Accéléré grâce aux Jeux paralympiques de Paris 2024, même s’il n’accueille pas d’épreuve sportive, le Prisme (Pôle de référence inclusif et sportif métropolitain) qui ouvrira prochainement à Bobigny, entend bien faire rayonner le handisport dans toutes ses dimensions.
Volley-ball, handball, basketball, badminton et boccia pour les sports collectifs. Escalade, escrime, judo, tir à l’arc, mais aussi danse pour les sports individuels… Près d’une dizaine de disciplines pourront être pratiquées au Prisme (Pôle de référence inclusif et sportif métropolitain). “Il y a d’autres équipements d’ampleur ailleurs comme à Phoenix en Arizona ou à Sao Paolo au Brésil, mais c’est un équipement unique en Europe“, insiste Noé Laurent, le chef de projet au département de la Seine-Saint-Denis qui en est le maitre d’ouvrage.
AConçu par Romeo Architecture et Gulizzi, Architectes, le bâtiment qui s’exprime sur 15 000 m2, a non seulement travaillé l’accessibilité dans toutes ses dimensions, mais s’est aussi inscrit dans l’histoire du lieu, marqué par des vestiges gallo-romains, en conservant la trame des voies romaines d’origine. Dans son enveloppe de dentelle blanche, le Prisme fait aussi le lien entre la ville et le stade de la Motte.
Tracé des terrains en LED et espaces de décharge cognitive
De la conception à la réalisation, tout a été fait pour adapter la pratique sportive à tous types de handicaps. Les deux plateaux multisports seront ainsi recouverts d’un sol avec des démarcations des aires de jeux en LED à la fin des travaux. “De cette façon, on peut éclairer le terrain ou la partie de terrain où se déroule le jeu. Cela permet d’éviter la superposition de lignes que l’on rencontre habituellement et qui est très perturbante pour les personnes en situation de trouble cognitif par exemple“, explique Coline Hennebelle, chargée d’opérations au conseil départemental de la Seine-Saint-Denis. Le mur d’escalade, qui culmine à 19 mètres de haut, est peint de couleurs neutres.
Autre différence avec les complexes sportifs plus traditionnels : les parasportifs pourront trouver un peu partout des “espaces de décharge cognitive” qui sont des salles molletonnées où l’on peut frapper les murs ou mettre de la musique, ainsi que “des espaces de mise au calme avec des ciels étoilés“. Le handicap physique n’a pas été le seul étudié. “Le handicap mental est souvent oublié”, relève Noé Laurent. Au sous-sol, le complexe propose aussi un bassin de balnéothérapie.
Pour choisir les matériaux, le département, maitre d’œuvre du Prisme, a consulté les associations du territoire qui représentent les différents types de handicaps, soit quelque 200 structures. “Toute la particularité de ce projet a été de trouver le bon équilibre. Nous allons d’ailleurs continuer les consultations après l’ouverture au public et faire remonter l’expérience des usagers sur le bâti et les services proposés. Le but est d’être suffisamment flexible pour s’adapter aux usages“, indique Noé Laurent.
Une piste dédiée à la recherche et développement
Au dernier étage, une piste de 50 mètres a été aménagée au cœur d’une unité de recherche et développement gérée en partenariat avec l’université Paris 13, à laquelle prend part aussi l’hôpital Avicenne. Objectif : innover en matière notamment de biomécanique.
Inauguration en octobre
Alors que le chantier n’était pas encore achevé, les handballeurs ont utilisé les salles multisport du Prisme pour leurs entrainements lors des Jeux olympiques. Annoncée pour l’arrivée de la flamme des jeux paralympiques, le 27 août en Seine-Saint-Denis, l’inauguration a toutefois été repoussée à la première quinzaine d’octobre. “Il faut savoir que l’on a rattrapé la maquette Solideo. On n’a pas du tout démarré le projet en 2017 comme les autres. On a aussi pâti des mois d’intempéries“, remarque Coline Hennebelle.
Les Jeux paralympiques : un accélérateur
“Le projet du Prisme remonte au début des années 2010, mais les jeux de Paris 2024 ont été accélérateur“, rappelle Noé Laurent qui précise que l’idée de départ était la création d’un pôle espoir au Bourget. “Ce projet n’a pas vu le jour et finalement c’est le Prisme qui a été financé dans la maquette de la Solideo, avec pour but de réaliser un équipement phare de l’héritage.”
L’enjeu de l’accessibilité
Reste donc à faire venir le public. Car, dans la pratique, l’accessibilité reste pour l’heure compliquée en termes de transport en commun. La future gare Drancy-Bobigny de la ligne 15 Est, située à quelques mètres, n’est attendue qu’en 2031, “le département s’est engagé à accompagner la ville [de Bobigny] pour reprendre tous les cheminements de voirie jusqu’au tram (T1), dont les quais sont en cours d’élargissement. Le Prisme a par ailleurs un parking dimensionné pour accueillir des minubus“, rassure Coline Hennebelle. À charge aussi pour le département, ainsi que l’Union nationale des Centres sportifs de Plein Air (UCPA) et le groupe SOS qui sont chargés de son exploitation, de faire naître les partenariats avec des clubs dotés d’une section handisport. Le comité judo de la Seine-Saint-Denis recentrera, d’ailleurs, ses activités au dojo du Prisme.
49 millions d’euros
Au total, ce nouvel équipement représente un budget global de 49 millions d’euros, dont 13,5 millions investis par la Métropole du Grand Paris, 4 millions d’euros par la région Ile-de-France, 4 millions par la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), 500 000 euros par la ville de Bobigny et 6 millions d’euros par le Fonds de solidarité interdépartemental, le reste étant abondé par le département de la Seine-Saint-Denis.
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