Depuis le 26 décembre, la crèche et le jardin d’enfants de l’Association franco-allemande pour l’animation et la communication (Afaac), situés à Créteil, font l’objet d’une fermeture administrative temporaire, au grand dam des parents. Ce mercredi, une nouvelle réunion a toutefois laissé entrevoir une sortie de crise. Explications.
Créée en 1985 par des couples franco-allemands, l’association vise à permettre aux enfants de découvrir une langue étrangère dès leur plus jeune âge. Le projet pédagogique s’appuie ainsi sur le bilinguisme, avec des éducateurs germanophones. Il s’inspire aussi des principes de la pédagogie d’Emmi Pikler (contemporaine de Maria Montessori) pour développer l’autonomie de l’enfant, explique le directeur des structures et président de l’association, Nasser Boukhentache. L’association compte aujourd’hui deux établissements qui accueillent au total une trentaine d’enfants, avec une dizaine d’encadrants.
À l’origine de la décision préfectorale, des constats de non-conformité, notamment concernant le ratio de professionnels qualifiés pour accueillir des enfants de moins de trois ans, et l’absence d’un plan de travaux exhaustif pour mettre les locaux aux normes sur le plan de la sécurité.
Fermeture administrative
L’arrêté préfectoral pris le 22 décembre impose la fermeture administrative jusqu’au 26 mars, laissant la possibilité de revenir sur cette décision “si l’ensemble des non-conformités était levé”, ou au contraire de procéder à une fermeture définitive si elles persistaient.
Suite à l’arrêté, l’association a fait un recours en référé (procédure d’urgence) auprès du Tribunal administratif de Melun, lequel rejeté la demande. L’association a donc saisi le Conseil d’État pour contester, arguant d’une décision disproportionnée au regard des non-conformités qui pourraient subsister. Dans ses conclusions, le Conseil d’État a toutefois estimé que “l’association avait été alertée depuis plusieurs mois de la nécessité de procéder à des travaux” et “avait été alertée à plusieurs reprises de la persistance de dysfonctionnements quant à la qualification des professionnels.” Le 18 janvier, il a également rejeté la requête en urgence.
Transposition des diplômes et travaux de conformité
Concernant les diplômes, la principale difficulté, explique le directeur, est de transposer les diplômes allemands en France. “75% des personnes encadrantes sont allemandes”, précise-t-il. Certains, les principaux diplômes allemands, les plus importants, sont déjà reconnus dans un décret français. Mais l’Allemagne est beaucoup plus décentralisée, composée de Lander qui ont chacun leur fonctionnement. Certains diplômes doivent donc faire l’objet de traductions assermentées par des personnes habilitées par les tribunaux, qui cherchent la correspondance entre études allemandes et françaises. Une complication qui n’avait jusque-là pas posé de problèmes à l’établissement. Selon le directeur, une réunion “constructive”, organisée ce mercredi entre les parents et représentants de l’association, et le département, a toutefois permis d’avancer vers des points d’accord. “Des premiers diplômes ont été validés et nous avons fait une proposition d’équipe remaniée”, détaille Nasser Boukhentache. L’une des encadrantes, à qui il manque uniquement une certification en français, va également passer un test pour se mettre en conformité.
Concernant les travaux exigés, le directeur indique qu’ils ont été réalisés durant les semaines de fermeture. “Nous espérons désormais une contrevisite au plus vite”, insiste le président de l’association.
7 enfants ont rejoint des structures de la ville
De son côté, la municipalité de Créteil a fait savoir qu’elle maintenait son soutien à l’association, ce qui se traduit via un bail associatif à loyer modéré et une subvention de fonctionnement. La commune a par ailleurs proposé aux familles des solutions de garde transitoire. “À ce jour, sept familles ont sollicité la municipalité qui a répondu favorablement à leurs demandes”, indique la municipalité à 94 Citoyens ce mercredi.
Les autres parents se sont organisés, espérant une réouverture rapide. À l’instar de Laura, qui anime un collectif de parents mobilisés. La Cristolienne a choisi de retirer son fils de trois ans du public, considérant que les classes à 27 sont trop chargées et refusant qu’il puisse être en contact avec des écrans. “Je me relaie avec mon mari. Il part plus tard au travail et je reviens plus tôt, en privilégiant le télétravail, mais nous n’avons plus de vie de famille, et on est en train d’écumer tous nos jours de congé”, déplore la mère.
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