“L’humanité avant la rentabilité !” Des dizaines d’agents de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) étaient en grève mardi contre le nombre “irréaliste” de dossiers de demandeurs d’asile qu’il leur est demandé de traiter.
Rassemblés devant le siège de l’Ofpra, à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), une soixantaine d’agents ont dénoncé une “politique du chiffre” qui selon eux conduit à des “burn out” (épuisement au travail) et à “d’importants” départs de personnel. Cette cinquième journée de mobilisation en cinq mois a eu lieu en pleine négociation sur le Contrat d’objectifs et de performance (COP) pour 2024-2026.
“La cadence n’est pas tenable”, a affirmé à l’AFP Anouk Lerais, représentante CGT, en évoquant des “objectifs gouvernementaux de réduction des délais d’instruction des demandes d’asile à deux mois (contre quatre en moyenne aujourd’hui)”.
“Il est demandé à chaque agent de conduire 1,7 entretien par jour et de rendre 386 décisions par an sur des dossiers de plus en plus complexes. Il faudrait abaisser ces objectifs de 25%”, selon cette officier de protection-instructeur.
Un de ses collègues, soumis au devoir de réserve, a déploré des “injonctions contradictoires”: “les délais pour examiner les dossiers se réduisent, mais une fois qu’une mesure de protection est décidée, le temps pour octroyer des papiers d’identité, indispensables à toute démarche administrative, lui est très long et dépasse un an”.
L’intersyndicale CGT-Asyl, après avoir été reçue par la direction, a décidé de reconduire la grève suivie par quelque 200 agents au total, selon la CGT.
La direction de l’Ofpra a confirmé qu‘”environ 190 agents, soit un peu moins de 20% de l’effectif de l’établissement” s’étaient “mobilisés” mardi.
Julien Boucher, son directeur général, a souligné des “avancées significatives” sur plusieurs des revendications des syndicats, dont “une importante revalorisation de (la) rémunération” des agents, la “création de seize emplois nouveaux” pour renforcer les services d’état-civil des bénéficiaires de la protection internationale et des “mesures” pour “favoriser la qualité de vie au travail”, notamment sur le télétravail.
En quête d’un équilibre entre rendement et qualité
Concernant par ailleurs les objectifs assignés aux officiers instructeurs, “des discussions sont actuellement en cours avec les tutelles de l’établissement pour rechercher le meilleur équilibre” entre la réduction des délais et le maintien de la “qualité des décisions” et “de vie au travail des agents, dans un contexte de complexification de l’examen des demandes d’asile”, a-t-il souligné dans un déclaration à l’AFP.
En 2023, la demande d’asile a continué d’augmenter en France pour atteindre le niveau historique de 142 500 demandeurs, le plus haut jamais enregistré, selon l’établissement.
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