“Sanofi, champion olympique des licenciements” : plus de deux cent manifestants – salariés, syndicalistes et représentants politiques – ont protesté mardi devant le siège parisien du fleuron pharmaceutique français contre des suppressions de postes dans la recherche en oncologie.
“JO = jeter l’oncologie”: les manifestants ont multiplié les clins d’œil aux Jeux Olympiques, dont Sanofi est partenaire, pour dénoncer devant le siège du groupe un plan social annoncé plus tôt ce mois-ci, conséquence du recentrage du groupe dans l’immunologie.
Le groupe a connu ses dernières années plusieurs échecs dans le domaine de la cancérologie et a décidé de mettre fin à plusieurs programmes pour se recentrer sur l’immunologie et l’immuno-oncologie. C’est dans ce contexte qu’est prévu un plan de suppression de 1 200 postes dans la R&D mondiale, dont 330 en France, principalement (288) sur le site de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), et plus marginalement à Montpellier et Gentilly (Val-de-Marne).
“Ce sont nos impôts qui paient la casse sociale chez Sanofi”, qui a “envie d’engraisser les actionnaires sur le dos de ses salariés et des patients”, dénonce Fabien Mallet, syndicaliste CGT Sanofi France, au cours d’une conférence de presse avant la tenue de l’Assemblée générale des actionnaires.
“Sanofi bafoue cyniquement toutes les valeurs de l’olympisme”, renchérit Jean-Paul Nicolas, délégué syndical CFDT de Vitry pour qui “Sanofi ne s’intéresse qu’aux traitements coûteux qui seront vendus avec de fortes marges comme des produits de luxe”.
“La recherche, ce n’est pas un sprint, c’est un marathon, un investissement sur 10 à 15 ans”
La CFTC abonde sur “l’attitude honteuse de nos hauts dirigeants qui préfèrent se focaliser sur les Jeux Olympiques”, “en complet décalage avec la réalité vécue par les salariés sur le terrain”.
“La recherche, ce n’est pas un sprint, c’est un marathon, un investissement sur 10 à 15 ans”, rappelle Dorothée, 46 ans, chercheuse en oncologie sur le site de Vitry. Elle dit en être à son “5eme chef en R&D en 10 ans chez Sanofi” et déplore cette “vision à court terme”.
“Faire de la recherche sans chercheur pour une entreprise pharmaceutique, je ne comprends pas”, témoigne encore Isabelle, 56 ans, technicienne chercheuse se disant “écœurée” après 34 ans dans la société.
“Nos labos, ça fait 30 ans qu’ils n’ont pas eu un coup de peinture, c’est ça la réalité et on dépouille des sites qui ferment pour avoir du matériel”, tempête-t-elle. À ses côtés, une collègue réfléchit au devenir des donations qui “ne seront pas utilisées pour la recherche, clairement”.
Sur place, des élus locaux et nationaux (LFI, PS, PC…) ont aussi fait le déplacement.
Les Socialistes aux côtés des travailleuses et des travailleurs ✊🌹#1erMai2004 Non à la casse sociale chez #Sanofi https://t.co/ga7f9QbXxR pic.twitter.com/aYcOeQhRqW
— Groupe Socialiste CD Val-de-Marne (@PSCD94) May 1, 2024
Immunologie, immuno-oncologie, des idées d’avenir – de dirigeants, ou de consultants surpayés ? Sauf que la recherche (ailleurs) travaille ces pistes depuis plus de 20 ans, les résultats sortent depuis au moins dix ans. Et l’immunologie fut même un secteur de recherche en France avant d’être sacrifié lors d’une fusion précédente.
une salariée le dit très bien, la recherche peut demander de persévérer 10 à 15 ans . Cela ne cadre pas avec l’obsession du court terme des dirigeants, économiques comme politiques d’ici. Les chercheurs publics, eux, sont supposer trouver avec des appels d’offre de 1 ou 2 ans max ! Et il faudrait être sûr que ça va marcher ! Comment faire ? Copier ce qui marche déjà, mais on n’invente pas.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.