Plusieurs centaines d’habitants se sont réunis ce lundi 18 mars à Noiseau, à l’invitation des élus et parlementaires locaux, pour réaffirmer leur opposition à la construction d’une prison. Plusieurs décisions y ont été prises comme la tenue d’un référendum et une manifestation. Parmi les nouveaux arguments soulevés par les opposants : le caractère inondable du terrain, photos à l’appui.
Comme il y a un an, lors du lancement de la concertation publique, la salle polyvalente de Noiseau a fait le plein ce lundi soir. “Il y avait près de 500 personnes”, estime le maire de Noiseau, Yvan Femel (LR). Et “jusqu’à 3 500 spectateurs” sur TikTok, chiffre le Collectif citoyen Actif et engagé pour Noiseau, qui organisait un live sur le réseau social.
Cette fois, ce n’est pas la Commission nationale du débat public qui organisait le débat pour présenter le projet, mais les élus, et l’enjeu n’était pas de présenter le projet, mais de mobiliser contre. Tour à tour, maires, président du département et parlementaires locaux se sont ainsi succédé pour dénoncer le projet, évoquant les différents arguments contre.
Rappel du contexte
Annoncé en octobre 2018, le projet de construire une prison de 700, et désormais 800 places, à Noiseau, ville de 5 000 habitants, a immédiatement suscité la colère de la population, soutenue par un front uni d’élus de tous bords, d’un bout à l’autre du département. Mais, la maison d’arrêt de Fresnes, dotée de 1400 places, est en surpopulation chronique, parfois avec un taux de 200%. Dans ce contexte, l’objectif de construire une prison en Val-de-Marne est demeuré constant. Après avoir éliminé plusieurs sites potentiels, l’Apij (Agence publique pour l’immobilier de la Justice) a confirmé le choix de Noiseau, qui dispose encore de terres non construites, en particulier des terres agricoles, à proximité de l’ancien site France Télécom.
Début 2023, l’Apij a organisé une première concertation publique, lors de laquelle la population a massivement exprimé son refus de voir s’implanter une prison, notamment lors d’une réunion qui a attiré plus de 600 habitants en colère. Les principales réserves portent sur les risques d’embouteillage pour accéder au site, alors que les routes sont déjà encombrées et que les transports en commun sont insuffisants, la présence de terres agricoles exploitées, les risques d’inondation, les nuisances (bruit des détenus qui se hèlent par la fenêtre, lumière autour du site, éventuels drones ou hélicoptères, de la sécurité…) pour les habitants et encore le risque de dévaluation immobilière des habitations.
En juin 2023, malgré un rapport témoignant de l’hostilité des habitants, l’Agence a toutefois décidé de maintenir le projet, promettant de répondre aux réserves exprimées. Fin 2023, un appel d’offre a été lancé pour la construction. L’objectif affiché est d’ouvrir la prison en 2027.
Alors que la Région a tenté de sanctuariser le site en terres agricoles, dans son projet de schéma directeur régional, l’État a répliqué en déclarant la future prison comme Projet d’Intérêt général (PIG), ce qui lui permettra de passer au-dessus des différentes contraintes urbanistiques. La concertation concernant ce PIG, en cours jusqu’au 29 mars, a déjà reçu plus d’un millier de contributions en ligne, massivement contre. Régulièrement interrogé par les parlementaires sur le sujet, le gouvernement promet d’être vigilant et de mener toutes les études préalables pour prévenir les risques mis en avant par les habitants.
Au-delà des menaces d’expropriation d’exploitants agricoles, l’un des nouveaux arguments mis en avant est la découverte dans le sol, entre 50 cm et 1 mètre de profondeur, d’un système de drainage en terre cuite, datant du 17ᵉ siècle. Un système hydrologique qui revêt à la fois un intérêt patrimonial et environnemental, plaident les élus. Une mission a été déléguée à l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) pour évaluer la situation. Les élus s’inquiètent en particulier des risques d’inondation, photos à l’appui.
Des photos du site, prises mardi 12 mars par le Collectif, et transmises à 94 Citoyens, montrent, en effet, un champ complètement inondé. “On se croirait dans le Gange ! commente le sénateur Christian Cambon. Alors même que l’un des arguments avancés pour construire ici est qu’il ne s’agit pas d’un site inondable !”
Référendum et marche contre la prison
Ce lundi soir, deux nouvelles actions ont été lancées pour poursuivre la mobilisation. La première est l’organisation d’une grande marche contre la prison, le samedi 27 avril. Rendez-vous est déjà donné devant la mairie de Noiseau, à 14h30.
La seconde initiative, soufflée par un des spectateurs du live TikTok, est la tenue d’un référendum ans les quatre communes les plus directement concernées, à savoir Noiseau, Sucy-en-Brie, La Queue-en-Brie et Ormesson-sur-Marne, sous réserve qu’un tel scrutin soit légal, précise Yvan Femel.
En attendant, les parlementaires promettent de continuer à poser des questions au gouvernement pour rappeler leur désapprobation et soulever à chaque fois les nouveaux obstacles, et le collectif invite à “noircir les registres” de la concertation publique pour qualifier le projet d’intérêt général.
Comme d’habitude et comme sur d’autres sujets, TOUT LE MONDE veut plus de prisons, mais PAS OU ILS HABITENT …
Compréhensif.
N’y a -t-il pas assez de terrain en province, loin des villes où les terrains et la construction reviendrait moins chère ?
Et au moins les détenus seraient “au grand air”.
Il suffirait de créer une route pour y accéder, rien d’autre.
Heu non TOUT LE MONDE ne veut pas plus de prison !!
Mais quitte à joindre l’utile à l’agréable, personne n’a envie d’avoir à proximité de chez soit des mecs qui gueulent du matin au soir avec des miradors en ligne de mire de sa fenêtre.
C’est quand même dingue que ce gouvernement s’obstine à vouloir passer en force alors qu’il y a des terrains à perte de vue dans le 77 à quelques km de là au bord de la RN4 par ex
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