Société | | 06/08
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Saint-Denis : 2 journalistes placés en garde à vue 10 heures avant un reportage sur le Toxic tour

Saint-Denis : 2 journalistes placés en garde à vue 10 heures avant un reportage sur le Toxic tour

10 heures de garde à vue dans une cellule de “4 mètres sur 2”, avec contrôle ADN et interrogatoire, avant d’être relâchés, faute de motif, voilà ce qu’ont subi ce dimanche 28 juillet Patricia Huchot-Boissier et Arnaud Vilette, journalistes, pour avoir rejoint un militant de Saccage 2024 le matin, en vue de le suivre dans une déambulation Toxic tour 2024.

Ce dimanche 28 juillet, vers 10 heures du matin, les photojournalistes Arnaud Vilette (collectif DR) et Patricia Huchot-Boissier (Abaca Press) avaient rendez-vous avec Noah, un militant du collectif Saccage 2024, pour couvrir un “toxic tour”.

Opposé à la tenue des Jeux olympiques en Seine-Saint-Denis, ce collectif militant organise depuis 2023 des “toxic tour”. Des “déambulations ayant pour but de montrer différents lieux des Jeux olympiques, pour documenter les impacts néfastes des grands projets inutiles et imposés”, détaille le collectif dans un communiqué.

Voir notre reportage d’août 2023 : Seine-Saint-Denis : contre les Jeux olympiques, Saccage 2024 fait son “Toxic Tour”

Mais, avant même de commencer la déambulation, un policier civil vient à la rencontre du militant et des journalistes pour un contrôle d’identité, tandis que quatre fourgons de police convergent sur les lieux, selon le témoignage des journalistes. Les reporters montrent leur carte d’agence de presse ou d’accréditation, pour expliquer qu’ils sont là pour faire leur métier de journaliste. “Je me suis entendue répliquer que cela pouvait être des faux”, indique Patricia Huchot-Boissier dans un témoignage recueilli par Reporters sans Frontière (RSF). Voir ci-dessous.

Selon le témoignage des reporters, les policiers fouillent alors le militant qui dispose d’autocollants anti JO. Ils sont alors retenus une heure sur place avant qu’on leur annonce qu’ils vont être embarqués. Le photojournaliste, peu habitué à ce type d’intervention, fait une crise de panique. “La réaction qu’ils ont eue est de me plaquer contre le véhicule, me menotter dans le dos et de me faire rentrer dans le véhicule”, raconte Arnaud Vilette. Les deux journalistes et le militants sont alors embarqués au commissariat de Saint-Denis. “C’est là que j’apprends que le motif retenu est participation à une manifestation illégale en vue de commettre des dégradations”, poursuit le photoreporter. “Ils nous ont enfermés dans une cellule de 4 mètres sur 2 et on a passé la journée, on a eu un contrôle ADN, empreintes, on a encore été photographiés”, enchaîne Patricia Huchot-Boissier. “On m’a retiré mes lacets de chaussures et mes lunettes de vue”, note encore Arnaud Vilette. L’audition se tient l’après-midi, après l’arrivée de l’avocat. “Les questions portaient aussi bien sur mon travail que mes opinions politiques personnelles”, relève le reporter, indiquant que son avocat a fait remarquer que ces questions n’étaient pas appropriées. “Finalement, Patricia Huchot-Boissier s’entend dire “Mais vous n’avez rien à faire ici !” C’est vers 19h-19h30 que les trois personnes interpellées seront relâchées, après un classement sans suite.

“Nous exhortons le ministère de l’Intérieur à faire un rappel aux forces de l’ordre sur les droits particuliers des journalistes de couvrir leurs interventions dans des manifestations, autorisées ou non, conformément au schéma national du maintien de l’ordre (SNMO). Les Jeux olympiques et paralympiques à Paris, tenus en présence de milliers de journalistes français et étrangers, doivent être un moment d’exemplarité pour le respect du droit à l’information de tous“, réagit Pavol Szalai, responsable du bureau Union européenne – Balkans de RSF.

“Cette arrestation relève de l’intimidation contre des citoyen-es qui entendent simplement jouer leur rôle de citoyen-es. Elle est inadmissible et porte atteinte aux libertés fondamentales comme à celle d’informer puisque des journalistes ont également été retenus. Preuve supplémentaire qu’il s’agissait d’une intimidation, seules 3 personnes ont été interpellées de manière totalement arbitraire, le toxic tour s’étant quand à lui poursuivi sans trouble”, dénonce pour sa part le collectif Saccage 2024, qui a décidé de réagir en organisant un nouveau rendez-vous ce jeudi 8 aout à Saint-Denis.

“Pour dénoncer cette grave atteinte à nos libertés, nous organisons un nouveau Toxic Tour. Cette fois axé sur « l’occupation olympique », la police et ses exactions, les expulsions etc. En présence des journalistes placé.es en garde à vue, nous raconterons les récits de violences, de privation de liberté et d’expulsion olympique en parcourant le canal St Denis, devenu symbole”, motive le collectif.

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