À deux jours du début des Jeux olympiques de Paris 2024, la pression monte partout en Seine-Saint-Denis. Alors que la plupart des fans zones ouvriront ce vendredi ou ce samedi, celle de L’Île-Saint-Denis a été la première à ouvrir en Île-de-France. Danse, concert, écran géant, découverte des cultures et saveurs africaines… la Station Afrique séduit aussi avec de nombreuses stars programmées.
“Bien sûr que c’est une opportunité pour L’île-Saint-Denis. C’est très bien pour les enfants, parce qu’il y a tout cet espace, les structures gonflables, et pas mal d’activités. C’est aussi positif pour les jeunes, comme moi, parce que ça nous permet de participer“, se félicite Sofiane, 19 ans, animateur. Avec Camelia notamment, il encadre une trentaine d’enfants de l’accueil de loisirs de l’école Samira Bellil qui s’attardent encore à jouer au foot près du grand écran installé pour retransmettre les épreuves des JO. Ils repartiront dans le petit train affrété par la ville, en raison des restrictions de circulation lié à la sécurisation du Village des athlètes. “Nous sommes contents parce que les enfants n’ont pas été oubliés“, confirme, de son côté, Atika, habitante de L’Île-Saint-Denis depuis 57 ans. Venue avec ses deux neveux, elle est assise sur les transats disposés devant l’écran géant, avec trois amies assistantes-maternelles qui accompagnent des enfants en bas âge. “Cet endroit ressemble à la ville parce qu‘on y retrouve cet esprit de solidarité qu’il y a toujours eu ici“, estime-t-elle.
“Tous ceux qui ne peuvent pas partir en vacances, auront la Station Afrique“
Pour autant, il n’y a pas encore foule, ce mardi après-midi, sur la pelouse flambant neuve du stade Robert César. “C’est normal, ça se met en place, les jeux n’ont pas encore commencé. J’ai aussi le sentiment que de nombreux habitants sont déjà partis en vacances. Je garde une conviction : tous ceux qui ne peuvent pas partir en vacances, auront la Station Afrique“, tempère Mohamed Gnabaly, croisé sur place. Le maire (Les Écologistes) de L’Île-Saint-Denis est l’artisan, avec l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA) de cette Station Afrique installée sur la dalle Sisley, qui prolonge, à côté du stade, le site de célébration des JO labellisé club 2024.
Avec ses chapiteaux blancs et ses stands bordés de fanions, la fan zone a des airs de village “diplomatique”. Mali, Maroc, Sénégal, Côte d’Ivoire… une vingtaine de pays africains exposent leurs spécialités gastronomiques, leur artisanat et leur culture. “Je voulais un lieu de festivités qui soit un hymne à la fraternité et qui serve aussi à la valorisation de la Seine-Saint-Denis et de l’Afrique. C’est un beau pari. Une petite ville de 8 500 habitants qui organise un événement comme celui-là, c’est dingue“, se réjouit Mohamed Gnabaly. Ouverte le 20 juillet, la Station Afrique prévoit une programmation musicale riche jusqu’au 11 août avec des journées dédiées à chaque pays, comme à l’Algérie, ce jeudi soir. Sur scène sont attendus Chaba Zahouania, Raina Rai, RimK, le groupe Amzik, Diwan de Béchar, Kamel El Harrachi.
“Je suis super fière de voir tous ces pays africains réunis“
“On vient depuis dimanche. On ne fera pas cela tous les jours. Mais, il y a une bonne ambiance. Ma fille s’est fait coiffer et elle a essayé les jeux d’eau. Il y a aussi les concerts qui sont proposés“, indique Ingrid qui se dit, en revanche, indifférente aux Jeux olympiques. La jeune maman s’est installée à L’Île-Saint-Denis en 2015. Elle compte aller, samedi soir, voir le rappeur Cappadonna du groupe Wu-Tang Clan. Ce mardi soir, c’est Magic System qui a donné un concert. “Je suis super fière de voir tous ces pays africains réunis“, clame une jeune femme spécialement venue de Saint-Ouen. Côté associations, Delasalle Gneman, responsable de Génération sociale, évoque avec passion les activités qu’il propose toute l’année aux enfants de l’Ile-Saint-Denis, en lien avec la tradition africaine du tam tam, le zouglou du rire (la musique traditionnelle ivoirienne), ou encore l’awalé, jeu de stratégie bien connu d’Afrique de l’Ouest.
“Pour nous, c’est une opportunité pour promouvoir nos programmes et commencer à préparer les Jeux olympiques de la jeunesse qui auront lieu en 2026, au Sénégal“, explique, pour sa part, Jade Lama, responsable des opérations de l’institut de sport-études Diambars. Fondée en 2003 à Saly (Sénégal), notamment par les champions du monde de foot Bernard Lama et Patrick Vieira, l’académie organise des ateliers de teqball (sport qui football et tennis de table) et de cécifoot. “Beaucoup de jeunes rêvent d’avoir une coupe du monde dans les mains, mais il faut avant cela acquérir une éducation, même si c’est, déjà, à travers des rencontres. On essaye aussi de faire découvrir tous les autres métiers du football“, souligne-t-elle.
“L’Île-Saint-Denis a maintenant une visibilité internationale“
Si les ambassades ont joué le jeu et les partenaires ont été rendez-vous, il a fallu plusieurs mois de travail pour organiser la Station Afrique. “Quand j’ai eu cette idée, ce qui m’a frappé, c’est que les gens m’ont mis en garde en me disant “l’Afrique c’est dangereux, c’est compliqué, on est en Seine-Saint-Denis. Ça m’a poussé à en faire un message politique…“, pointe Mohamed Gnabaly qui a aussi sollicité les associations représentant les diasporas et des entrepreneurs “binationaux”, notamment, pour les foodtrucks. “Le pari est déjà gagné“, assure-t-il. “On a développé de nombreux liens de coopération avec des collectivités africaines. L’ACNOA a fait don de 20 canoës kayak. On va créer un club de canoë kayak. On a un tout nouveau terrain de handball. Et L’Île-Saint-Denis a maintenant une visibilité internationale“, souligne le maire. Sur un budget global de 1,2 million d’euros, la ville a apporté une part de 20%.
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