La justice a décidé vendredi de suspendre l’interdiction préfectorale d’une marche contre le racisme et l’islamophobie prévue dimanche à Paris, estimant qu’elle portait “une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifestation”.
Le tribunal administratif statuait en référé après que le préfet de police de Paris a décidé jeudi d’interdire cette marche suivie d’un concert en invoquant “de forts risques de troubles à l’ordre public”.
“C’est une victoire politique”, a réagi Amal Bentounsi, fondatrice du collectif “Urgence la police assassine”, qui a déposé le référé, Yessa Belkhodja, porte-parole du Collectif de défense des jeunes du Mantois, exprimant le même satisfecit. “On a voulu interdire cette manifestation sur des motifs fallacieux en portant atteinte à la liberté d’opinion et à la liberté de manifester”, a ajouté Mme Bentounsi dont le frère Amine Bentounsi, a été tué d’une balle dans le dos par un policier en 2012 à Noisy-le-Sec.
DOUBLE VICTOIRE!
— Marche21Avril2024 (@Marche_21Avril) April 19, 2024
Non seulement la marche et le concert sont autorisés mais la vraie victoire c'est d'avoir fait annuler une décision d'interdiction qui pointait le caractère "politique" de notre appel avec une défense en adéquation avec la ligne antiraciste de l'appel ! pic.twitter.com/OfenQZktBA
Cette marche “contre le racisme, l’islamophobie et pour la protection de tous les enfants” est organisée à l’appel de 51 organisations parmi lesquelles LFI, le NPA, Attac, Solidaires et l’observatoire national des pratiques et des violences policières. Elle doit se dérouler entre Barbès et République et se terminer par un concert.
Se félicitant de la décision du tribunal administratif, Simon Duteil, co-délégué général du syndicat Solidaires a noté auprès de l’AFP “qu’une fois de plus il faut avoir recours à la justice pour un droit fondamental qu’est la liberté de manifester”. “Ce gouvernement ne supporte pas la liberté d’expression et notamment que nous dénoncions les violences policières et le racisme”, a-t-il ajouté.
Pour justifier sa décision d’interdire cette marche, la préfecture de police avait mis l’accent sur une “absence de prise en compte des risques de débordements par les organisateurs et le service de sécurité insuffisant”, ce qui faisait “craindre de forts risques de troubles à l’ordre public”. L’arrêté d’interdiction avait relevé “par ailleurs que cette marche, en souhaitant également porter l’attention sur les enfants de Gaza, (était) de nature, eu égard aux tensions actuelles au Proche-Orient (…) à porter en son sein des slogans antisémites”.
Un argument rejeté par le tribunal administratif. Il a souligné ainsi que les organisateurs avaient prévu “de contrôler les prises de parole au micro afin de faire obstacle à tout discours antisémite”. Et de conclure: “Dans ces conditions, il ne résulte pas de l’instruction que la manifestation projetée entraînerait des troubles graves à l’ordre public. Dès lors, l’exécution de l’arrêté attaqué, qui porte une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifestation, doit être suspendue”.
La PP avait évoqué en outre un contexte de “mobilisation policière sur d’autres manifestations et événements sportifs”, comme une brocante place de la République toute la journée ou pour le match de football PSG-Olympique lyonnais le soir.
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