Avec sa silhouette massive de 144 mètres de haut, la tour Pleyel est repérable à des kilomètres à la ronde, surplombant la plaine de Saint-Denis. Après six ans de chantier, le bâtiment vieillissant s’apprête à renaître en hôtel quatre étoiles, redessiné par 163 Ateliers et Axel Schoenert architectes. Coup d’œil.
Des centaines d’ouvriers s’affairent dans ses entrailles, la piscine panoramique au 40e étage n’est pas encore remplie d’eau, mais l’ouverture approche à grands pas. Le nouvel hôtel de luxe accueillera ses premiers clients au printemps, juste avant les Jeux olympiques d’été (26 juillet-11 août).
“Nous avons découvert que le Nord-Est parisien a un déficit de plus de 5 000 chambres” d’hôtel, motive Boris Litty, directeur général de la Financière des Quatre Rives, qui supervise le chantier pour le nouveau propriétaire des lieux, la compagnie d’assurance strasbourgeoise Afi Esca. “Comme c’était un gros porteur, nous lui avons adjoint un centre de conférences afin de créer un cercle économique vertueux. Il permet d’attirer les séminaires et colloques internationaux qui remplissent l’hôtel. Et parce qu’il y a l’hôtel, il y aura des séminaires. L’idée est d’avoir fait un outil industriel hôtelier”, détaille le père du projet, qui planche dessus depuis 2007.
Si le travail extérieur est globalement achevé, à l’intérieur, le chantier bat son plein, pour réaliser les espaces dessinés par Axel Schoenert Architectes. Des dalles s’empilent dans les salles en travaux, les faux plafonds ne sont pas encore posés. Montés sur des nacelles, des ouvriers en vestes fluo s’affairent. Pour sa première implantation en France, le groupe allemand H-Hotels va ouvrir dans ces murs un hôtel de 697 chambres, aux tarifs allant de 188 à 1 600 euros la nuit. Bar et piscine avec vue à 360° sur la Seine-Saint-Denis et Paris s’établiront au 40e et dernier étage, juste sous le célèbre logo rotatif géant qui chapeaute la tour Pleyel et lui a valu, selon les époques et les annonceurs, les appellations de “tour Siemens” ou “tour Philips”.
Quatre lignes du Grand Paris Express au pied de la tour
Le nouveau complexe table sur le fait que le quartier, aujourd’hui sans grande cohérence urbaine, s’affirme comme une plaque tournante du Grand Paris. Au pied du gratte-ciel fourmille le chantier de la gare de Saint-Denis-Pleyel où se rejoindront à horizon 2030 quatre lignes du Grand Paris Express, dont la ligne 14 reliant le centre de Paris et Orly, ainsi que la ligne 17 allant à Roissy.
Entre le personnel navigant des compagnies aériennes, les nombreux campus de grandes entreprises implantés à Saint-Denis et les concerts et compétitions sportives du Stade de France tout proche, les promoteurs espèrent un taux de remplissage de l’hôtel de l’ordre de 80%.
Tirant son nom de la manufacture de pianos Pleyel qui la précédait à cet emplacement, l’immense monolithe construit au début des années 1970, à une période où les tours étaient en vogue, n’était à l’origine que l’édifice ouest d’un ensemble prévu de quatre tours similaires. Un projet stoppé net par le choc pétrolier de 1973. Pour se refinancer, le promoteur de l’époque a vendu l’édifice à la découpe. L’acier Corten de sa façade, qui lui conférait sa couleur noire d’origine, a même rouillé avec le temps, lui donnant un aspect décrépi qui a nécessité dans les années 1980 l’installation d’un mur-rideau en guise de cache-misère.
Pour les besoins de la rénovation, la tour a été entièrement vidée et curée. Pendant plusieurs mois, son squelette à nu permettait même de voir au travers. Un décor post-industriel photogénique qui a fait le bonheur de plusieurs clips de rap. Pour son come-back, la tour Pleyel se présente désormais tout de blanc vêtue. “La tour avait une histoire”, explique Sretchko Markovic, l’architecte de la rénovation (163 Ateliers), “nous l’avons un peu customisée mais il fallait rester dans les mêmes idées de départ, car il ne fallait pas qu’on dénature l’objet”.
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