La mécanique est documentée. L’afflux de visiteurs lié aux grands événements sportifs conduit à une augmentation de la prostitution. L’Amicale du Nid, qui a déjà constaté une hausse des annonces dans les villes accueillant des centres olympiques, sensibilise des équipes de collèges de Seine-Saint-Denis à la prostitution des mineures.
“En 2014, lors de la coupe du monde de football au Brésil, l’arrivée de 600 000 visiteurs avait provoqué une hausse de 30 % de la clientèle de la prostitution. En Allemagne, lors de la coupe du monde de football en 2006, on a vu l’apparition de 40 000 prostituées supplémentaires, placées par les réseaux de proxénétisme. La corrélation entre les grands événements sportifs et l’augmentation de la prostitution est évidente”, s’inquiétait déjà la sénatrice Laurence Rossignol en avril 2023, dans une question écrite au gouvernement.
“On peut supposer qu’avec l’arrivée des Jeux olympiques, il va y avoir une augmentation de la prostitution des mineurs, notamment en Seine-Saint-Denis”, alerte à son tour Constance Benit de l’Amicale du Nid, devant l’équipe éducative du collège Romain Rolland à Tremblay-en-France. À l’initiative de la municipalité, l’association de lutte contre la prostitution est intervenue fin avril dans cet établissement a priori sans histoire.
“On sait qu’il existe une prostitution de mineurs dans la commune, d’ailleurs une proviseure de lycée nous a confirmé avoir identifié des signaux”, explique Gaëtan Dolce, chargé de la prévention de la délinquance à Tremblay. “Notre crainte c’est que ce phénomène augmente avec les Jeux et on veut absolument éviter que des jeunes filles se retrouvent dans cette situation“, ajoute-t-il.
Après le visionnage d’un film mettant en scène une élève de 14 ans qui bascule dans la prostitution, les questions fusent parmi les personnels éducatifs : “Comment identifier une élève qui est en difficulté? Comment lui en parler? Comment réagir si elle refuse de se confier? Et si elle confirme se prostituer?”
“Une gamine qui ne va pas bien, qui est fuyante avec des fréquentations qui changent, tous ces signaux vous allez les reconnaître”, indique Julie Durand, intervenante sociale au commissariat de police de Villepinte et de Tremblay. “Quand vous avez beaucoup de facteurs qui laissent penser qu’une gamine est en danger, il faut absolument signaler les faits”, complète-t-elle.
Recrudescence d’annonces dans les villes qui abritent des sites olympiques
Selon les associations, le nombre de mineurs prostitués a plus que doublé ces dernières années. Ils seraient entre 7 000 et 10 000, en très grande majorité des jeunes filles de 13 à 16 ans. Selon l’Amicale du Nid qui a mis en place en janvier une veille numérique, les annonces augmentent depuis plusieurs semaines sur ‘sexemodel’, le principal site d’annonces prostitutionnelles en France.
“Cette augmentation concerne surtout le 93 et notamment les villes qui hébergent des sites olympiques”, rapporte Hanitra Andriamandroso de l’Amicale du Nid.
La crainte d’une recrudescence de la prostitution à l’occasion des JO est prise au sérieux par le gouvernement qui doit dévoiler jeudi un plan de lutte avec une attention particulière portée à la question du numérique et des mineurs.
À proximité immédiate de Paris et de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, Tremblay présente plusieurs atouts pour les réseaux de prostitution désireux d’œuvrer pendant les Jeux.
“Ici on peut trouver des jeunes filles qui viennent de province, qui transitent par l’aéroport et qui repartent après sur Paris ou sur d’autres grosses agglomérations”, étaye Julie Durand.
La commune de Seine-Saint-Denis va accueillir l’équipe cubaine de boxe, “ce qui va attirer des supporters et donc des clients potentiels”, ajoute Hanitra Andriamandroso qui en profite aussi pour avertir l’équipe du collège sur certaines pratiques prostitutionnelles.
Augmentation des annonces à l’heure du déjeuner
“On constate une augmentation des annonces à l’heure du déjeuner quand les filles devraient être à la cantine et certains établissements signalent des allées et venues de voitures sur le parking aux mêmes heures, c’est là où ont lieu les passes”, dit Hanitra Andriamandroso. À l’évocation de ces détails “pratiques”, les participants se regardent en silence. Incrédules.
“Je pense que grâce à cette sensibilisation il y a des erreurs qu’on aurait peut-être commises et que l’on va pouvoir éviter“, espère Edouardo Perrier, le principal du collège Romain Rolland.
“Au début de ma carrière j’étais détachée des élèves, je me disais que ce n’était pas mon rôle de m’intéresser à leur vie”, glisse Laure Guilleminot, professeur de physique-chimie. “Mais en fait, on est souvent leur principal interlocuteur adulte au collège et s’ils viennent nous voir, il faut savoir être présent et leur dire qu’on est là et qu’on les écoute.”
par Celine BRUNEAU
Votre article rapporte : « On sait qu’il existe une prostitution de mineurs, d’ailleurs une proviseure de lycée nous a confirmé avoir identifié des signaux“.
En 1963, alors en 3ème dans une boîte privée du 5ème arrondissement de Paris, un camarade de ma classe se prostituait. On disait qu’il faisait le gigolo avec des vieilles rombières.
Aucune réaction de qui que ce soit bien qu’au moins un professeur fusse alors au courant. Je ne sais pas ce qu’il est advenu de ce garçon dont certaines conduites à risque dénonçaient un gout pour la vie assez peu développé.
Nous lisons un peu plus loin dans vos lignes : «…les filles devraient être à la cantine et certains établissements signalent des allées et venues de voitures sur le parking aux mêmes heures, c’est là où ont lieu les passes ». Récapitulons : le client se déplace donc tout spécialement pour consommer à la porte de l’établissement des collégiennes ou lycéennes, donc des jeunes filles mineures, ce qu’il ne peut pas ignorer. C’est purement et simplement de la pédophilie. L’arsenal juridique est heureusement suffisant en France pour envoyer ces criminels pathétiques réfléchir en prison pour un bon moment, avec dès le jugement confirmé, toutes les suites dont outre l’inscription sur un casier judiciaire, une amende au maximum qui aiderait au financement de la reconstruction psychique de leurs victimes.
Il reste à tenir mieux compte des signaux et agir plus efficacement qu’on le faisait dans une boîte privée en 1963.
En France, on dénonce à juste raison la délinquance masculine. Mais jamais la délinquance féminine ! Pourquoi ? Parce qu’une femme, une (très) jeune fille qui a des envies ou des besoins d’argent n’aura pas à voler ou vendre de la drogue : elle se prostituera. Hors la prostitution n’est pas en soit un délit … On peut librement vendre des services sexuels, mais le client qui achète sans contrainte ces services librement proposés est, lui, un délinquant !!!
Après, lorsque la plupart tomberont sous la coupe de réseaux de proxénétisme, elle seront naturellement, et à juste raison des victimes. Victimes sans avoir été au préalable délinquantes …
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