Le commissaire divisionnaire Vincent L, qui était notamment à la tête du commissariat d’Aulnay-sous-Bois lors de l’affaire Théo, a été condamné jeudi à huit mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir confié le contenu de fichiers confidentiels à sa compagne, joueuse de poker se faisant passer pour une avocate.
Le tribunal l’a également condamné à une interdiction d’exercer ses fonctions de policier pendant six mois. Aussitôt après la décision, son avocat, Me Louis Cailliez, a annoncé faire appel. “Les réquisitions outrancières n’ont pas été suivies mais cela reste une décision éliminatoire de la police, ce qui est incompréhensible. Nous interjetons appel”, a-t-il dit à l’AFP.
La décision du tribunal est suspensive jusqu’à la décision en appel.
La joueuse de poker qui se faisait passer pour une avocate
Sa compagne, Claire C., une joueuse de poker, qui se faisait passer pour une avocate, poursuivie pour escroquerie, a été condamnée à six mois de détention à accomplir à domicile sous bracelet électronique et à une amende de 2 500 euros. Elle devra en outre verser 3 000 euros de dommages et intérêts au plaignant au titre du préjudice moral.
Lors du procès, mi-mars, le procureur avait réclamé 18 mois de prison à l’encontre du commissaire, trois ans de privation des droits civiques et l’arrêt définitif d’exercer ses fonctions de policier.
Contactée par l’AFP, la préfecture de police n’a pas souhaité communiquer sur d’éventuelles sanctions administratives.
3 000 euros pour faire sauter ses PV, en vain
Les faits remontent à novembre 2018. Faisant croire qu’elle était avocate, la compagne du commissaire avait proposé à un joueur de poker, privé de son permis de conduire en 2017, de le récupérer contre de l’argent.
Ayant commencé à verser de l’argent, mais inquiet de ne pas avoir retrouvé son permis, le joueur de poker relance en janvier 2019 la soi-disante avocate. Elle lui explique alors que son dossier est bloqué car il a de nombreuses amendes à payer et près d’une cinquantaine d’infractions.
Ces informations confidentielles ont été obtenues auprès de Vincent L, alors en poste à la Sûreté territoriale.
Au total, le plaignant, gérant de bar, aura versé près de 3 000 euros… pour rien.
Dix ans avant l’affaire Théo, l’enjoliveur dans les fesses
Ce n’est pas la première fois que Vincent L, actuellement en charge du district d’Asnières (Hauts-de-Seine), à maille à partir avec la justice.
En 2008, il avait été condamné pour “non-empêchement de délit” pour son rôle dans “l’affaire de l’enjoliveur”.
Membre de la Brigade anticriminalité (Bac) de nuit à l’époque des faits, en 2004, il se lance avec son équipage à la poursuite d’un conducteur violent à l’égard de sa passagère. Au terme d’une course-poursuite entre Barbès dans le nord de Paris jusqu’à Créteil (Val-de-Marne), les policiers parviennent à se saisir du conducteur qui en blesse plusieurs avant d’être interpellé. Plaqué au sol, l’homme se retrouve avec un cerceau d’enjoliveur enfoncé entre les fesses. Même si la justice a reconnu que Vincent L n’était pas l’auteur des violences, elle a estimé qu’il avait laissé faire.
Il avait été condamné à un an de prison avec sursis et un an d’interdiction professionnelle pour “abstention volontaire d’empêcher un crime ou un délit”.
Lors de l’affaire Théo, du nom du jeune homme violemment frappé par des policiers lors d’un contrôle d’identité ayant mal tourné à Aulnay-sous-Bois en février 2017, avec notamment un coup de matraque télescopique à l’anus, qui lui a laissé des séquelles irréversibles, Vincent L était à la tête du commissariat de cette ville.
Le commissaire n’avait pas été poursuivi dans cette affaire pour laquelle trois policiers ont été condamnés récemment à des peines de prison avec sursis.
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