Rino Della Negra : footballeur du Red Star de Saint-Ouen et résistant du groupe Manouchian

“Embrasse bien fort tous ceux que je connaissais. Tu iras au Club Olympique Argenteuillais et embrasse tous les sportifs du plus petit au plus grand. Envoie le bonjour et l’adieu à tout le Red Star“, écrit Rino Della Negra dans une lettre d’adieu adressé à son frère.

Le jeune footballeur n’a que 20 ans lorsqu’il est fusillé par les nazis au Mont-Valérien (Hauts-de-Seine) le 21 février 1944 aux côtés des autres résistants du Francs-tireurs et partisans de la main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI). Ceux du “groupe Manouchian”. Comme celui des 21 camarades du groupe, le nom de Rino Della Negra a fait son entrée symbolique au Panthéon. Son nom est désormais inscrit sur une plaque à l’entrée du caveau où ont été transférées les dépouilles de Missak Manouchian et de son épouse Mélinée.

Emblème du Red Star

Rino Della Negra n’aura que très peu joué pour le Red Star. Il est pourtant resté un emblème de cette équipe iconique de la Seine-Saint-Denis. Son portrait floque banderoles, écharpes et maillots aux couleurs du club. Le 22 février 2004, une plaque lui rendant hommage est apposée au stade Bauer.

Recruté dans l’équipe à l’été 1942, il est, en effet, réquisitionné en janvier 1943 pour le service du travail obligatoire (STO). Ce tournant met fin à sa carrière : Rino Della Negra refuse et passe à la clandestinité. Il rejoint, en février 1943, les FTP d’Argenteuil, puis le 3ème détachement italien des FTP-MOI. Le Red Star est devenu sa couverture. Entre mai et novembre 1943, il participe à une quinzaine d’opérations armées.

Fils d’immigrés italiens

Lorsqu’il rentre au Red Star, qui alors une des plus grandes équipes du championnat, Rino Della Negra est déjà repéré comme l’une des étoiles montantes du football français. Un parcours éclair depuis ses débuts au FC Argenteuillais, l’équipe de l’usine Chausson où il travaille comme ajusteur depuis l’âge de 14 ans.

Né à Vimy, dans les Hauts-de-France, en 1923, Rino Della Negra est originaire d’Udine dans la région du Frioul, en Italie. Comme tant d’autres italiens, son père, briquetier, fuit le fascisme et traverse les Alpes. Les Della Negra finissent par s’installer à Argenteuil (Val d’Oise), où la communauté italienne est importante.

“Et prenez tous une cuite en pensant à moi !” Cette phrase écrite par Rino Della Negra dans une de ses deux lettres d’adieu, puis effacée, témoigne sa force de caractère. Ce sont les deux historiens Dimitri Manessis et Jean Vigreux qui l’ont rétablie dans la biographie qu’ils ont consacré au jeune résistant (Rino Della Negra. Footballeur et partisan, 2022, éd. Libertalia).