La sûreté du zoo de Thoiry a-t-elle été défaillante? Quelques jours après avoir été grièvement blessée par des loups dans le parc animalier des Yvelines, une joggeuse a porté plainte pour manquements à une obligation de sécurité de la part de l’établissement.
Une enquête pour blessures involontaires a été ouverte par le parquet de Versailles après que cette femme de 37 ans a été mordue par trois loups, des mollets jusqu’au cou, dans une zone normalement interdite aux piétons.
Hospitalisée en urgence absolue, elle est désormais dans un état stable, mais n’est pas en mesure de s’exprimer en raison d’une blessure au larynx, a précisé son avocate, Cosima Ouhioun.
“Elle espère que son cas serve à établir des standards suffisants en matière de sécurité dans ce parc animalier pour que plus jamais cela ne se reproduise”, a déclaré Me Ouihoun.
Dans un compte rendu remis mercredi à la brigade de gendarmerie de Mantes-la-Jolie et consulté par l’AFP, la victime raconte être arrivée à Thoiry samedi en fin de journée avec sa mère et son fils de 2 ans et avoir séjourné dans un “loudge”, un logement situé “au coeur du vaste massif des loups blancs”, selon le site du zoo.
La trentenaire dit n’avoir trouvé aucune consigne de vigilance dans l’habitation, protégée par un garde-corps en fer pour la partie donnant sur l’enclos des loups et une clôture en bois pour le reste.
Elle n’a pas non plus reçu d’instructions particulières de la part de l’équipe du parc.
Le lendemain matin avant son départ prévu à 10h00 et après son petit-déjeuner, elle a souhaité faire un jogging, assurant qu’un ranger lui avait confirmé la veille au soir que cela ne présentait pas de danger, les animaux se trouvant dans des enclos.
La trentenaire affirme avoir suivi une piste goudronnée jusqu’à parvenir au niveau du “safari américain” du zoo, sans rencontrer d’indication claire que des animaux sauvages pouvaient se trouver en liberté.
Elle dit aussi avoir croisé sur son chemin des membres du personnel qui ne l’ont pas alertée d’un possible risque.
Surveillance sanitaire
La joggeuse explique avoir seulement vu un panneau vert avec du texte mais sans la moindre signalétique laissant penser à une interdiction du périmètre pour les piétons.
Selon la PDG de Wow Safari Thoiry, Christelle Bercheny, interrogée dimanche par l’AFP, ce type de pancartes rappelle “les règles de survie” à suivre dans le parc.
Mme Bercheny a aussi évoqué la présence de “plaques électrifiées qui limitent l’accès de sortie des animaux”, mais “n’interviennent pas sur l’être humain”.
Peu après avoir passé le panneau vert qu’elle a pris pour une pancarte pédagogique, la femme a aperçu un ours sur sa gauche et un loup sur sa droite.
Malgré sa tentative de rester calme, de garder un contact visuel et de battre en retraite, elle s’est fait repérer par le loup, qui l’a suivie et attaquée aux mollets.
Deux autres loups ont rejoint le premier et ont mordu la victime aux cuisses et au dos, la faisant chuter, puis l’ont attaquée au cou et ont attrapé ses cheveux.
La joggeuse dit avoir été secourue par un soigneur qui se trouvait au niveau des “loudges” et l’a entendue hurler, puis avoir rapidement été prise en charge par les pompiers et le SAMU.
Le zoo de Thoiry a indiqué dimanche avoir ouvert une enquête interne pour “analyser l’ensemble des circonstances qui ont pu conduire à cet accident”, précisant n’être à ce stade en possession “d’aucun élément” concernant une éventuelle défaillance technique ou humaine.
Mercredi, dans un communiqué, l’établissement a dit renouveler “ses pensées à la victime et à ses proches” et salué “l’équipe de soigneurs animaliers qui est intervenue immédiatement en sécurisant la zone et en lui prodiguant les premiers soins avant l’arrivée des secours”.
Le zoo a ajouté que les loups avaient été placés sous surveillance sanitaire et comportementale pendant 30 jours.
Sollicité par l’AFP, le parc animalier n’a pas souhaité réagir à la plainte de la joggeuse.
Le parquet de Versailles n’a pas communiqué d’éléments nouveaux sur l’enquête.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.