Le Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), qui gère l’eau potable d’un tiers des habitants de la région, désignera son nouveau délégataire le 25 janvier. Une annonce très attendue et dans une ambiance à couteaux tirés, après les fuites qui ont fait atterrir chez Veolia, opérateur historique du Sedif, des documents confidentiels de Suez.
Pour rappel, le syndicat, qui gère l’eau potable de 133 communes d’Ile-de-France (un tiers des habitants), est responsable de la captation de l’eau (notamment dans le Seine et la Marne), de son traitement et de sa distribution via les canalisations. Le syndicat, dirigé depuis quarante ans par André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux, existe depuis 1923. Depuis toujours, il délègue cette mission au même opérateur, la société Veolia. Historiquement dénommé la Compagnie générale des eaux, le prestataire est devenu ensuite Vivendi Environnement avant de prendre le nom de Veolia. Seul le mode de gestion a changé, passant de régie intéressée à délégation de service public (DSP) en 2011. Le syndicat remet néanmoins le marché en question régulièrement, conformément à la loi. C’est dans ce contexte qu’un appel d’offres a été lancé fin 2021 pour la période 2025 – 2037. Deux grands opérateurs sont en lice : Veolia et Suez. Pour les deux compagnies, l’enjeu est de taille. Le marché du Sedif représente 4,3 milliards d’euros sur 12 ans.
Grosse fuite de documents confidentiels
L’appel d’offres s’est toutefois trouvé bouleversé au printemps, après que des documents confidentiels concernant Suez aient atterri chez Veolia.
Pour le détail de l’affaire, lire : Ile-de-France : l’appel d’offres du marché de l’eau potable du Sedif sur la sellette après des grosses fuites de documents confidentiels
Suite à cette affaire, la procédure avait été gelée plusieurs mois après la survenue de cet incident sur la plateforme informatique du Sedif. Après six mois d’incertitude, le Sedif avait in fine décidé en octobre de poursuivre l’instruction sur la base des offres reçues avant l’incident, invoquant une décision du Conseil d’État de 2017 liée au marché des transports publics de Lille. Une décision contestée en justice par Suez, finalement débouté fin novembre par le tribunal administratif de Paris, lequel a estimé que la décision du Sedif de reprendre la procédure d’appel d’offres sans exclure le candidat Veolia n’était “pas entachée d’erreur d’appréciation”.
Le 25 janvier, le comité se réunira, comme à son habitude, dans l’usine de production d’eau potable de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), lors d’une séance dont l’ordre du jour se résumera à un seul point: “choix de l’attributaire du contrat de concession relatif à la gestion du service public de l’eau potable en Ile-de-France”, fait savoir le Sedif. Après présentation d’un rapport d’analyse des offres, le président du Sedif André Santini fera part de son choix à l’assemblée délibérante, qui procédera ensuite au vote à l’issue d’une séance de questions-réponses, indique-t-on au Syndicat.
Filtrage de l’eau : l’autre sujet sensible
Au-delà du choix du délégataire, qui sera connu le 25 janvier, l’autre grande question que devra trancher le Sedif est la poursuite ou non de son projet d’expérimentation de filtrage de l’eau par osmose inverse, une technique de filtrage ultra fine pour produire de l’eau plus propre, sans calcaire, et nécessitant moins ou pas de chloration. Le projet, qui représente un peu moins d’un milliard d’euros d’investissement, a fait l’objet d’une concertation très suivie au printemps, avec des pour et des contre.
Lire notre point complet : Eau potable en Ile-de-France : sortir ou pas de la polémique sur l’osmose inverse en 10 questions
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