DJ set, guinguette, ateliers yoga ou jardinage… Jardin 21 est tout ça à la fois. Il y en a pour tous les goûts et tous les âges. À partir du lundi 29 juillet, jusqu’au 11 août, il passe en mode 7 jours sur 7. Son co-fondateur, Arnaud Perrine, directeur du mythique club électro Glazart, raconte l’épopée de ce tiers-lieu au bord du canal de l’Ourcq.
Situé juste au pied du périph, côté Pantin, le Jardin 21 échappe au vrombissement des moteurs qui reste curieusement lointain. L’enclos végétal de quelque 1 850 mètres carrés apparait même comme une bulle dans ce bout de ville coincé entre Paris et la Seine-Saint-Denis. Des pavés du quai du canal de l’Ourcq, on passe au confort moelleux des copeaux de bois qui jonchent tout le sol. De part et d’autre du bar, des arbres fruitiers séparent les tables.
“Ici, les gens peuvent trouver un espace pour jardiner“
“Avant, il y avait ici un terrain vague qui servait une fois par an au staff de la Villette pour faire un barbecue. Mais, historiquement, c’était un verger. Ce n’est pas nous qui avons planté ces arbres“, explique Arnaud Perrine. Le président du Jardin 21 est aussi connu pour être le patron de Glazart, célèbre club des musiques électroniques parisien. À l’origine, l’établissement avait répondu en 2018 à un appel d’offre du parc de la Villette pour créer une salle de spectacle ; laquelle est à ce jour encore en travaux. “Lorsqu’on a vu cet espace, on [ndlr, l’établissement public du parc et de la halle de la Villette] leur a proposé de faire quelque chose. On vient du monde de la musique, mais ça n’aurait pas eu de sens d’ouvrir une salle de concert en plein air. On a quand même mis un peu de musique parce que c’est ce que l’on sait faire. Il fallait une économie, donc on a mis un peu de bar. Et, il fallait surtout garder le lien avec le lieu et son histoire. On a rencontré des fans de permaculture et on a mis en place des activités de jardinage autour d’un potager“, explique Arnaud Perrine.
Mais, précise-t-il, “ce n’est pas une ferme urbaine et on ne cherche pas à donner de leçon, ni à dicter un mode de vie. On vit tous en appartement avec ou sans balcons. Ici, les gens peuvent trouver un espace pour jardiner. Pour autant, on sert aussi bien du cola qui est embouteillé dans le 93, avec une empreinte carbone plutôt faible, que du cola qui vient du bout du monde. Les gens ont le choix. Par contre, tout ce que l’on fait pousser part en cuisine. Il est hors de question que ce soit que de la démo“.
“On est un lieu de vie et de passage. On veut que ça soit très varié“
Jardin 21 propose des ateliers de jardinage et de sensibilisation sur la nature en ville, mais aussi des séances de yoga, de sophrologie, de sport, de hula hoop, de bingo… ainsi que des événements centrés sur des communautés comme le Bénin, la Colombie, le Mexique… “Tout cela fédère énormément. On est un lieu de vie et de passage. On veut que ça soit très varié en termes de thématiques et du point de vue social“, souligne le patron qui constate d’ailleurs une “évolution du quartier assez impressionnante” depuis l’ouverture du tiers-lieu en 2019. “Quand on est arrivé, il y avait plutôt des mecs qui trainaient avec des gros pitts. Maintenant, ce sont des gens qui courent avec des petits chiens. À midi, vous trouvez ici des gens du quartier ou qui travaillent dans les bureaux du coin ; l’après-midi, des promeneurs ou des vacanciers, et des grand-parents avec leurs petits-enfants ; à l’heure de l’apéro, ce sont des amis ou des parents avec leurs enfants ; et ensuite des jeunes qui viennent faire la fête de 23h00 à 4h00 du matin. Ces croisements de population sont assez marrants, et pour l’instant tout se passe plutôt bien“, décrit Arnaud Perrine.
Gratuité
Autre concept du Jardin 21 : la gratuité. “Vous pouvez très bien venir bosser, sans boire un verre ou consommer, ce n’est pas un problème. Les salles de spectacle sont historiquement des lieux fermés où vous ne rentrez pas si vous n’avez pas de billet. Ce que nous avons voulu faire ici, c’est de créer un lien avec l’environnement local et les habitants, aussi bien d’ailleurs du 19ème que du 93. Ça passe par la gratuité et une large ouverture du lieu. On nous a proposé de privatiser pour une marque ou de faire des événements payants. On a toujours refusé“, remarque Arnaud Perrine.
Un open air sous le périph
Depuis l’ouverture en 2019, Jardin 21 s’est modernisé et étendu le potager. Glazart a aussi fait pousser, en juin 2021, un autre tiers-lieu juste à côté, sous le périphérique et baptisé Kilomètre 25. “Pendant le covid, le jardin pouvait ouvrir en tant que lieu de vie… Mais, comme on mettait un peu de musique, on s’est retrouvés débordés par l’afflux de gens. Il y avait parfois 800 personnes [la jauge de Jardin 21 est à 900 personnes] qui voulaient sortir, pour dix mecs de sécu. On voulait ni flinguer le jardin, ni ouvrir de discothèque “, se souvient Arnaud Perrine. Alors que les salles de spectacle fermaient partout en raison de la crise sanitaire, il convainc la mairie de transformer la déchèterie qui se trouvait là, entre les piliers du boulevard périphérique, en open air des musiques électro.
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