Pauvreté : la Seine-Saint-Denis compte de nouveaux quartiers prioritaires (QPV)

Depuis dix ans, la géographie prioritaire de la ville n’avait pas changé. Selon un décret du 28 décembre, 75 quartiers sont désormais classés quartiers prioritaires de la ville (QPV) en Seine-Saint-Denis.

12 nouveaux QPV

Par rapport à la précédente cartographie (2015), trois nouvelles communes intègrent le dispositif :

• Livry-Gargan avec le quartier de l’Église ;
• Les Pavillons-sous-Bois avec le quartier de La Fourche/Canal de l’Ourcq et celui de Chanzy-Briand
• Neuilly-Plaisance avec Les Renouillères

Dans les autres villes comptant déjà un ou plusieurs QPV, le périmètre de la politique de la ville s’étend à neuf nouveaux quartiers prioritaires : Duclos-Sausset et Balagny à Aulnay-sous-Bois, Les Dahlias à Gagny, Benoni à Villemomble, Calon à Saint-Denis, Pasteur au Blanc-Mesnil, Cité du Nord-Butte et Paul Vaillant-Couturier Allende-Neruda à Drancy, ainsi que Jaurès-Séverine au Pré-Saint-Gervais. 

Il n’y a donc finalement pas de quartiers sortants en Seine-Saint-Denis. À Pantin, un premier projet de redécoupage avait initialement exclu le quartier des Sept-Arpents, provoquant la colère du maire (PS) de la commune, Bertrand Kern. (Lire notre article)

Près de 700 000 habitants vivant en QPV

La labellisation quartier politique de la ville vise à identifier les poches de pauvreté pour y cibler prioritairement certaines politiques et moyens. Les critères retenus sont donc les revenus. Dans le détail, un QPV doit satisfaire les conditions suivantes :

• Se situer dans une unité urbaine de plus de 10 000 habitants
• Compter un nombre minimum de 1 000 habitants
• Le critère de revenu des ménages est défini par le décrochage par rapport aux revenus de l’unité urbaine du QPV et par rapport aux revenus de la France métropolitaine.

La méthode pour délimiter les nouveaux QPV n’a pas changé. Elle s’appuie sur le recours aux données actualisées de l’Insee (base Filosofi 2019 pour les revenus des foyers fiscaux et nouveaux périmètres des unités urbaines 2020) et sur un travail de l’Insee à l’échelle de carreaux (données carroyées) de 200 mètres de côté. Le zonage a ensuite été le résultat d’un travail mené par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) en lien avec chaque préfecture de département, chargée de mener la concertation avec les élus locaux.

Avec cette actualisation de la cartographie prioritaire, 697 700 habitants du département
bénéficieront de la politique de la ville, soit une hausse de 14%. Selon les données de la préfecture de Seine-Saint-Denis, l’enveloppe de crédits du programme 147, qui regroupe les financements spécifiques dans ce domaine, a atteint 24,169 millions d’euros en 2022.

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Des crédits en relative stabilité

Les QPV sont censés bénéficier de la politique de la ville, “notamment en matière fiscale, et autour des enjeux éducatifs, d’emploi, d’insertion et de développement économique, ou sociaux” afin de résorber les inégalités avec le reste du territoire, explique Sabrina Agresti-Roubache, la secrétaire d’Etat chargée de la citoyenneté et de la ville, dans un communiqué.

Les crédits prévus dans le cadre du projet de loi de finance (PLF) 2024 pour le programme 147 s’élèveront à 634,5 millions d’euros, soit une augmentation de 6,2% par rapport à 2023 (37 millions d’euros). “Mais, hors Anru et compte tenu de l’inflation, les moyens de la politique de la ville vont baisser en 2024“, constate Viviane Artigalas, sénatrice (PS) des Hautes-Pyrénées, dans un rapport pour avis du 23 novembre dernier sur le volet cohésion des territoires du PLF 2024. Pour elle, “l’augmentation des moyens du programme 147 dans le PLF 2024 s’explique essentiellement par la hausse de 35 millions du versement de l’État à l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru).”

Cité éducatives : l’une des réalisations des QPV

“Pour l’avenir, on peut se demander si les besoins financiers croissants de l’Anru ne risquent pas de phagocyter les moyens de la politique de la ville ou de reporter la charge sur d’autres acteurs“, alerte même l’élue qui se félicite, par ailleurs, de la “généralisation des cités éducatives“. Auditionnée devant la commission des affaires économiques du Sénat, Sabrina Agresti-Roubache avait confirmé que “la hausse des crédits de la politique de la ville permettra de financer la généralisation des cités éducatives (…), et d’augmenter la participation de l’État à la rénovation urbaine via l’Anru“. Dans le cadre du PLF 2024, “la priorité est donnée à la stabilisation des crédits locaux, notamment pour permettre le financement de la nouvelle génération des contrats de ville“, avait-elle précisé.

Au total, le gouvernement a reconnu 111 nouveaux QPV en France métropolitaine, portant leur nombre à 1 362 où vivent un peu plus de 5 millions d’habitants. Sur la base de cette nouvelle géographie prioritaire, les nouveaux contrats de ville, baptisés “Engagement Quartiers 2030” doivent être signés d’ici le 31 mars prochain. Dans cette perspective, Sabrina Agresti-Roubache a fixé deux objectifs: “être des vrais projets de territoire permettant de répondre aux enjeux identifiés en lien étroit avec les habitants et s’assurer de la mobilisation du droit commun pour les QPV.“

Liste des 75 QPV par commune en Seine-Saint-Denis