Ce samedi 27 avril, habitants et des élus de tous bords du Val-de-Marne ont donné de la voix contre le projet de prison à Noiseau.
“Le combat du maire de Noiseau et de l’ensemble des élus du Val-de-Marne n’est pas un combat contre
les prisons ! Il ne s’agit pas non plus ici de dire que les prisons, c’est bien, mais pas chez soi ! C’est
simplement faire constater à l’État que le site est inapproprié et que seul celui-ci est contesté par
l’ensemble des strates politiques (administratives ?) de la région Île-de-France”, défendait la ville dans un communiqué, avant la manifestation. Et le maire, Yvan Femel (LR), de rappeler les propos rassurants du président de la République en février 2019, qui envisageait “une solution différente” si personne ne voulait de la prison.
“Le Val-de-Marne ne peut pas assumer seul les besoins carcéraux de l’État français ! Pour exemple,
avec une prison de 800 places, Noiseau représenterait 30% des places prévues en Ile-de-France”, chiffre la ville.
La mobilisation ne faiblit pas à Noiseau malgré la pluie pour refuser un projet de prison imaginé dans les couloirs des ministères sans tenir aucun compte des réalités du terrain.
— Marie-Carole Ciuntu (@mcciuntu) April 27, 2024
Le terrain s’est exprimé une nouvelle fois ce samedi et d’une manière éclatante : c’est NON ❗️ pic.twitter.com/pOtsHUvvVp
La marche est partie sous la pluie de l’hôtel de ville pour se diriger à proximité du site envisagé pour ériger la prison, lequel est situé en partie sur des terres agricoles. Dans le cortège, les habitants en colère et des élus de tous bords, maires, parlementaires, président du département, élus municipaux, départementaux et régionaux.
Article mis à jour le 29 avril, après la manifestation
Rappel du contexte
Annoncé en octobre 2018, le projet de construire une prison de 700, et désormais 800 places, à Noiseau, ville de 5 000 habitants, a immédiatement suscité la colère de la population, soutenue par un front uni d’élus de tous bords, d’un bout à l’autre du département. Les opposants s’inquiètent notamment du manque d’accès aux transports en commun, des problèmes de circulation déjà importants sur les routes, des nuisances pour les habitants, et encore des risques sur la biodiversité (terres agricoles, zones humides, terrains inondables) ou une remise en question de l’équilibre financier du projet d’agroquartier voisin.
Mais la maison d’arrêt de Fresnes, dotée de 1400 places, est en surpopulation chronique, parfois avec un taux de 200%. Dans ce contexte, l’objectif de construire une prison en Val-de-Marne est demeuré constant. Après avoir éliminé plusieurs sites potentiels, l’Apij (Agence publique pour l’immobilier de la Justice) a confirmé le choix de Noiseau, qui dispose encore de terres non construites, en particulier des terres agricoles, à proximité de l’ancien site France Télécom.
Début 2023, l’Apij a organisé une première concertation publique, lors de laquelle la population a massivement exprimé son refus de voir s’implanter une prison, notamment lors d’une réunion qui a attiré plus de 600 habitants en colère. En juin 2023, l’Agence a toutefois décidé de maintenir le projet, promettant de répondre aux réserves exprimées. Fin 2023, un appel d’offre a été lancé pour la construction. Début 2024, la préfecture a lancé une procédure pour qualifier le projet d’intérêt général (PIG), afin de s’affranchir de vétos urbanistiques comme les plans d’urbanisme ou le nouveau schéma directeur régional (Sdrif-E). Une procédure qualifié de “49.3 en urbansime” par le maire de Noiseau, Yvan Femel (LR), mais motivée par la préfecture par le manque de places à Fresnes.
Du côté des habitants comme des élus locaux, la mobilisation reste intacte. Les opposants mettent désormais en avant de nouveaux éléments comme l’inondation récente du terrain ou encore la présence d’un système de drainage en terre cuite du 17e siècle dans le sol.
L’objectif affiché reste d’ouvrir la prison en 2027.
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