Top départ pour l’édition 2024 de la Street Art Avenue, un projet culturel qui vise à enrichir chaque année d’œuvres nouvelles le parcours qui va du Stade de France au bassin de La Villette, le long du canal Saint-Denis. De l’art soumis aux aléas de la rue, et c’est ce qui le rend mouvant, vivant, émouvant. La preuve avec la monumentale fresque de Kashink, inaugurée mardi. Rencontre.
En arrivant mardi matin au 132 rue Danielle Casanova, à Saint-Denis, Kashink a eu une très mauvaise surprise. À peine achevée, son œuvre qui s’étend sur le mur d’une tour de plus de 10 mètres de haut, a été taguée. “Quand je suis partie, hier soir, vers 21h00, il n’y avait rien, c’était jaune en bas. Ce matin j’ai trouvé ça… Au début, je pris ça comme une intrusion“, commente l’artiste qui est justement engagée sur les questions de genre et d’égalité femmes-hommes. Elle pointe les graffitis dessinés au pied de la façade. “Mais j’ai décidé de ne pas subir et plutôt de me l’approprier. Après tout c’est mon mur, donc j’ai rajouté le rouge. Et finalement, je trouve que ça fait une bonne collab. Ce n’est pas juste tag, le mec s’est appliqué !”, plaisante-t-elle.
“Des œuvres pour le plus grand nombre“
Malgré la pluie, de nombreux habitants de la cité n’ont pas manqué l’inauguration de son graff. “J’espère que vous aimez, on était beaucoup à participer“, lance Marvin, 9 ans, tout sourire. Comme lui, une quinzaine d’enfants se sont essayés à l’art du graffiti sur un autre mur, dans le cadre d’ateliers avec l’artiste. “Je suis ravie d’avoir pu créer ce lien avec les personnes qui habitent ici. Ce sont des moments précieux et de grande joie avec les enfants. C’est très important qu’il y ait cet échange parce que je ne vis pas ici et on me donne une visibilité énorme“, souligne Kaskhink.
Maëva, de son vrai prénom, explique d’ailleurs s’être tournée vers le street art “pour proposer des œuvres au plus grand nombre dans des espaces ouverts et gratuits” car “les lieux traditionnels de culture comme les galeries ou les musées peuvent paraître parfois perçus comme élitiste.” En novembre, Kashink était au Brésil dans une favela où elle a réalisé une autre peinture immense avec un artiste local, mais, au sol, sur un terrain de sport. Toujours en connexion avec le lieu où elle travaille, cette collaboration s’est faite avec des associations d’habitants et de personnes sans abris.
“Ici, on m’a laissé carte blanche, ce qui est appréciable“
Pour l’artiste, originaire de l’Essonne, près des Ulis, Saint-Denis est son premier grand mur en France. Mais pas à l’étranger. En 18 ans de carrière, elle s’est fait un nom. Reconnaissable à la fine moustache qu’elle se maquille chaque matin, elle a fait naitre ses visages protéiformes et très colorés un peu partout. “Je fais toujours quatre yeux, c’est mon délire. Ça fait longtemps que j’ai créé ces personnages. J’ai toujours été fascinée par la tradition du masque et du maquillage. J’aime bien la coquetterie. Si tu regardes bien, les yeux sont bien maquillés, il y a plein de détails. Ici, on m’a laissé carte blanche, ce qui est appréciable“, indique-t-elle.
Côté technique, Kashink a utilisé la bombe, mais avec modération. “Je limite son utilisation, parce que ce n’est pas recyclable, ce n’est pas bon pour l’environnement ni pour mes poumons. Il y a donc pas mal de peinture au rouleau.“
Top départ de la Street Art Avenue 2024
Comme neuf nouvelles œuvres, celle de Kashink vient enrichir un parcours de 5 km qui s’étend, du bassin de la Villette au Stade de France, le long des berges du canal Saint-Denis. Lancée en 2016, la Street Art Avenue est portée par l’intercommunalité Plaine Commune, le département de la Seine-Saint-Denis et les villes de Saint-Denis, Aubervilliers et Paris. Avec les Jeux olympiques et paralympiques, elle devenue un projet majeur de l’Olympiade culturelle (ce programme pluridisciplinaire qui vise à allier sport, culture et inclusion et est financée par le comité d’organisation des jeux et le ministère de la Culture).
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