Formation | | 19/03
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Le Centre de formation des apprentis d’Orly sacrifie ses bacs professionnels

Le Centre de formation des apprentis d’Orly sacrifie ses bacs professionnels © FB

Le comité exécutif de l’école des métiers LÉA-CFI d’Orly a annoncé il y a deux semaines la fin de ses huit spécialités de bac professionnel. Une décision qui a provoqué une onde de choc. Le personnel a voté la grève illimitée, mercredi 13 mars, pour réclamer l’abandon du projet.

Des dizaines d’élèves quittent le centre des formations industrielles d’Orly au pas de course ce lundi 11 mars après-midi, pour monter dans le RER C stationné à la gare des Saules. Une enseignante-formatrice interpelle trois jeunes sur le parvis. “Vous avez signé la pétition ?” Profs et agents administratifs observent une grève perlée et dorment sur le campus depuis mercredi 13 mars. Les cours et les examens se poursuivent, mais avec des débrayages momentanés. “D’habitude, ici, nous ne mobilisons pas. Notre priorité, c’est d’aider nos jeunes aux parcours de vie parfois compliqué à exceller. Mais, quand vous apprenez, entre deux informations, que l’on supprime les bacs pros, la colonne vertébrale de l’école, vous êtes obligé de réagir“, explique Stéphane Pot, enseignant-formateur d’électricité automobile et représentant syndical de proximité CGT.

LÉA-CFI est une école de la Chambre de commerce et d’industriel d’Île-de-France. Il y a encore un an, elle proposait ses formations dans le bâtiment, l’énergie, les travaux publics, la maintenance des véhicules, les espaces verts ou la gestion d’affaires sur cinq campus (Aubergenville, Jouy-en-Josas, Gennevilliers, Orly et Paris-Gambetta). Mais la situation financière est difficile à tenir. Depuis, le comité exécutif s’est déjà désengagé de ses sites d’Aubergenville et de Gennevilliers, avant de supprimer les bacs pros proposés dans ses trois campus restants.

“Les entreprises aujourd’hui ne sont plus en demande”

Nous n’arrivons pas à remplir les classes et les entreprises aujourd’hui ne sont plus en demande. Les populations des bacs pros sont jeunes, jugés difficiles, car demandant davantage de temps de formation“, explique Caroline Fortier, la directrice de l’école. “Les employeurs demandent plutôt que l’on accompagne le personnel en réorientation ou en montée en compétence. Nous devons donc faire évoluer le portefeuille de formation pour répondre aux besoins évolutifs du marché du travail et équilibrer nos comptes.”

La directrice précise toutefois que les personnes déjà engagées dans le cursus pourront le mener à terme. Cette année, LÉA-CFI avait recruté environ 120 apprentis en première année de bac pro.

De nouvelles formations pour remplacer les bacs pros

Pour remplacer ces bacs pros, la direction prévoit d’abord le développement de programmes de reconversion sous la forme de CAP en un an (à Orly en maintenance de véhicules particuliers et transports routiers, et à Paris pour l’électricité, la maintenance des installations thermiques et sanitaires). LÉA-CFI proposera également un CAP maintenance des installations sanitaires en deux ans à Paris et un CQP (certificat de qualification professionnelle) conducteur de travaux à Jouy-en-Josas. L’école souhaite aussi ouvrir davantage de formations continues. Enfin, la direction a demandé à ses responsables de campus de créer des Bachelors et Mastères (bac +3 et bac +5).

Crainte de licenciements

Des explications qui ne passent pas auprès du corps enseignant et du personnel administratif. “Nous avons fait des efforts considérables pour augmenter les effectifs d’apprentis en bac pro. Tout cela a un coût, mais il est largement compensé par la taxe professionnelle, les organismes professionnels redistributeurs et les subventions qui entrent“, assure Stéphane Pot, le syndicaliste.

Les grévistes balaient aussi la thèse du désintérêt des employeurs pour les apprentis des bacs pros. “Ce sont des métiers en tension pour lesquels les patrons cherchent désespérément du monde. Ils sont passés par cette école, ils connaissent la qualité de notre travail et nous font confiance“, estime un autre enseignant-formateur.

Des personnalités politiques s’en mêlent

Enfin, le personnel craint une vague de licenciements. “Que vont devenir les professionnels qui travaillent avec les bacs pros ? Dans quelles formations seront-ils reclassés ? Les Bachelors et Mastères évoqués n’ouvriront pas comme ça du jour au lendemain. Il y a une grande inquiétude vis-à-vis de notre avenir et la direction n’a apporté aucune réponse aux craintes exprimées“, lâche un gréviste.

Ce mouvement social place la direction dans l’embarras. Des personnalités politiques ont commencé à se pencher sur le sujet. Philippe Bouriachi, conseiller régional dont un enfant devait être scolarisé au LÉA-CFI, a apporté son soutien aux grévistes. Le cabinet de la présidente de la Région, Valérie Pécresse, a pris contact avec le représentant du personnel, et la ville d’Orly s’intéresse aussi à la situation.

Le personnel pédagogique ne sera pas impacté aujourd’hui par ces changements et pourra continuer à former des apprenants dans d’autres filières, promet Caroline Fortier. Mon souhait est que nous puissions poursuivre notre enseignement dans de bonnes conditions. Mais, j’ai une obligation de résultat financier.

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