Sécurité | Ile-de-France | 26/03
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Jeux olympiques : comment le Raid se prépare à parer une “tuerie de masse”

Jeux olympiques : comment le Raid se prépare à parer une “tuerie de masse” © wcc Domenjod

À l’abri derrière le “Black Wolf”, le blindé de 9 tonnes dernier cri du Raid, une colonne d’hommes en noir casqués et armés progresse lentement vers l’école de police de Draveil (Essonne), théâtre la semaine dernière d’une simulation d’attaque terroriste grandeur nature.

Une heure plus tôt, quatre assaillants encagoulés et équipés de fusils d’assaut ont pénétré dans le bâtiment principal du site, l’ancien château des Bergeries édifié à la fin du XIXe siècle, dont l’habituelle quiétude est tout à coup noyée sous les gaz lacrymogènes et le vacarme des grenades. Quand l’équipe d’alerte du Raid débarque de sa base de Bièvres, située à une trentaine de kilomètres, des unités intermédiaires – les compagnies départementales d’intervention (CDI) des Yvelines et de l’Essonne – ont déjà investi les lieux.

Un “brief” est organisé au PC (poste de commandement) de crise improvisé sur le parking de l’école. Plan du site à la main, le capitaine Romain, responsable de la colonne, transmet à ses chefs d’équipe les dernières informations récoltées par les policiers primo-intervenants: la localisation des assaillants encore en vie, le nombre de victimes et d’otages. Un membre d’une CDI, le “poisson-pilote”, se glisse parmi les hommes du Raid pour les guider dans leur assaut.

100 agents d’élite veilleront sur la cérémonie d’ouverture

“L’idée c’est de travailler l’interopérabilité entre tous les services (de police) et les pompiers”, également engagés sur cet exercice de “tuerie de masse”, explique le major Stéphane qui dirige les opérations. Si le Raid n’a pas attendu les JO pour s’entraîner à affronter ce scenario, travaillé au moins une fois par an en conditions réelles, la possibilité d’une attaque d’ampleur lors de la quinzaine olympique est dans toutes les têtes. Deux-cents effectifs de l’unité d’élite seront mobilisés chaque jour, dont une centaine lors de la très sensible cérémonie d’ouverture sur la Seine.

L’attentat de Moscou, revendiqué par le groupe jihadiste État islamique (EI) et qui a fait 137 morts, est venu rappeler que les scènes d’horreur qu’a connues la France lors des attentats de 13-Novembre ou le 14 juillet 2016 à Nice peuvent se répéter. La directrice générale de la sécurité intérieure Céline Berthon avait évoqué le 5 mars, devant le Sénat, “des organisations terroristes qui ciblent l’Occident et à n’en pas douter, à l’approche de l’évènement, se saisiront de l’opportunité que sont les Jeux olympiques”.

“Matière mûre”

À mesure qu’elle progresse dans l’école, l’unité d’élite découvre un spectacle de désolation avec plusieurs corps – des élèves policiers figurants – jonchant un sol maculé de faux sang, dans le hall et jusqu’en haut de l’escalier en colimaçon menant aux combles. Derrière une porte, au bout d’un couloir, un assaillant retient une quinzaine d’otages. Une liaison vidéo a été établie avec des négociateurs du Raid en formation, logés dans une pièce deux étages plus bas. Après avoir échoué à obtenir la reddition, l’intervention est déclenchée. Une caméra filaire avec tête pivotante est glissé sous la porte pour s’assurer que l’assaillant ne se trouve pas en embuscade. Puis, grâce à un système de cordage astucieux, le spécialiste “effraction” parvient à ouvrir la porte en silence et hors de portée de tirs.

“Tango n°4”, désignant le quatrième terroriste, est finalement “neutralisé” et ses captifs libérés sains et saufs. Simultanément, un dernier “hostile” sème la mort dans les dortoirs. Des braillements d’enfants, qui retentissent pour de vrai de la cour de récréation d’une école primaire mitoyenne, donne à la scène une atmosphère surréaliste. À l’entrée du bâtiment, le “droniste” de l’équipe actionne son aéronef, dont les images sont retransmises en direct sur sa manette bardée de boutons.

Une fois assurée que l’accès aux coursives est “clair”, vide de toute menace immédiate, la colonne s’engage, accompagnée de “Patton”, un berger belge spécialiste de l’assaut. L’assaillant est finalement abattu après un échange de tirs. “Finex”, fin de l’exercice.

“C’est une répétition. Ce genre d’exercice, on le fait très régulièrement (depuis les attentats de 2015, ndlr) afin que le système soit le plus huilé possible et là, ça s’est parfaitement bien passé”, témoigne Pierre, adjoint au chef de la section d’appui opérationnelle du Raid.

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