Banlieue à l’urbanisme étalé où la voiture reste reine, la Seine-Saint-Denis voit de plus en plus de pistes cyclables fleurir le long de ses routes, un timide développement des mobilités douces accéléré par la tenue des JO-2024.
“La politique cyclable pour les JO en Seine-Saint-Denis, c’est un gros coup de boost pour la création de pistes cyclables (…), ça a fait gagner plusieurs années”, se félicite Louis Belenfant, directeur du Collectif Vélo Île-de-France, qui regroupe des associations d’usagers.
Dans le but de réduire l’empreinte carbone des Jeux de Paris, dont certains des principaux sites sont situés en Seine-Saint-Denis, les organisateurs ont promis que tous les lieux de compétition seraient accessibles en vélo. Un défi en Seine-Saint-Denis, département populaire où le réseau vélo n’a pas le maillage de Paris intra-muros.
Selon une cartographie de l’Institut Paris Région, en 2023 la Seine-Saint-Denis comptait 700 kilomètres de voiries cyclables (tous types confondus) contre 1 100 pour la ville de Paris, et ce malgré une superficie représentant le double de la capitale. La pratique du vélo y est également bien moins répandue.
Mais, dans le sprint final des derniers mois avant les Jeux (26 juillet – 11 août), des pistes cyclables ont poussé le long de certains axes directeurs de Seine-Saint-Denis. Sur la partie du réseau dont il a la charge, le conseil départemental a ainsi procédé pour les JO à l’aménagement de 18 kilomètres de voirie, dont 10,5 en aménagement pérenne et 7,5 en aménagement temporaire. “Nous nous étions déjà mobilisés pendant et au sortir de la crise Covid, qui avait vraiment marqué un boom de la pratique. Là nous nous sommes spécifiquement mis en ordre de bataille pour les JOP pour qu’on puisse se rendre sur chacun des sites olympiques en vélo, au premier plan desquels le Stade de France et le Centre aquatique olympique”, situés à Saint-Denis, détaille Corentin Duprey, vice-président en charge des mobilités au conseil départemental.
Emplois de proximité
Les acteurs du territoire jurent avoir tiré les leçons des “coronapistes”, créées à la hâte durant la pandémie et qui se résumaient souvent à des traces de peinture sur la chaussée. Faute d’avoir trouvé leur public, une partie d’entre elles ont dû être abandonnées dans le département. Comme à Paris, le grignotage de la voirie par les pistes cyclables ne fait pas que des heureux. Au printemps a ainsi été lancée sur internet une pétition demandant un moratoire sur leur installation dans la ville de La Courneuve, qui a réuni 1 500 signatures. Ses initiateurs dénoncent des infrastructures apparues sans concertation et inadaptées aux besoins du territoire. Presque vides de cyclistes, les pistes visées engendrent en revanche de nombreux embouteillages. “Tant qu’on n’aura pas des emplois à proximité, un réseau de transports suffisamment solide, on aura beau mettre des pistes cyclables, ça ne suffira pas pour faire une véritable politique de mobilité douce (…) Les gens nous disent -on a besoin de notre voiture”, dit Amine Saha, conseiller municipal d’opposition (DVG) à La Courneuve.
“Le bagagiste de La Courneuve qui va travailler à Roissy, il n’y va pas en vélo. Il a besoin de sa voiture pour emprunter l’autoroute A1 et aller sur son lieu de travail”, décrit-il. Se défendant de “faire du kilomètre pour faire du kilomètre” de piste cyclable, le conseil départemental met en avant le côté plus qualitatif et sécurisé de ses aménagements de ces dernières années, destinés à amener au vélo de nouveaux publics de Seine-Saint-Denis. “Je ne pense pas qu’il y a un Grand Soir du vélo, estime son vice-président Corentin Duprey. C’est un processus, un chemin, cela ne se fait pas en un claquement de doigts. Nous créons les conditions en termes d’infrastructures et d’offres de stationnement”.
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