Près de 130 menaces d’attentat via les espaces numériques de travail (ENT) ont visé depuis cinq jours des lycées et collèges, en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France et la région Grand-Est, déstabilisant les établissements scolaires au moment où le pays est en alerte maximale après l’attaque de Moscou.
Les alertes se multiplient depuis jeudi dernier, où des menaces avaient ciblé 74 lycées d’Ile-de-France, selon un dernier bilan du ministère de l’Education. Les lycéens et personnels des établissements y avaient reçu des messages de menaces d’attentat à la bombe, accompagnés d’une vidéo de décapitation. Ces messages leur avaient été adressés via les espaces numériques des établissements, utilisés quotidiennement et servant de lien entre enseignants, élèves et parents.
Des collèges de Seine-et-Marne ont été à leur tour ciblés vendredi. Puis des établissements des Hauts-de-France ce week-end (18 collèges et lycées dans les académies d’Amiens et Lille), selon le ministère. Le Grand-Est a également été visé. Le rectorat de Reims a indiqué lundi qu’une dizaine d’établissements ont été concernés, dans la Marne, les Ardennes, l’Aube et la Haute-Marne. La préfecture du Haut-Rhin a fait état de “multiples alertes à la bombe dans des établissements scolaires” et celle du Bas-Rhin de menaces dans une “quinzaine” de lycées et collèges. Au total, depuis la semaine dernière, “près de 130 établissements scolaires” ont été “ciblés par des actes malveillants” dans le pays, a résumé le ministère de l’Education. “Ces situations ont toutes été signalées aux forces de l’ordre, aux services d’enquête judiciaire, ainsi qu’à l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI)”, a-t-il ajouté.
Le parquet de Paris a précisé lundi à l’AFP que sa section de lutte contre la cybercriminalité “centralise à ce jour les procédures pour piratage des ENT commis au préjudice d’une centaine de lycéens franciliens, mais seules quelques plaintes ont été reçues pour le moment”.
Suspension temporaire de l’ENT en Ile-de-France
L’ENT d’Ile-de-France avait été suspendu jeudi. Rouverte lundi matin, la messagerie de l’ENT a été de nouveau fermée lundi après-midi à la demande des rectorats “compte tenu du contexte de menace”, a précisé la région Ile-de-France. Dans la région Grand-Est et les Hauts-de-France, les académies ont aussi demandé la fermeture de l’ENT.
“A ce stade, il n’a pas été relevé dans (l)es ENT d’intrusions par exploitation de failles ou de vulnérabilités de la sécurité des systèmes d’information”, selon le ministère de l’Education. Les auteurs des messages ne seraient donc pas “entrés” dans le système informatique, mais auraient seulement utilisé des “identifiants volés leur permettant d’envoyer des menaces”.
Ces faits interviennent dans un contexte d’alerte maximale face à la menace d’attentats, après l’attaque qui a fait au moins 137 morts vendredi soir dans une salle de concert près de Moscou, menée par une “entité” du groupe “Etat islamique” à l’origine, selon Emmanuel Macron, de “plusieurs tentatives” récentes sur le sol français. Vigipirate a été relevé dimanche soir à son niveau maximum, conduisant à renforcer les conditions de sécurité aux abords des établissements scolaires. Gabriel Attal a annoncé lundi que des “moyens exceptionnels” seraient déployés “partout sur le territoire”, avec “4 000 militaires supplémentaires”. Il a précisé que les établissements scolaires étaient une “priorité absolue”. Concernant les menaces sur internet, “nous identifions régulièrement des auteurs et nous les sanctionnons”, a-t-il rappelé. Le Premier ministre avait promis jeudi de “traquer” les auteurs de menaces d’attentats contre les lycées franciliens.
800 fausses alertes à la bombe à l’automne
Le gouvernement avait comptabilisé mi-novembre 800 fausses alertes à la bombe lors d’une précédente série d’alertes à l’automne. Elles s’étaient multipliées après l’attaque jihadiste qui a coûté la vie le 13 octobre à l’enseignant Dominique Bernard, à Arras (Pas-de-Calais).
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