De petites taches grisâtres dans un coin du plafond de la chambre. En apparence pas grand chose, mais ces moisissures représentent un réel danger pour la santé, souvent sous-estimé par les habitants. Exemple à Colombes et Marly-le-Roi.
Julien M. vient d’être papa de son deuxième enfant. Avant l’arrivée de sa petite fille, il a nettoyé les moisissures qui apparaissent régulièrement dans la chambre parentale de son appartement, à Marly-le-Roi. Il a aussi appliqué un traitement anti-moisissures et repeint le plafond. “Mais les moisissures sont réapparues à peine dix jours après”, explique-t-il. Or, les moisissures d’humidité créent de l’aspergillius, un champignon qui peut provoquer allergies et problèmes respiratoires s’il contamine les poumons.
Les moisissures peuvent aussi menacer une maison. Dans le sous-sol de Rodolphe, à Colombes (Hauts-de-Seine), des sels minéraux grignotent petit à petit les murs. Ils viennent de l’humidité de la terre qui entourent les fondations de la maison, “mal protégées” selon Maxime Gay, directeur d’une agence Murprotec, spécialisée dans le traitement de l’humidité et de la pollution de l’air intérieur, après analyse de l’humidité des murs et du type de moisissures présentes.
L’air intérieur est cinq à huit fois plus pollué que l’air extérieur selon les estimations de l’Observatoire de la qualité des environnements intérieurs (OQEI). Le sujet de la qualité de l’air intérieur “a été sous-étudié, malgré son importance dans nos vies”, puisque les Français passent 80% de leur temps en milieu clos (logement, travail, transports), estime Margaux Sanchez, spécialisée en évaluation des risques liés à l’air à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
20 000 décès prématurés par an
L’humidité n’est pas le seul facteur d’une mauvaise qualité de l’air intérieur, qui peut être dégradée par plusieurs sortes de polluants chimiques, physiques – comme l’amiante – ou biologiques, comme le pollen ou les acariens. Ces pollutions peuvent venir de l’extérieur, des matériaux utilisés pour construire le bâtiment, mais surtout des comportements : fumée de tabac, utilisation de bougies et d’encens, nettoyage avec des produits nocifs.
En 2014, l’Anses a estimé à près de 20 000 par an le nombre de décès prématurés causés par les six principaux polluants de l’air intérieur. Chaque année, il y aurait plus de 31 000 nouveaux malades.
C’est dans ce contexte que Murprotec a lancé des actions de prévention, dont une étude réalisée avec l’association Santé respiratoire France auprès de 310 personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques ou leurs aidants. Parmi elles, 43% ont déclaré avoir déjà habité dans un logement présentant des traces d’humidité et une majorité n’a pas conscience des dangers sur la santé.
“Les moisissures sont mauvaises pour la santé respiratoire, elle peuvent déclencher des crises d’asthme, des maux de tête, une gêne respiratoire, une gêne olfactive“, prévient Margaux Sanchez.
Mieux isolés mais moins ventilés
Maxime Gay, lui, constate que “souvent les gens regardent ailleurs quand ils ont des moisissures et ne s’en occupent pas”, mais en rongeant “les liants du mur”, les sels minéraux fragilisent la solidité du bâtiment.
Pour Rodolphe, à Colombes, la meilleure solution sera d’améliorer l’étanchéité des fondations de sa maison. “Le système de ventilation – une simple VMC – est sous-dimensionné pour votre logement, qui est bien isolé, avec des fenêtres double-vitrage”, leur explique Maxime Gay.
Pour la famille de Marly-le-Roi, une meilleure ventilation est nécessaire. Des systèmes de ventilation plus performants peuvent être installés, mais vont nécessiter l’avis de l’assemblée générale des copropriétaires de la résidence du couple. “En attendant, aérez le plus possible, séchez le linge à l’extérieur et nettoyez les moisissures au vinaigre blanc dès qu’elles apparaissent”, préconise le spécialiste.
La recommandation de l’Anses est de “ventiler au moins 10 minutes par jour” en créant un courant d’air, rapporte Margaux Sanchez. Pour les logements récents, mieux isolés pour des raisons énergétiques, mais pas forcément mieux ventilés, ces dix minutes se révèlent parfois insuffisantes.
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