Manifs et menaces de grèves dans les écoles de Villeneuve-Saint-Georges, paralysées par le blocage politique local

Alors que Villeneuve-Saint-Georges n’a pas pu voter son budget 2024, faute de majorité, et que le maire, Philippe Gaudin, s’est vu privé de ses délégations par les élus, la marge de manœuvre de la ville s’est considérablement réduite. Il faut désormais réunir le conseil municipal pour valider de nombreuses dépenses courantes. C’est le cas notamment des sorties scolaires mais aussi des fournitures, déplorent les parents et personnels des écoles.

“La situation continue de se dégrader, rapporte Cyrille Micheletta, délégué FSU-Snuipp. L’an dernier, c’est la DSDN (direction académique) qui a dû fournir le papier, et, régulièrement, il faut se battre pour avoir du savon et du papier toilette. Les ouvertures et fermetures de classes sont aussi impactées, car la mairie a du mal à suivre au niveau des inscriptions, ce qui risque de conduire à des fermetures ou non ouverture de classes en raison d’élèves non comptabilisés”, poursuit le délégué syndical.

“Y-aura-t-il des manuels scolaires à la rentrée ?”

Alors que la fin de l’année scolaire s’approche, une autre inquiétude porte sur les manuels scolaires. “Y-aura-t-il des manuels scolaires à la rentrée ? C’est le moment de passer les commandes et les fournisseurs nous ont déjà prévenus qu’il fallait boucler en juin à cause des difficultés logistiques liées aux Jeux olympiques. Or, les collègues n’ont pas du budget pour commander”, poursuit Cyrille Micheletta.

Le délégué syndical évoque par ailleurs des problèmes de vétusté dans les écoles et de travaux à mener. “Nous avons fait une alerte DGI (Danger grave et imminent) à propos d’un problème lié à l’amiante. Il a fallu trois semaines pour que soit procédé à la mise en sécurité“, relève-t-il encore.

Le maire réagit

Dans un courrier de réponse aux personnels à propos de leurs interrogations, le maire, Philippe Gaudin, reconnait que l’ajournement du budget “réduit les capacités d’investissement en faveur de l’accompagnement éducatif des élèves” et “ralentit fortement toutes les démarches administratives, jusqu’aux commandes des fournitures pour la rentrée”. Il indique toutefois avoir soumis une délibération pour “pérenniser les classes de proximité”, qui permettra leur financement. Pour la commande de fournitures scolaires, l’édile indique qu’il faut attendre que le budget soit fixé par la Chambre régionale des comptes, mais rappelle qu’un état précis des besoins de fonctionnement a été demandé à chaque direction d’école et à l’inspection.

Concernant les prévisions d’effectifs, l’élu précise travailler en lien étroit avec la direction académique et regrette, dans son courrier, que des directeurs inscrivent eux-mêmes des élèves, hors carte scolaire, prenant le risque de surcharger des classes ou de favoriser des fermetures de classes prononcées après la rentrée scolaire.

Le maire fustige par ailleurs le tract adressé par les syndicats aux parents, évoquant des “assertions partielles et erronées”, nourrissant des “polémiques stériles”.

Des remarques “inacceptables tant elles remettent en cause la probité et l’éthique des enseignant.es de la ville”, estime l’intersyndicale dans un courrier de réponse au maire. Les syndicats estiment que la situation se dégrade depuis de “longues années” et que les problèmes ne sont pas uniquement liés à la situation politique actuelle de la ville. Ils appellent à “rétablir un dialogue plus respectueux de chacun.”

Manifestations et grève

Dans ce contexte, une AG réunissant 81 personnels s’est tenue jeudi 6 juin dernier, indiquent les syndicats Snudi-Fo94 et FSU Snuipp, dans un communiqué commun. Il y a été décidé d’organiser deux rassemblements pour alerter sur la situation. Un premier s’est tenu ce mardi 11 juin à 12 heures devant la mairie de Villeneuve-Saint-Georges, un second se tient ce mercredi 12 juin à midi devant la préfecture. Les enseignants prévoient par ailleurs de faire grève le mardi 18 juin.