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Entreprendre | | 17/11
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Repex Floor à Bonneuil-sur-Marne : la petite industrie made in France s’exporte

Repex Floor à Bonneuil-sur-Marne : la petite industrie made in France s’exporte © CD

En 2019, après des années à la tête d’une grosse entreprise de promotion sur lieu de vente (PLV), passées à en optimiser l’approvisionnement en s’appuyant notamment sur la délocalisation, Philippe Écran a décidé de revenir cultiver le made in France pour préserver l’industrie locale et ses savoir-faire. Désormais, c’est lui qui exporte, avec sa fabrique de ponceuses à parquet et sols minéraux, Repex Floor. Une PMI qui a bientôt 77 ans au compteur et semble bien partie pour faire une centenaire. Visite.

L’histoire de Repex Floor commence juste après la Seconde Guerre mondiale. Un jeune entrepreneur, du nom de Ziegler, revient des États-Unis où il s’est réfugié pour fuir le régime nazi. “C’est là-bas qu’il découvre qu’on peut traiter le parquet en bois de façon mécanique en faisant tourner l’abrasif à l’aide d’un moteur”, raconte Philippe Écran. De retour en 1946, il décide de se lancer en proposant des machines mécanisées. La marque s’appelle d’abord Raclex. Très vite, des modèles originaux sont proposés, poursuit le nouveau dirigeant en montrant les machines d’origine, qu’il souhaite mettre en scène sous forme de musée pour conserver cette mémoire industrielle.

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Les toutes premières machines à poncer

Le nouveau patron, lui, croise le destin de la PMI, entre-temps rebaptisée Repex Floor, bien plus tard. La société de M. Ziegler, décédé dans les années 1970, a déjà quitté le giron familial après avoir été reprise un temps par sa fille.

Retour au made in France

Après avoir dirigé une grosse entreprise de PLV (promotion sur le lieu de vente), reprise en LBO (Leverage buy out, rachat avec levier d’endettement) lors de la retraite de son fondateur, après quinze ans de parcours commercial puis de direction, Philippe Écran, lui, veut changer d’horizon. “J’avais fait le tour, je connaissais toute la planète de la PLV”. Aussi, confie l’entrepreneur. “J’ai passé quasiment toute ma carrière à jouer le jeu de la mondialisation, en désindustrialisant un groupe qui avait des installations en France, en Belgique et même au Canada. J’ai cédé de nombreuses usines pour optimiser et mettre en place la supply chain. Et puis, je me suis dit que tous les pays qu’on appelle «low cost» n’allaient pas indéfiniment accepter de maintenir des conditions inférieures à celles des autres. Après la crise financière de 2008, on commençait par ailleurs à parler sérieusement de développement durable et de l’absurdité de faire traverser des conteneurs à travers la planète. Cela m’a amené à me poser des questions sur ma façon de voir les choses.”

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Philippe Ecran, dirigeant de Repex Floor

Fin 2017, il passe à l’action. Décidé à se mettre au service de l’industrie française, il cherche une petite entreprise à racheter sans le concours de financiers, pour avoir les coudées franches. “Je me suis dit : pour la fin de ma carrière, je voudrais décider librement, avec une vision à long terme, au-delà de cinq ans.” Une quête qui trouve son issue en janvier 2019, en rachetant Repex Floor.

Moins de 1% des pièces commandées en Asie

“Les machines sont conçues ici, ainsi que la majorité des pièces, à part ce qui est standard comme la visserie, la boulonnerie, les courroies… Ensuite, nous faisons fabriquer les pièces, essentiellement en France et un peu ailleurs en Europe. Nous commandons en Asie, pour moins de 1 % de nos approvisionnements, les petites roues notamment, dont le leader mondial est chinois”, explique Philippe Écran. “Même quand on a cherché à développer les cartes électroniques de nos machines, on a choisi un producteur basé dans ce même parc d’activité, E-T-A Appareils électrotechniques. La question du prix existe, bien sûr. Mais, une carte électronique, dans une machine qui vaut plusieurs milliers d’euros, ne représente pas l’un des composants les plus chers. En revanche, la souplesse d’avoir un fournisseur juste à côté est très confortable” motive Philippe Écran. Les “50 à 70 pièces en moyenne”, qui composent les machines, sont ensuite entièrement montées sur place, dans le Segro parc des Petits carreaux, à Bonneuil-sur-Marne. La PLV, elle, est réalisée chez Signaletik, également située dans le même parc d’activités.

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L’usine, située dans le Segro parc des Petits Carreaux à Bonneuil

La cohérence des gammes avant la diversification

Parmi les premiers leviers pour structurer le développement de l’entreprise, le nouveau dirigeant a commencé par travailler ses gammes. “Ces dernières dizaines d’années, il y avait des créations pour répondre à des besoins spécifiques, dépendant parfois d’un client.” L’objectif, désormais, est de construire une gamme cohérente avec des machines qui répondent en tous points à un marché bien défini. Côté diversification, l’entreprise a aussi commencé d’aller sur le béton en plus du parquet. “C’est venu assez récemment, et par accident, en développant une ponceuse multi-disques rotatifs”, confie Philippe Écran. C’est un client qui a réalisé que la machine ne faisait pas que poncer le parquet, et a encouragé la PMI à développer des outils en métal diamanté pour raboter du béton, voire à poncer du béton. Un nouveau marché. “On commence à vendre cette machine-là partout en France, aux artisans spécialisés dans les bétons décoratifs, par exemple.”

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Le magasin de l’usine

Au-delà des ponceuses, l’entreprise vend des consommables et des vernis, grâce à un partenariat avec des fabricants. “Nous n’avons pas opté pour une sous-traitance en marque blanche. On préfère vendre sous la marque du créateur, pourvu qu’il fabrique en France. Les abrasifs sont fabriqués dans une usine située au Mans. Les vernis au pied des Alpes”, détaille le dirigeant.

Cap sur l’export

Pour développer les ventes, l’entreprise s’appuie sur des distributeurs qu’elle va chercher sur les salons professionnels. “Quand j’ai fait l’acquisition de l’entreprise, j’avais repéré qu’il y avait un gros salon international à Düsseldorf tous les deux ans. Or, il se tenait en janvier 2019, date à laquelle j’ai acheté. J’ai donc mis des conditions suspensives pour que mon cédant organise notre présence sur le salon. J’ai signé vers le 6 janvier, le 9, j’étais à Hanovre ! Et c’est là que nous avons contracté avec notre distributeur allemand, ce qui nous a permis de nous inscrire d’emblée dans une démarche d’export.”

L’international figure, en effet, parmi les axes stratégiques du dirigeant. ”On a commencé par le nord de l’Europe, où il y a beaucoup de sols en parquet, puis l’est et le sud. L’export représente désormais plus de 25% du chiffre d’affaires”, indique-t-il. À moyen terme, se profilent des projets en Afrique du nord, notamment en Algérie et au Maroc. Puis l’Amérique, “mais ce ne sont pas les mêmes normes électriques”.

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“On aurait pu rester un petit fabricant de machines dédié aux parqueteurs parisiens. Notre vocation, aujourd’hui, c’est plutôt d’être un acteur européen dans le domaine des machines pour la rénovation des sols”, ambitionne Philippe Écran.

En termes d’équipe, Repex Floor compte 7 collaborateurs en plus du dirigeant, essentiellement pour la production et le service après-vente. “Le diplôme qui s’approche le plus des profils que nous recrutons est celui d’électromécanicien, mais nous cherchons des gens qui aient vraiment envie de faire de la mécanique, c’est-à-dire de l’usinage. Des gens qui aiment le métal, l’électricité, et aient une certaine sensibilité pour le fonctionnement d’une machine”, insiste le patron. De son côté, le dirigeant de 60 ans se projette encore un moment dans l’entreprise : “tant que j’ai la santé”.

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