Environnement | Ile-de-France | 17/12
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Pollution automobile en Ile-de-France : la Zone à faibles émissions (ZFE) instaurée à reculons

Pollution automobile en Ile-de-France : la Zone à faibles émissions (ZFE) instaurée à reculons © andreas-lischka

Alors que la prime à la conversion d’un véhicule polluant vers un véhicule propre a été supprimée, la Métropole du Grand Paris a décidé d’assouplir la Zone de faible émission (ZFE), censée restreindre l’accès à une partie de l’agglomération parisienne aux véhicules les plus polluants. Cette décision intervient à quelques jours de l’entrée en vigueur des restrictions pour les Crit’Air 3, plus nombreux que les Crit’air 4 et 5 déjà concernés. Au menu : jours joker, exceptions et absence de contrôle.

À compter du 1er janvier 2025, en effet, les automobilistes détenteurs d’un véhicule Crit’Air 3 (certificat de qualité de l’air), c’est-à-dire les véhicules diesel immatriculés avant 2011 et les voitures à essence d’avant 2006, seront concernés par les restrictions de la ZFE durant la semaine. Or, plus de 420 000 véhicules sont concernés par ces nouvelles restrictions, déjà appliquées aux vignettes Crit’Air 4 et 5. Alors que la prime à la conversion, qui était complétée par des aides de la métropole, permettait de limiter la facture, sa suppression rend la transition plus compliquée et impopulaire.

💡 La Zone de faible émission (ZFE) comprend une large partie du Grand Paris : 77 communes sur les 131 de la métropole, à l’intérieur du périmètre formé par l’autoroute A86, du lundi au vendredi de 08H00 à 20H00. Le dispositif de ZFE, encadré par la loi climat et résilience de 2019, vise à diminuer la pollution de l’air et ses effets sur la santé. Son principe a été voté par l’intercommunalité Métropole du Grand Paris (MGP) dès 2018. Elle est depuis mise en œuvre de manière progressive, en commençant par les véhicules les plus polluants. Douze grandes agglomérations françaises ont déjà mis en place une ZFE. Seules les métropoles parisienne et lyonnaise sont obligées de limiter la circulation des véhicules Crit’Air 3 à compter du 1er janvier parce qu’elles dépassent les seuils de pollution pour deux types de polluants (particules fines et dioxyde d’azote). Il s’agit d’un enjeu de santé publique. Quelque “4 970 décès prématurés par an dans la Métropole du Grand Paris pourraient être évités si les recommandations de l’OMS étaient respectées”, selon la consultation publique qu’avait lancée la MGP.

Ces aides tomberont de “22 000 euros pour l’achat d’un véhicule neuf à 10 000 euros”, déplore Patrick Ollier, demandant au gouvernement de “revoir sa feuille de route”. “Plus de 90% des aides de la Métropole bénéficiaient aux ménages les plus modestes”, déclarait-il déjà début décembre, avertissant du risque de “fragiliser l’acceptabilité sociale” de la ZFE.

“C’est un niveau de désengagement de la part de l’État qui est choquant. Il reporte la responsabilité des ZFE sur les collectivités alors qu’il a été condamné à deux reprises (en 2021, ndlr) sur son inaction sur la question de la qualité de l’air”, abonde Sylvain Raifaud, coprésident du groupe écologiste, social et citoyen de la MGP. David Belliard, conseiller écologiste, dénonce lui une “mesure anti-sociale”.

29 jours joker

Dans ce contexte, la Métropole a mis la pédale douce en prenant deux mesures. D’une part, les automobilistes concernés pourront ainsi bénéficier d’un “pass 24 heures” pendant 24 jours pour circuler librement dans la ZFE, en plus des week-ends, soit 139 jours au total.

22 exceptions

Vingt-deux catégories socio-professionnelles pourront en outre y circuler librement, comme les véhicules approvisionnant les marchés, des déménageurs, des équipes de cinéma, ou encore les travailleurs en horaires décalés. Les véhicules d’associations d’intérêt général, tout comme les véhicules prioritaires (pompiers, police, SAMU, etc.), ne sont pas concernés non plus.

Pas de contrôle pendant un an

L’ensemble des véhicules Crit’Air 3 seront en outre exemptés de contrôle pendant un an, durant une “phase pédagogique” où les maires devront distribuer un livret aux automobilistes, a annoncé Patrick Ollier, le président de la MGP. Devant les élus réunis au Conseil métropolitain, il s’est dit “extrêmement déçu” que les contrôles automatisés, que l’État est chargé de mettre en place, n’interviennent qu’en 2026. En l’absence de contrôle, la ZFE risque de n’être que “virtuelle”, estime Sylvain Raifaud, “C’est de la pensée magique”, commente encore Emmanuel Grégoire, président du groupe socialiste, écologiste et républicain à la métropole.

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