Le parquet de Créteil a requis lundi six mois de prison avec sursis pour refus d’obtempérer lors d’un contrôle routier à l’encontre d’une femme de confession juive, laquelle accuse en retour des policiers du commissariat de cette ville de violences sexistes et antisémites.
Sarah (prénom modifié), 68 ans, était jugée par le tribunal correctionnel de Créteil pour dégradation de bien public et mise en danger d’autrui. Le ministère public a demandé la requalification de ce dernier chef d’accusation en refus d’obtempérer. Elle est accusée d’avoir voulu se soustraire à un contrôle routier à Créteil le 8 juin 2023 et d’avoir endommagé la moto d’un policier.
Ce jour-là, alors qu’elle revenait des courses de shabbat, le jour de repos hebdomadaire dans la tradition juive, trois policiers à moto l’avaient arrêtée. Elle les avait klaxonnés alors qu’ils lui avaient coupé la route en sortant d’une station-service, a-t-elle expliqué au tribunal, assurant n’avoir jamais cherché à fuir ce contrôle, car elle avait tous ses papiers en règle. Lors du contrôle, sa voiture a involontairement heurté la moto d’un des policiers, affirme Sarah.
Selon les déclarations des policiers, absents au tribunal, la moto est tombée quand Sarah est remontée dans sa voiture et a redémarré pour quitter les lieux. Les fonctionnaires de police ont alors sorti leur arme et l’ont pointé sur Sarah. “Je me suis vue mourir”, a-t-elle raconté au tribunal, expliquant avoir du mal à se souvenir de la chronologie précise à cause du “traumatisme”.
Pour le ministère public, la version des policiers est celle dont les juges doivent tenir compte, faute d’autres éléments matériels et du manque de souvenirs de la prévenue.
Me Arié Alimi, qui défend Sarah, accuse lui les policiers de mentir sur ces procès-verbaux, afin de “dissimuler” des infractions au code de la route qu’ils auraient commises. La décision sera rendue le 14 octobre.
À la suite de ce contrôle routier, Sarah avait été emmenée au commissariat de Créteil pour y être placée en garde à vue. Elle accuse les policiers de lui avoir arraché sa perruque, de s’être moquée d’elle et d’avoir nié qu’elle faisait un malaise. Après une première plainte classée sans suite, elle a déposée plainte avec constitution de partie civile fin janvier pour violences à caractère sexiste et antisémite par personne dépositaire de l’autorité publique. Sur les images filmées par la caméra piéton d’un policier du commissariat révélées par Mediapart en février et que l’AFP a pu consulter, Sarah, allongée au sol, le ventre découvert, est maintenue par deux policiers hommes et crie, demandant qu’on lui rende sa perruque. On entend aussi les policiers se moquer d’elle à plusieurs reprises, puis la forcer à s’asseoir pour lui rendre sa perruque qu’un fonctionnaire finit par lui glisser sous le bras.
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