestrée conjointement par Nicolas Surlapierre, le directeur du musée, et Vincent Lavoie, historien de l’art et professeur titulaire à l’université du Québec à Montréal. Pour les deux commissaires, il s’agissait de réparer un oubli, celui d’une véritable analyse artistique du fait divers, dans toutes ses dimensions.
La photo de Une représente l’œuvre Suicide (Détail) (1991) de Alain Séchas, Suicide. Polyptique de 9 sérigraphies sur PVC, 32 × 45 cm (chaque). Collection Institut d’art contemporain (IAC), Villeurbanne/Rhône-Alpes. © Adagp, Paris 2024. Photo © Blaise Adilon
“Le fait divers est aussi une des grandes manifestations de la société du divertissement. Néanmoins, s’il ne dit rien du réel, il en soulève la complexité et la profondeur. Le fait divers est la révélation de l’insondable mystère de la banalité. Il est le grain de sable qui grippe la morne routine des choses, l’anomie brutale, l’explosion de violence sous l’eau qui dort, la cruauté chez les braves gens”, motivent-ils. Pour le musée, l’exploration de ce récit populaire est par ailleurs l’occasion de “questionner certains protocoles et modes opératoires de l’art contemporain”.
Pour envisager toutes ces perspectives, le musée propose un abécédaire et a suivi un fil rouge : celui de l’énigme, structurant l’exposition autour de cinq équations, qui se partagent chacune quelques mots de l’abécédaire, et sont toutes introduites par des pièces à conviction.
L’abécédaire : Assassinat, Brulé, Crash, Disparition, Enquête, Féminicide ?, Gags, Hémoglobine, Indice, Judiciaire, Kidnapping, Lieux, Médias, Notes, Outrage, Punctum, Quoi ?, Reconstitution, Suicide, Témoins, Usurpation, Vraisemblable, Watts, X (plainte contre), Yeux, Zoom
La première pièce à conviction n’est pas des moindres, puisqu’il s’agit d’une des pages du carnet d’Henri-Désiré Landru, condamné à mort en 1921 pour le meurtre de 11 femmes, dans lequel il consignait méticuleusement la comptabilité de ses crimes. Un peu plus loin, l’œilleton du docteur Petiot, par lequel il regardait agoniser les victimes qu’il assassinait par asphyxie, terrifie.
Tour à tour, l’expo joue sur tous les sentiments, présentant des œuvres de toute forme : installation, peinture, sculpture, photo, vidéo, pourvu que l’évocation soit là. Ainsi en est-il du parachute de la Seconde Guerre mondiale dont Agnès Geoffray a fait une installation sanglante.
Beaucoup de textes nourrissent aussi l’exposition, glaçants ou absurdes. Car c’est bien l’objet de l’art aussi, que de fuir l’épouvantable par l’humour, même noir, ou la poésie. Comme le texte d’Eric Pougeau, ci-dessous :
Collection Antoine de Galbert, Paris
Photo © Célia Pernot
80 artistes* ont été convoqués pour composer l’exposition. Autant d’univers créatifs à explorer, en parallèle de plonger dans les bas-fonds des faits-divers. Pour les présenter, le musée organise une série d’événements et d’animations, dans et hors les murs. Plusieurs festivals de cinéma proposeront notamment des projections, en écho à l’exposition.
Voir le programme complet
Exposition à voir jusqu’au 13 avril 2025 au MacVal de Vitry-sur-Seine
Du mardi au dimanche de 11h à 18h, Place de la Libération
Le tarif plein est de 5 euros.
*Les artistes : Absalon, Lawrence Abu Hamdan, Mac Adams, David Ancelin, Eduardo Arroyo, Julien Audebert, Delphine Balley, Lewis Baltz, Ben, Carole Benzaken, Pascal Bernier, Ode Bertrand, Maurice Blin, Samuel Bollendorff, Christian Boltanski, Corinne May Botz, Véronique Boudier, Halida Boughriet, Mohamed Bourouissa, Xavier Boussiron, Joël Brisse, La Brodeuse masquée, Brognon Rollin, Benoît Broisat, Bureau of Inverse Technology, Sophie Calle, Jérôme Cavalière et Stéphane Déplan, Stephen Chalmers, Grégory Chatonsky, Nicolas Cilins, Claude Closky, Julien Creuzet, Claire Dantzer, Nicolas Daubanes, Nicolas Descottes, Éric Dubuc, Michel François, Sylvain Fraysse, Agnès Geoffray, Camille Gharbi, John Giorno, Ana Maria Gomes, Pierre Huyghe, Ismaël Joffroy Chandoutis, Michel Journiac, Nina Laisné, Abigail Lane & Mathew Weir, Jean Le Gac, David Levinthal, Caroline Macdonald, Marko Mäetamm, Teresa Margolles, Pascale Mijares, Joachim Mogarra, Sabine Monirys, Jacques Monory, Yan Morvan, Natascha Niederstrass, Didier Paquignon, Christian Patterson, Daniel Pommereulle, Éric Pougeau, Alain Pratte, Julien Prévieux, Lidwine Prolonge, André Raffray, Philippe Ramette, Virginie Rebetez, Antonio Recalcati, Jason et Carlos Sanchez, Alain Séchas, Bruno Serralongue, Nancy Spero, Angela Strassheim, Kiran Subbaiah, Taroop & Glabel, Julien Tiberi, Yann Toma, Nils Vandevenne, Cecilia Vicuña, Bob Watts…
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