Région la plus dense du pays, l’Ile-de-France a été particulièrement touchée par l’épidémie de Covid-19, surtout lors de la première vague de mars-avril 2020. L’Observatoire régional de santé (ORS) revient sur la période 2020 à 2022 avec un bilan chiffré de cette crise sanitaire historique, mettant l’accent sur les disparités observées et sur les conséquences de plus long terme en matière de santé publique.
Parmi les premières conséquences de l’épidémie : l’Observatoire pointe tout d’abord la hausse de la mortalité. Le nombre de décès en 2020 a ainsi été supérieur de 20% aux années précédentes dans la région, contre +11% en France. La période la plus sombre a été celle du 11 mars au 10 mai 2020, avec +79% en Ile-de-France et +22% en France. Au total de 2020 à 2022, ce sont pas moins de 9 vagues de Covid qui se sont succédé, du variant Delta aux différentes déclinaisons de Omicron. En 2020 en Ile-de-France, la Covid-19 a été responsable de 17,9% des décès, derrière les tumeurs (23,9%) mais devant les maladies de l’appareil circulatoire (16,8%).
Si l’Observatoire relève la “réactivité sans précédent” des services hospitaliers et de l’organisation des soins, pour affronter le flux des malades qu’il a fallu traiter d’urgence durant cette période de crise, il note aussi que cette situation d’urgence a entrainé des “reports de soins, risques d’aggravation de certaines pathologies, retards de dépistages et prévention”. Au-delà, “les confinements et restrictions de déplacements ont eu également de fortes conséquences sur la santé physique et mentale, le sommeil, les consommations de tabac et d’alcool, la nutrition, l’activité physique et la sédentarité, l’usage des écrans… dont on ne sait pas si elles vont perdurer durablement. En tout état de cause, l’Insee annonce 53 800 décès de plus qu’attendus en 2022 en France soit une surmortalité plus élevée qu’en 2020 et 2021. Alors même que l’épidémie de COVID-19 a été moins meurtrière, ce sont les décès dus à d’autres causes qui ont augmenté”, pointe l’ORS.
L’Observatoire insiste par ailleurs l’épuisement des professionnels de santé, qui a contribué à une augmentation de la vacance des postes et de la pression sur ceux qui restent.
Côté plus constructif, l’Observatoire note le développement de nouvelles pratiques, qui ont vraiment pris en leur envol avec la crise, comme la télémédecine ou au contraire le développement du “aller vers” pour toucher les populations les plus éloignées du système de soins, tout en précisant que les bénéfices sur la santé globale des populations restent à mesurer. Sans compter innovations développées durant la crise.
Fortes disparités infrarégionales
L’analyse des données épidémiologiques permet aussi à l’ORS d’objectiver les fortes disparités, notamment géographiques, avec, par exemple, un fort gradient Est/Ouest. “Au sein de l’agglomération parisienne, l’analyse géographique met en évidence les zones à regroupements de taux d’hospitalisation élevés (sud-est du Val-d’Oise et est de la Seine-Saint-Denis) et respectivement faibles (nord-est des Yvelines)”, pointe l’ORS. “Le fait de vivre dans une commune dense proche du centre de l’agglomération parisienne, socialement défavorisée, avec une part élevée de ménages surpeuplés et de travailleurs clés entraîne un risque accru d’hospitalisation”, poursuit l’Observatoire. En Seine-Saint-Denis, la perte d’espérance de vie a été de 1,5 an pour les femmes et de -2,5 ans pour les hommes en 2020.
Le tableau des taux de mortalité et la carte des taux d’hospitalisation ci-dessous illustrent ces disparités.
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