Après avoir tout perdu dans un incendie survenu la nuit de Noël, un couple et ses cinq enfants, locataires d’un logement social à Noisy-le-Grand ont vécu un véritable parcours du combattant avant d’être relogés… À Tremblay-en-France, soit à une heure et demie de leur domicile. Un saut dans l’inconnu difficile, avec changement d’école et de cadre de vie.
De l’ancien appartement de la famille Cuvilliez, situé dans la résidence Vilogia du quartier de La Varenne, à Noisy-le-Grand, il reste aujourd’hui peu de choses. Dans la nuit du 25 au 26 décembre, un incendie a tout emporté ou presque, à commencer par les cadeaux de Noël des cinq enfants âgés de 9 mois à 11 ans.
Âgée de 31 ans, Jessica Cuvilliez, la mère de famille, reste traumatisée par l’incendie.
“On aurait pu tous y rester“
“Ça c’est passé après 23h00, la nuit de Noël. J’étais allée me coucher avec ma fille de 9 mois qui avait de la fièvre. Mon mari s’était endormi avec mon petit de trois ans devant un film. C’est lui qui a vu le feu prendre sur le balcon et qui a donné l’alerte“, se souvient-elle. “On aurait pu tous y rester. Quand je me suis rendu compte du feu, le double vitrage avait explosé. Les rideaux se sont embrasés. Le feu s’est ensuite propagé dans l’appartement“, ajoute-t-elle, émue. La nuit même du sinistre, ses enfants ont d’ailleurs été hospitalisés et mis sous oxygène durant quelques heures, à l’hôpital Saint-Camille, à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne), en raison des risques d’intoxication.
Dans les flammes, ce sont plusieurs milliers d’euros qui sont partis en fumée. “Un canapé que l’on venait d’acheter, tout le matériel électronique, l’écran plat, le frigo, le four… On venait aussi de faire des travaux. Il y en a pour plus de 8 000 euros de pertes“, estime-t-elle. Les pompiers arrivés sur les lieux environ 7 minutes après avoir été appelés, n’ont pu que limiter les dégâts et sécuriser les autres habitations.
Une errance d’hôtel en hôtel pendant vingt jours
Très vite, le choc a toutefois laissé place à l’angoisse de ne pas retrouver un nouveau toit.
Dès le lendemain du sinistre, la mairie de Noisy-le-Grand prend en charge en urgence une location dans un hôtel Ibis, à proximité. Leur assurance prend ensuite le relais. Commence alors une errance qui va durer près de vingt jours. Le couple et ses cinq enfants enchainent les hôtels, d’abord au Blanc-Mesnil, puis à Roissy-en-France (Val-d’Oise). Entre-temps, Jessica Cuvilliez fait le siège du service social de la mairie qui finit par lui proposer, vers le 4 janvier, se souvient-elle, une chambre pour elle est ses trois plus jeunes enfants à l’hôtel Baladins à Torcy (Seine-et-Marne). “Je ne pouvais pas laisser mon mari et mes deux plus grands se débrouiller tous seuls. Je leur ai donc dit de prendre la chambre, pendant que les trois petits et moi allions nous installer dans mon local de travail. Mais, quand il est entré dans la chambre de l’hôtel à Torcy, mon mari m’a tout de suite dit qu’il n’y resterait pas“, relate-t-elle, évoquant la saleté des lieux et des fenêtres qui ne ferment pas. Pendant quelques jours, la famille se tasse donc dans le salon de beauté de Jessica, un local de 15 m2 situé au-dessus du centre commercial Les Arcades.
“On a refusé catégoriquement de nous trouver un autre hébergement en expliquant que j’avais refusé d’aller à Torcy. Mais je ne pouvais pas laisser mon mari et mes enfants. En plus, Torcy est à plus d’une heure de l’école qui allait reprendre…“, se justifie-t-elle. C’est finalement l’assurance qui accepte de nouveau de prendre en charge une location dans un hôtel, cette fois à Noisiel. Puis, ce vendredi 12 janvier, leur bailleur, Vilogia, les a informés que la signature d’une convention pour un relogement temporaire à Tremblay-en-France pourrait être signée dès cette semaine.
Un relogement qui remet tout en question
Un soulagement en demi-teinte pour Jessica Cuvilliez. “Nous avons bien sûr dû accepter. Le bailleur n’a pas d’autre logement disponible à Noisy-le-Grand. Mais, Tremblay-en-France est à une heure et demie d’ici. Mon mari va pouvoir continuer à aller en voiture travailler [à Pantin] parce qu’on a pu récupérer par chance la clé du véhicule à moitié brûlée. Mais, moi, je vais devoir m’arrêter de travailler, en tout cas le temps de nous réorganiser. Comme c’est un logement temporaire jusqu’à la remise en état de notre logement à La Varenne, je dois continuer à louer mon local de travail pour ne pas le perdre. J’essaierai de venir le samedi.”
Les enfants, surtout les plus âgés, accusent aussi le coup. “C’est dur pour eux parce qu’ils vont devoir changer d’école en plein milieu de l’année. Ils ne vont plus voir leur amis. Surtout, mes deux aînés sont suivis par une auxiliaire de vie scolaire. Angel, qui a 11 ans, a déjà redoublé et devait entrer au collège en Segpa à la rentrée prochaine. Il faudra refaire un dossier à la MDPH [ndlr, Maison départementale pour les personnes handicapées]. Cela va prendre plusieurs mois, d’autant que l’on doit refaire tous nos papiers. L’orthophoniste est à côté de chez nous, à Bry-sur-Marne. C’est une vraie galère“, détaille la mère.
Des causes de l’incendie à préciser
En parallèle, le couple attend les conclusions de l’expertise de leur assurance sur les causes de l’incendie. Pour l’instant, l’enquête de police n’a communiqué aucun résultat et l’expertise, diligentée quelques jours après le drame par le bailleur, ne mentionne, selon Jessica Cuvilliez, aucune cause avérée. Contactée par 93 Citoyens, la ville de Noisy-le-Grand indique qu'”un feu d’artifice a abouti sur leur terrasse, qui était pleine d’objets inflammables. En ouvrant la fenêtre, le feu s’est propagé dans leur logement suite à l’appel d’air.”
Jessica Cuvilliez confirme, en effet, avoir entreposé sur son balcon des produits professionnels qu’elle venait de réceptionner, le temps des deux jours de congés qu’elle avait pris pour les fêtes. Elle ne croit en revanche pas à l’hypothèse d’un feu d’artifice. Elle s’interroge sur les possibilités d’un acte de malveillance, évoquant des relations parfois tendues avec certains voisins. “Mon mari a eu les pneus de sa voiture dégonflés“, cite-t-elle. Ni elle ni son mari n’ont toutefois déposé de plainte.
“Ce qui me frappe, c’est le manque de soutien. Je suis très déçue. J’ai le sentiment qu’on est traités comme des citoyens de seconde zone. Personne ne nous accompagne et ne nous dit qui contacter. On doit courir derrière tout le monde. C’est nous qui avons dû relancer la mairie et l’assurance pour ne pas finir à la rue. Je ne peux pas croire que la mairie n’ait pas pu trouver une solution de relogement dans la ville. Pire, on a même osé me dire de retourner dans notre logement. Mais tout a brulé, il n’y plus d’eau ni électricité. Ça m’a choqué. Moi, je vis en France depuis 15 ans, j’ai un titre de séjour, je comprends à la limite que l’on me traite mal. Mais, mon mari est né et a grandi à Noisy-le-Grand. Il n’a jamais cessé de travailler.…“, souffle Jessica Cuvilliez.
De son côté, la mairie de Noisy-le-Grand assure s’être mobilisée dès le premier jour du sinistre pour accélérer, notamment auprès de Vilogia, la procédure de relogement. Si la ville reconnait que la solution d’hébergement trouvée en urgence “n’était pas très sympathique, la famille se retrouvant séparée“, elle rappelle avoir “payé cinq nuitées d’hôtel que la famille n’a pas utilisées”.
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