Élections | | 26/06
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Saint-Ouen : règlements de comptes après la candidature d’une élue pour le RN

Saint-Ouen : règlements de comptes après la candidature d’une élue pour le RN © Ville Saint-Ouen

À six jours du premier tour des élections législatives anticipées, l’heure est aussi à la clarification à Saint-Ouen. Lors du conseil municipal du 24 juin, Ludmila Petchenina s’est vue sommée de s’expliquer sur sa candidature dans l’Orne sous l’étiquette RN.

Séance tendue au conseil municipal de Saint-Ouen ce lundi. Dans cette commune qui a rebasculé à gauche avec l’élection du maire (PS) Karim Bouamrane, la révélation par Le Parisien de la candidature de Ludmila Petchenina dans la 3ème circonscription de l’Orne (Normandie) a eu fait l’effet d’une bombe.

Candidate d’extrême-droite

Le fascisme est à nos portes, l’extrême-droite d’ailleurs insinuée jusqu’à l’intérieur de notre conseil municipal“, a fustigé Emilie Lecroq, élue (PCF) du groupe d’opposition “À Gauche” lors de son intervention. “Sa présence est inévitablement légale, mais elle n’est plus légitime dans ce conseil, parce qu’elle salit cette ville (…). Et je remercie les élus de la droite républicaine qui, clairement, se sont démarqués. Aujourd’hui, on a une élue au conseil municipal qui représente de fait l’extrême-droite. Ce qui signifie donc que par rapport aux électeurs, à la ville, à ses engagements, cette élue est une trompeuse, une menteuse et une pourvoyeuse de haine. Donc Mme Petchenina, achetez-vous un peu de décence et démissionnez de ce conseil quitte à vous représenter dans deux ans, en assumant clairement vos idées“, a lâché, quant à lui, Henri Lelorrain.

Jean-Pierre Ilemoine, Joaquim Da Silva, Wilfried Mallet, qui aussi ont été élus en 2020 sur la liste conduite par William Delannoy, se sont déclarés, sur un post Facebook commun du 17 juin, “profondément choqués par la candidature Rassemblement National de Madame Ludmila Petchenina. Les membres de notre groupe Un élan commun pour les Audoniens, ne soutiennent pas cette candidature, que nous apprenons comme vous sur les réseaux sociaux. Madame Petchenina ne fait pas et n’a jamais fait partie de notre groupe politique. Elle était colistière de la liste Saint-Ouen-sur-Seine, une vision commune ! dont nous faisions partie, une liste de centre droit, et pas d’extrême droite“, expliquent-il.

Suspension de séance

Avec gravité, Karim Bouamrane avait ouvert cette séance du conseil municipal de Saint-Ouen en rappelant le contexte politique. “La situation grave appelle à un maximum de responsabilité (…). Rien ne sera plus comme avant“, a-t-il déclaré, en référence au score du RN aux élections européennes et à la dissolution de l’Assemblée nationale. Après avoir appelé tous les élus à se rassembler autour des valeurs républicaines, l’édile a demandé à Ludmila Petchenina de clarifier son positionnement politique.

L’affaire a même provoqué une suspension de séance. “Pour nous, on ne peut pas banaliser l’extrême-droite, donc nous allons sortir pendant l’intervention de Mme Petchenina“, a fait savoir Denis Vemclefs du groupe À Gauche. Après consultations, les membres de la majorité municipale ont en revanche décidé de rester. “Il nous a semblé important dans le contexte politique dans lequel nous sommes de pouvoir rester ici, vous écouter, pour comprendre (…) pourquoi les habitants et les citoyens qui ont voté sur une liste ou vous étiez candidate, après quatre années, [durant lesquelles] il nous semble, vous n’avez pas été claire et précise sur vos motivations politiques, et également parce que nous connaissons aussi le fonctionnement du Front national, parfois ce jeu de la victimisation“, a expliqué Adel Ziane, ancien premier adjoint au maire, élu sénateur en septembre.

C’était bien vous qui étiez à l’origine de cet article

Je suis un peu étonnée par la question de M. Ziane. Est-ce qu’un élu local n’est pas un représentant des habitants pour vous ? Ça a été toujours une évidence. J’ai toujours été à leur écoute avec les tout petits moyens qui m’étaient accordés. En 2020 on a entendu plein d’autres choses que celles qu’on entend aujourd’hui, au vu des promesses électorales que vous avez abondamment diffusées au moment de votre campagne“, a commencé Ludmila Petchinina, avant d’accuser directement le maire qui, selon elle, a “engagé, peut-on dire de manière métaphorique, une armée de juristes pour un budget qui va s’élever à quasiment un demi-million. Je suis très étonnée que vous n’ayez pas pris soin de vous renseigner pour mieux comprendre ma nouvelle évolution politique. Surtout que c’était bien vous qui étiez à l’origine de cet article sorti dans Le Parisien où j’étais obligée d’intervenir pour apaiser les esprits et neutraliser le contexte. Tout était fait par vous et le journaliste…“, a-t-elle lancé.

Aujourd’hui, je me porte donc candidate pour l’union nationale qui a été le fruit de fusion entre le RN et d’une partie des Républicains qui a quasiment cessé son existence. Je me présente dans le département de l’Orne pour la 3ème circonscription qui est une zone rurale qui se sent abandonnée à la merci des politiques pro-européenne“, a confirmé Ludmila Petchinina, invoquant un choix découlant de “la situation exceptionnelle” créée par la dissolution de l’Assemblée nationale. “Je me présente aujourd’hui non pas pour le Front national comme vous l’avez martelé à plusieurs reprises M. Ziane. Nous sommes aujourd’hui dans la situation où les forces politiques de gauche s’unissent sous la nouvelle appellation Nouveau Front populaire, c’est très bien. Mais, il se trouve que la démocratie est indivisible et doit exister pour tout le monde. De leur côté, les forces du centre, de droite, de droite conservatrice que vous appelez extrême-droite, ont aussi décidé de se réunir“, a-t-elle ajouté.

J’ai toujours gardé mon étiquette neutre

Auparavant, la conseillère municipale avait rappelé son “entrée quasiment par hasard au conseil municipal” suite à son intégration au groupe d’opposition conduit par l’ancien maire William Delanoy après la démission de France Multrier. “Je ne suis jamais proposée“, “je me suis retrouvée dans ma propre sensibilité“, “j’ai toujours gardé mon étiquette neutre“, s’est-elle par ailleurs justifiée.

Dans son intervention, Ludmila Petchenina a, par ailleurs, clarifié ses relations avec les élus de son camp. “Personne ne s’attendait, [alors que] toute la France s’apprête à accueillir les athlètes du monde entier, à ce séisme politique. C’est dans ces conditions exceptionnelles que j’ai agi de cette manière. Je n’ai pas pu avertir en temps et en heure mes colistiers. Je les remercie de rester loyaux envers moi. Je comprends qu’ils aient été obligés de clarifier leur propre position (…).

Autant d’explications qui n’ont pas convaincu les élus audoniens. “Mme Petchenina, ma question était très simple. Avez-vous le sentiment d’avoir été en phase avec l’engagement initial de 2020 pour les électeurs et les électrices qui vous ont fait confiance ? Vous n’avez pas répondu à la question“, a ainsi estimé Karim Bouamrane qui a également reproché à la conseillère municipale d’être sortie de la réserve qui s’impose en période électorale en sa qualité de candidate aux élections législatives.

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