La coopérative Maze, créée en 2022 en France par des chauffeurs indépendants rejetant “la subordination” aux grandes plateformes de VTC, a inauguré mercredi son siège à Saint-Denis près de Paris, tout en lançant une levée de fonds pour sa survie.
Maze dit compter plus de 560 chauffeurs-sociétaires, qui entendent s’affranchir des géants du secteur. “On est à la croisée des chemins. Si on ne lève pas de l’argent, on ne pourra pas continuer le projet, en autofinancement”, a expliqué à l’AFP Brahim Ben Ali, initiateur et “PDG de la coopérative dont le mandat est renouvelé tous les six mois”.
“La différence, ici, c’est la démocratie participative: les chauffeurs ont le pouvoir de décider de leurs conditions de travail, de leur temps de travail et de leur rémunération”, a-t-il insisté. “On est tous des camarades, on a construit ça ensemble!”, a-t-il lancé aux chauffeurs réunis pour l’inauguration des locaux, en présence d’élus.
Maze s’adresse pour l’instant à une clientèle professionnelle, par la réservation de courses pour des entreprises ou des collectivités et son application n’est pas encore destinée au grand public.
Mais elle se tourne vers le financement participatif – ou crowdfunding – pour financer en particulier la poursuite du développement de son application, conçue par la société Matters. “On espère pouvoir lancer l’accès (du service) aux particuliers en 2025”, a expliqué à l’AFP le directeur des opérations de Matters, Philippe Cedelle. “Il y a un vrai enjeu éthique: tous les chauffeurs sont propriétaires de Maze et la coopérative mise sur leur formation”, a-t-il vanté.
“Avec les grandes plateformes, le chauffeur ne décide de rien, ce sont les algorithmes qui décident de tout, la subordination est complète”, a expliqué à l’AFP un chauffeur, Aymen Harrabi, 40 ans. “Et quand on s’est rendu compte qu’on était exploités, on a cherché une alternative à +l’ubérisation+” en créant cette coopérative.
“Ca pouvait paraître une utopie, bravo de l’avoir concrétisée”, a lancé la députée européenne Leïa Chaibi (LFI), disant avoir connu Brahim Ben Ali lors de la lutte pour faire adopter en avril la directive européenne visant à améliorer les conditions d’emploi des personnes travaillant via une plateforme numérique. Le sénateur communiste Pascal Savoldelli s’est dit aussi “touché par l’humanisme du projet, à une époque de plateformisation de la société”.
Le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis et le territoire de Plaine Commune détiennent chacun des parts sociales (25 000 euros) dans la coopérative.
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