Depuis qu’il a été décidé de tenir l’épreuve de natation marathon et de triathlon dans la Seine à Paris, c’est la course contre-la-montre pour rendre le fleuve baignable. L’État et les collectivités ont sorti le carnet de chèques pour mener les travaux tambour battant, mais les travaux de canalisation sont lourds et longs. Il ne suffit pas d’un coup de baguette magique.
Parmi les urgences, figurent le branchement systématique des évacuations d’eaux usées dans les circuits prévus à cet effet. S’il est en principe obligatoire de séparer les réseaux d’eaux usées (toilettes, cuisine..) des eaux pluviales (eaux de pluie qui cheminent via les gouttières), un certain nombre de foyers envoient encore leurs eaux usées dans un unique réseau qui se termine dans les pluviales, et, in fine, directement dans la rivière ou dans le fleuve De nombreux chantiers ont donc été menés pour accélérer les mises aux normes. Pour accélérer, des aides financières ont été apportées aux particuliers, ainsi parfois qu’une simplification des procédures. “Les subventions permettent de financer jusqu’à 6 000 euros” afin d’aider les particuliers à régler “une facture moyenne d’environ 8 000 euros”, font valoir Prif et mairie qui rappellent que “l’opération est désormais obligatoire dans la zone dite JOP”.
Le “plan baignade”, lancé en 2018 pour permettre de s’immerger dans la Seine et la Marne, a été doté de 1,4 milliard d’euros financés par l’État et les collectivités. Une opportunité de financement unique pour continuer d’assainir les cours d’eau de la métropole parisienne. Au-delà de l’enjeu sportif, il s’agit aussi, avant tout, d’un enjeu écologique majeur.
Lire sur le sujet : Conformité des réseaux d’eau chez les particuliers : un enjeu vital pour la Marne
Où en est-on à six mois des Jeux ? Sur“un peu plus de 20 000” branchements des “bassins versants prioritaires”, “plus de 7 000 propriétaires se sont déjà mis en conformité, dont des branchements qui généraient une importante quantité de pollution”, ont indiqué la mairie de Paris et la préfecture d’Ile-de-France (Prif), ce vendredi, dans un communiqué consécutif au comité de pilotage du plan baignade. Un tiers, c’est une étape, mais on est encore loin du but.
Pour les deux institutions à la tête de ce copil qui réunit d’autres collectivités franciliennes, des acteurs étatiques et le comité d’organisation des JO, “l’objectif de près de 10 000 branchements traités pourrait être atteint pour les Jeux olympiques et paralympiques (JOP)”. On serait alors à la moitié, ce qui permet déjà de réduire significativement la pollution. “La mise en œuvre du plan va conduire à une réduction de la pollution bactériologique identifiée de près de 75 % pour les Jeux”, rappellent la préfecture et la ville de Paris.
Quant aux péniches de Paris, qui doivent depuis 2018 se raccorder au réseau d’assainissement pour éviter là aussi le rejet de leurs eaux usées dans la Seine, “près de 80″%” des 263 bateaux sont “d’ores et déjà raccordés”, indiquent préfecture et mairie, qui visent 100% à l’été.
Des chantiers d’ampleur en amont de Paris
En parallèle de ce travail sur les branchements, d’autres gros chantiers sont lancés. Ici, il s’agit de créer les collecteurs d’eaux usées pour accompagner les branchements nouvellement séparés. C’est le cas, par exemple, à L’Haÿ-les-Roses et Chevilly-Larue où trois micro-tunneliers vont creuser de concert pour accélérer.
Lire : Val-de-Marne : un chantier d’urgence pour dépolluer la Seine avant les Jeux olympiques
Côté Marne, une usine de dépollution des eaux pluviales est aussi en cours de construction depuis plusieurs années à Champigny-sur-Marne.. Elle permettra de traiter directement les eaux pluviales impropres.
Lire : Une station de dépollution des eaux pluviales pour plonger dans la Marne avant les JO
À Neuilly-sur-Marne encore, c’est un siphon qui va relier les eaux pluviales issues du bassin versant du “ru Saint-Baudile”, qui compte encore de nombreux branchements unitaires (pas de séparation entre les eaux des WC et les eaux de pluie), à l’usine de dépollution des eaux située à Noisy-le-Grand, sur l’autre rive.
Lire : Un siphon sous la Marne, entre Noisy-le-Grand et Neuilly, pour permettre la baignade
Les épreuves olympiques de natation marathon et de triathlon doivent marquer le début de la reconquête de la Seine, avant l’ouverture de trois sites de baignade à Paris à l’été 2025. Mais l’annulation, à l’été 2023, de plusieurs “test-events” en raison d’une eau insuffisamment propre avait douché l’enthousiasme des organisateurs. Sur le parcours des épreuves, “70% des mesures quotidiennes sont bonnes pour la période du 1er juin au 7 septembre 2023”, et ce alors que les cinq “ouvrages structurants”, dont trois bassins de stockage et un de dépollution, n’étaient pas encore prêts, font valoir la préfecture et la capitale.
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