Alors que huit groupes scolaires de Noisy-le-Grand doivent changer de sectorisation à la rentrée de septembre 2024, les familles se rebellent. Près de 250 enfants sont concernés par un changement d’école. Associations de parents d’élèves et élus d’opposition dénoncent une décision non concertée.
“Il n’y a eu aucune concertation de la part de la mairie. On nous a juste informés de la nouvelle sectorisation sans mesurer l’impact sur les familles et surtout les enfants“, souffle Aurore Cabellero, la présidente de la FCPE à Noisy-le-Grand. La nouvelle carte scolaire concerne huit groupes scolaires sur les 22 que compte la commune : Samuel Wallis et La Varenne à l’ouest, L’Oiseau-Lyre, Joliot-Curie et Robert Desnos au nord, ainsi que Simone Veil, Jules Ferry et Vincent Van Gogh à l’est.
250 enfants désectorisés
Objectif : mieux répartir les effectifs alors que certaines écoles sont saturées et d’autres en sous-effectif. Problème, cette nouvelle cartographie impose un changement d’école aux élèves qui entrent en petite section de maternelle ou en CP, sans tenir forcément compte des fratries. Pour certains, le trajet va aussi s’allonger. “Les élèves vivant dans le quartier des Epinettes [ndlr, à la pointe nord-est de la ville] qui sont scolarisés à l’école La Varenne vont devoir aller à L’Oiseau-Lyre. Sauf qu’il faut compter 35 minutes de marche au bas mot, sachant que les bords de marne ne sont pas sécurisés et qu’aucun moyen de transport n’est prévu“, explique, par exemple, Aurore Caballero. 70 enfants seraient dans ce cas.
À l’école Simone Veil, la désectorisation touche une vingtaine de familles. “Les enfants qui sont actuellement en maternelle et qui passent en élémentaire à la rentrée, devront changer d’école et aller à Van Gogh ou Jules Ferry. Mais, dans le cas où il y a des fratries, un parent qui dépose un enfant à Simone Veil à 8:20, n’a pas le temps de déposer le plus petit qui entre en CP à Van Gogh par exemple“, explique Juliette Yobo, présidente de l’association de parents d’élève de l’école élémentaire Simone Veil. Dix minutes de marche environ séparent les deux établissements. “À cet âge, les enfants ne peuvent pas faire ce parcours aussi rapidement“, pointe-t-elle. En tout, 250 enfants de la ville seraient concernés dans les prochaines années par la nouvelle cartographie scolaire, selon la FCPE.
Des premiers ajustements après une réunio de concertation
En amont du conseil municipal du 7 mars, en pleine séance du conseil municipal, un groupe de parents d’élèves a manifesté “silencieusement” son opposition aux choix de la mairie.
Face au mécontentement, Brigitte Marsigny, la maire (LR) de Noisy-le-Grand, a décidé de retirer de l’ordre du jour le vote de la révision de la carte scolaire lors de ce conseil. “Il est inacceptable de changer d’école des enfants en cours de cycle, surtout pour ceux qui passent de la grande section au CP. Les enfants n’ont pas à subir les conséquences des projets immobiliers mal anticipés de la municipalité. Une réforme de la carte scolaire est maintenant nécessaire, mais elle doit se faire en concertation avec les parents“, fustige Vincent Monnier, élu d’opposition (groupe Projet citoyen). Emmanuel Constant, élu socialiste (groupe Noisy Respirons), tance quant à lui l'”amateurisme” de l’exécutif municipal. “Comme tout changement et notamment concernant la carte scolaire, une nouvelle organisation inquiète les familles. À ce jour, des réunions avec ces dernières ont été organisées afin de prendre en compte leurs contraintes du mieux possible. Les fédérations de parents d’élèves ont été consultées lors de ces réunions et reçues par Madame le Maire“, rétorque Sylvie Huret, adjointe au maire en charge de l’éducation et de l’enfance.
À la suite d’une réunion avec les familles et les associations organisées le 28 mars, la ville a, en effet, accordé plusieurs assouplissements. Les familles des écoles Juliot Curie et Desnos et la Varenne ne seront plus obligés d’intégrer l’école L’Oiseau Lyre. En revanche, la ville prévoit de maintenir l’intégration des enfants venant de l’école Wallis à La Varenne. Si elle reste aussi sur sa position concernant l’école Simone Veil, elle indique être ouverte à des demandes de dérogation vers le Clos d’Ambert, école située à 500 mètres où deux classes ont été fermées faute d’effectifs suffisants.
“Ce n’était pas une vraie réunion de concertation, mais une réunion où on nous a proposé des solutions alternatives”, estime cependant Juliette Yobo. “J’ai, par exemple, soulevé ce problème de distance et la mairie a préconisé la gratuité du centre de loisirs pour les ainés lors de l’accueil du matin et le soir à l’école Simone Veil. Tout ça pour que les parents ne soient pas en retard à l’autre école. C’est n’importe quoi. C’est une manière de dire si vous voulez la paix, déscolarisez l’ainé et mettez tous vos enfants dans la même école. Il faut savoir que certaines familles ont emménagé dans le quartier pour pouvoir scolariser leurs enfants à Simone Veil. De nouveau, on ne leur demande pas leur avis“, poursuit-elle.
“On a déménagé parce que l‘école Simone Veil est à deux minutes“
C’est le cas de Marlène, maman de deux filles, installée à Noisy-le-Grand depuis deux ans. Son aînée de sept ans est scolarisée à Simone Veil. La cadette, de deux ans, devra en revanche faire son entrée en petite section de maternelle à l’école Van Gogh. “J’ai reçu un mail en février qui m’annonçait la nouvelle sectorisation. Mais comme j’avais déjà fait l’inscription de ma petite, je ne me suis pas tout de suite sentie concernée. Ça ne m’arrange pas du tout. On a déménagé parce que l‘école Simone Veil est à deux minutes, on doit juste traverser le parc. Ma fille a ses habitudes et ses amies ici. On est tout un groupe de parents qui s’entraident“, souligne Marlène.
La perspective d’inscrire sa fille à l’école Van Gogh ne l’enthousiasme pas non plus, l’établissement étant situé aux abords d’une cité connue pour son point de deal. Autre sujet d’interrogation pour Marlène : seules les familles, au nombre de dix, de son immeuble qui est le seul au milieu d’un quartier pavillonnaire, sont concernées par la désectorisation rue Jules Ferry. “Je ne comprends pas du tout la logique. Tout le bloc de bâtiment dont on est locataires dépend de Simone Veil“, fustige la jeune maman.
Pour autant, la révision de la carte scolaire ne suscite pas en soi d’opposition des parents d’élèves. “Ce que l’on demande, c’est que l’on laisse le choix aux familles“, résume Aurore Caballero. “Certaines familles sont pour et d’autres contre“, précise, quant à elle, Juliette Yobo. “Si la mairie persiste, on demande à ce que la nouvelle sectorisation ne soit appliquée que pour les familles qui arrivent. Dans le cas de Simone Veil, pourquoi ne pas proposer aux familles l’école du Clos d’Ambert ?“, interroge-t-elle, confirmant que l’établissement est saturé.
“Des solutions d’adaptation sont encore en cours d’affinage afin d’impacter le moins possible les familles tout en assurant un cadre d’accueil et d’apprentissage de qualité pour les enfants“, assure Sylvie Huret.
Une nouvelle manifestation doit avoir lieu à l’approche du prochain conseil municipal qui doit acter, le 28 mai, la nouvelle carte scolaire.
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