75 bénévoles ont participé à la Nuit de la solidarité 2024 à Villejuif, ce jeudi 25 janvier, au contact d’une quinzaine de sans-abri. Parmi eux, beaucoup d’engagés associatifs. Reportage.
Il est 21 heures à la mairie de Villejuif, quand les bénévoles entament leur tour. Les dernières consignes ont été données, après un repas chaud. “Inutile de descendre dans le métro, la RATP a déployé ses propres équipes”, précise encore Didier Guillaume, l’ancien maire de Choisy, désormais directeur de l’action sociale à Villejuif.
Organisée depuis 2018, d’abord par la ville de Paris, puis avec la Métropole du Grand Paris et des villes partenaires, ainsi que le soutien de l’Apur (Atelier parisien d’urbanisme), la Nuit de la Solidarité vise à recenser les sans-abris à un instant T, pour documenter la situation et son évolution d’année en année. Pendant quelques heures, des bénévoles sillonnent les rues d’un secteur bien défini et recensent les personnes sans domicile en leur posant quelques questions, à partir de questionnaires standardisés. Les secteurs sont définis en amont et chaque groupe part avec une carte.
Les données sont ensuite compilées par l’Apur. Le principe est de recenser, pas d’aider. Dans la pratique, chaque commune interprète toutefois cette consigne en cohérence avec la réalité du terrain et ses principes d’humanité. “A Villejuif, nous avons des gants, bonnets, écharpes et de la soupe”, indique Antonin Cois, maire-adjoint en charge de l’action sociale.
À chacun son secteur, donc. La ville en compte douze, et ce jeudi soir, il y a largement de quoi les couvrir tous. 75 bénévoles ont répondu à l’appel, dont beaucoup d’associatifs, à l’instar de Marcel, 64 ans, bénévole au Secours populaire. Rompu aux distributions alimentaires, il s’est engagé dans la Nuit de la Solidarité dès sa première édition à Villejuif, en 2023. Cette année, il est accompagné d’un nouveau bénévole de l’association, Zouhir, 28 ans.
Josiane, 73 ans, est aussi du Secours Populaire, et a embarqué à ses côtés sa petite-fille de 16 ans. La Croix Rouge est aussi venue en force, bien visible avec son logo sur les vêtements. Au rendez-vous également : Secours catholique, Gas (Groupement d’action sociale), mais aussi associations locales comme la Maison Leduc, 94ème rue, ou encore 94 Unit’Aide, des associations créées par des jeunes de différents quartiers. L’Association des commerçants est aussi de la partie, avec des bénévoles et la préparation du buffet servi aux maraudeurs.
“Les associations sont au cœur de la stratégie de mobilisation de la ville”, défend Antonin Cois. “Nous organisons des rencontres de la solidarité tous les deux mois, qui viennent en complément du travail participatif du CCAS (Comité communal d’action sociale)”, détaille l’élu. “Nous faisons aussi un appel général aux bénévoles, mais les associations ont été impliquées en amont.”
Aïcha (photo de une), 20 ans, a créé l’association 94 Unit’Aide, qui compte aujourd’hui une quarantaine d’adhérents, précise-t-elle, essentiellement à Villejuif, mais pas uniquement. “On organise des récoltes alimentaires, une friperie solidaire, allons vers les hébergements d’urgence”, témoigne l’étudiante en droit, qui souhaite travailler dans l’administration pénitentiaire. Ce soir, elle a rejoint l’équipe de 7 personnes qui patrouille le quartier centre-sud, tout comme Lassana, 22 ans, étudiant en gestion, qui fait aussi partie de son association. Dans le petit groupe, il y a aussi une membre de la Croix Rouge, ou encore la responsable du CCAS, venue comme bénévole.
Avec les chasubles jaunes Nuit de la solidarité, l’équipée ne passe pas inaperçue, suscitant la curiosité et l’intérêt de passants qui viennent demander de quoi il s’agit. “C’est chouette, comment je peux participer ?”, demande un quadra.
Un couple et son bébé, qui dorment dans une voiture
Dans la rue, il y a aussi, bien-sûr, les personnes sans-abri. Ce jeudi soir, il ne faut pas longtemps pour croiser une dame accroupie, recroquevillée pour se protéger du froid. Deux bénévoles s’approchent pour entamer la discussion, les autres s’éloignent. C’est une personne qui vivait dans un squat dont elle a été expulsée, qui vit dans une voiture à Vitry-sur-Seine avec son mari et son bébé, rapporte une bénévole après l’entretien. Un peu plus loin, deux jeunes migrants, sans domicile, viennent au devant des bénévoles pour confier leur situation.
14 personnes sans-abri recensées
À la fin de la soirée, ce sont 14 personnes sans-abri qui sont recensées, dont 10 personnes seules, et une famille avec deux enfants. Parmi les adultes : 8 hommes et 4 femmes. En 2023, lors de la première édition, seulement 5 personnes sans abri avaient été comptabilisées.
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