Une enquête pour meurtre a été ouverte après qu’un cycliste a été écrasé à Paris par une voiture à la suite d’un différend, illustration d’une cohabitation de plus en plus délicate dans la capitale entre “mobilités douces” et automobiles.
Le cycliste prénommé Paul – selon l’association Paris en Selle qui l’a décrit mercredi sur X comme un “adhérent actif” – âgé de 27 ans, est décédé sur la voie publique, boulevard Malesherbes dans le VIIIe arrondissement, mardi en fin d’après-midi, “après un différend avec le conducteur d’un véhicule”, a détaillé à l’AFP le parquet de Paris, confirmant une information du site Actu17.
Le conducteur, âgé de 52 ans, a été interpellé sur place. Sa fille adolescente, née en 2007, se trouvait à bord du véhicule, un SUV selon plusieurs médias.
Les témoins de la scène ont “perçu une attitude volontaire du conducteur lors du mouvement de la voiture vers le cycliste”, a-t-on précisé de même source.
Une enquête pour meurtre a été confiée au 1er district de police judiciaire.
“Inacceptable”
Un rassemblement est prévu mercredi soir à 19h30, place de la Madeleine, pour rendre hommage à la victime, “impliquée depuis de nombreuses années” dans l’association Paris en Selle, créée en avril 2015 pour “promouvoir et développer l’usage du vélo sur le territoire de la métropole du Grand Paris”. Deux autres associations, Mieux se déplacer à Bicyclette et le collectif Vélo Ile-de-France, se joignent elles aussi à l’appel.
L’accident a suscité de vives réactions de la part d’élus de la capitale, où les “mobilités douces”, en particulier les vélos, ont pris ces dernières années une place de plus en plus prépondérante.
“C’est inacceptable de mourir aujourd’hui à Paris, à 27 ans, en faisant du vélo. Ces actes doivent être condamnés sévèrement. J’exprime mes sincères condoléances et apporte mon soutien et celui de Paris à sa famille et à ses proches”, a déclaré à l’AFP la maire PS de la capitale Anne Hidalgo.
Elue maire en 2014, puis réélue en 2020, Mme Hidalgo a fait du développement de la circulation à vélo un des axes principaux de sa politique. “En dix ans, nous avons aménagé l’équivalent d’un Paris-Bordeaux”, soit quelque 500 km de pistes cyclables, se félicitait avant l’été Mme Hidalgo dans l’hebdomadaire Le Nouvel Obs.
A Paris intra-muros, le vélo a dépassé la voiture comme moyen de déplacement, se situant désormais derrière la marche et les transports en commun.
Mais ces aménagements sont loin de faire l’unanimité. “On découvre un matin qu’on a une piste cyclable en bas de chez soi!”, avait fustigé en 2020 l’opposante Rachida Dati, demandant plus de concertation avec les maires d’arrondissement.
“Véhicules massifs”
En incitant les Parisiens à prendre le vélo pour éviter la promiscuité du métro, la crise sanitaire du Covid a aussi donné un coup d’accélérateur aux “mobilités douces”, créant des crispations. Des cyclistes sont régulièrement accusés de ne pas toujours respecter le code de la route.
Après l’accident de mardi, le sénateur communiste Ian Brossat a insisté sur la nécessité de réguler davantage l’usage des SUV.
“Depuis plusieurs années déjà, experts et associations pour la sécurité routière alertent sur les risques accrus liés à la circulation de ces véhicules massifs, conçus à l’origine pour des usages tout-terrain. En milieu urbain, leur présence représente un danger pour les piétons, les cyclistes, et même pour les autres conducteurs”, a-t-il estimé dans un communiqué.
Ce drame illustre une énième fois la cohabitation de plus en plus délicate dans la capitale entre ces diverses formes de mobilités.
Mi-août, un chauffard roulant à contresens dans le centre de Paris avait percuté deux piétons, un cycliste et une personne à trottinette, après un refus d’obtempérer.
En 2023, 226 cyclistes sont morts sur les routes de France, dépassant pour la troisième année consécutive le seuil des 200 morts.
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